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AER : la «justice sociale» selon Xavier Bertrand

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Le sinistre du Travail a annoncé le rétablissement prochain de l'Allocation équivalent retraite pour les chômeurs âgés, insinuant la responsabilité des syndicats quant à sa non reconduction depuis janvier.

Ce matin, au petit-déjeuner, Xavier Bertrand avait mangé de la «justice sociale». L'homme — également affublé de sa casquette de sinistre de la Santé, qui a avoué faire attention à sa ligne et regarder les calories des produits alimentaires qu'il s'apprête à consommer — en a régurgité quelques rots bienfaisants au micro de Jean-Jacques Bourdin sur BFM/RMC.

Il a annoncé que l'AER va être rétablie par un décret qui sera publié dans les jours qui viennent, avec effet rétroactif au 1er juillet. Notez qu'ainsi, six mois d'allocations auront été économisés sur le dos de ceux qui y auraient eu droit depuis le début de l'année... De plus, Xavier Bertrand s'est bien gardé de préciser qu'il va s'agir d'une AER light, vouée à s'éteindre en 2014.

En passant, il a égratiné les «partenaires sociaux», les accusant à demi-mots d'être responsables de la non reconduction du dispositif en raison de leur désaccord sur son co-financement.

Sauf que l'AER, depuis sa création en 2002, a toujours été à la charge de l'Etat. Or, depuis fin 2008, sous prétexte d'inciter les seniors à ne pas croupir dans l'inactivité et donc l'assistanat, l'UMP avait décidé de la supprimer afin d'économiser, à l'époque, quelque 600 millions d'euros par an. Sauf que la crise et la mise au chômage de seniors toujours plus nombreux ont contrecarré son projet : sous la pression des syndicats, l'AER a été provisoirement reconduite en 2009 et en 2010.

Mais en 2011, malgré la crise et un chômage persistants, malgré une réforme des retraites qui condamne des chômeurs âgés à relever de Pôle Emploi plutôt que la CNAV et la promesse de François Fillon, le gouvernement a refusé de céder, négligeant cette «justice sociale» pourtant si chère à son cœur...

C'est une question de gros sous. Le gouvernement, profitant d'une situation qu'il a lui-même créée, a posé un dilemme aux syndicats : Si vous voulez qu'on rétablisse l'AER, alors mettez la main à la poche ! Ce qu'ils ont refusé de faire, la charge de nombreux autres dispositifs, autrefois assumés par l'Etat, ayant déjà été reportée sur des organismes paritaires, eux-mêmes en difficulté financière. Ici, il était question que l'Unedic — dont les comptes sont dans le rouge — supporte désormais une partie de l'AER (et à terme, à force de chantages répétés, qu'elle le fasse entièrement). Même chose pour l'ASS qu'il est question de fusionner avec le RSA : à terme, si le projet aboutit, ce sont les départements et non plus l'Etat qui devraient l'endosser.

A quelques mois des élections, l'UMP tente de passer pour juste et généreuse alors qu'elle n'a cessé de se désengager sur les questions de l'emploi et de la «justice sociale». Elle compte sur la reconnaissance aveugle de citoyens qu'elle a d'abord plongés dans la misère puis finalement "sauvés", tout en faisant porter le chapeau aux syndicats. C'est à une grande leçon d'hypocrisie que nous assistons là.

Nous attendons avec impatience la publication de ce décret et gageons que l'AER sera rétablie selon des modalités restrictives. La CFDT évoque quelque 11.000 bénéficiaires (au lieu de 30.000 !). «Il semblerait, selon Maurad Rabhi de la CGT, que ce nouveau dispositif soit ouvert uniquement aux chômeurs de plus de 60 ans et que ne soient comptés que les trimestres cotisés», alors que les trimestres validés au titre du chômage ou de la maternité, par exemple, étaient englobés. «Si c’est ça, estime le négociateur CGT, ce sera une coquille vide.» Affaire à suivre...

SH


DERNIÈRE MINUTE : L'AER au rabais de Xavier Bertrand s'appellera ATS, pour «allocation transitoire de solidarité», et sera versée à compter de fin novembre avec un effet rétroactif depuis juillet. Xavier Bertrand a souligné que la mesure, qui concernera les chômeurs nés entre juillet 1951 et décembre 1953, déjà au chômage lors de la promulgation de la réforme des retraites (10 novembre 2010), sera entièrement à la charge de l'Etat pour un coût cumulé d'environ 40 millions d'euros jusqu'en 2014 : autrement dit, une paille.
Donc, les chômeurs en fin de droits qui auront suffisamment cotisé mais qui ont moins de 60 ans resteront aux minima sociaux ou tributaires des ressources de leur conjoint(e), et ceux qui se seront inscrits à Pôle Emploi après le 10 novembre 2010 peuvent également aller se brosser.
On est loin, très loin du dispositif initial ! Comme le dit la CGT, c'est vraiment de l'«enfumage».



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Mis à jour ( Samedi, 08 Octobre 2011 00:54 )  

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