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Chiffres de novembre : Bonne année, les chômeurs !

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Le nombre d'inscrits à Pôle Emploi a augmenté pour le 19e mois consécutif. Le mois dernier, toutes catégories confondues, 43.300 nouveaux vrais pigeons ont payé à leur tour le prix fort de «la crise».

«La crise» ? Les crises !
Faut-il rappeler que la dernière que nous avons connue, pudiquement appelée «retournement conjoncturel 2001», avait engendré 450.000 chômeurs de plus en 2002 et 2003 ? Que, fin 2003, notre taux de chômage s'élevait à 10,1% et que le solde des créations nettes d'emploi fut négatif (-73.000, un désastre alors qualifié d'«historique») ?

Selon la définition, une crise est un évènement accidentel, un moment difficile à passer qu'on est censé surmonter. Or, ce n'est pas le cas. Les crises se succèdent à un rythme rapide : à peine va-t-on se retourner qu'une autre se profile. Depuis la dernière qui a pris fin en 2004 — tout en laissant beaucoup de monde sur le carreau —, cinq ans se sont écoulés, et celle-ci dure déjà depuis quatre ans ! Ça devient infernal.

Au début des années 80, Coluche avait dit : «Il paraît que la crise rend les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. Je ne vois pas en quoi c'est une crise. Depuis que je suis petit, c'est comme ça». En effet, «la crise» est devenue permanente, un système à part entière avec ses pénuries (emploi, logement, etc…) qui empoisonnent constamment la vie des gens. Tant et si bien qu'il est légitime de penser que «la crise» est non seulement une imposture, mais un mode de fonctionnement économique sciemment organisé, un formidable outil de pression et de peur évoqué par Naomi Klein dans son livre “La stratégie du choc”.

La France qui voudrait travailler

Comme avant lui Nicolas Sarkozy, François Hollande a fait ce matin une visite surprise à Rungis pour lancer sa «grande bataille pour l'emploi», question de «faire comprendre aux Français que le pays est dirigé»... Un amusant copié-collé qui ne présage rien de mieux.

La seule différence, c'est que Sarkozy se servait de «la France qui se lève tôt et travaille dur», une France qui voulait même «travailler plus pour gagner plus», contre ceux que «la crise» avait malgré eux privés d'emploi : une population qu'il n'a cessé de stigmatiser durant son mandat, comme si culpabiliser les chômeurs créait subitement des postes ! Sinon, à part saluer «une France qui veut travailler» et se donner un an pour inverser la courbe du chômage (alors que Sarkozy l'imprudent, sachant que le ridicule ne tue pas, promettait à la cantonnade des baisses immédiates), Hollande a proféré un discours quasi identique à celui de son prédécesseur...

Atteindra-t-il son objectif ? Nous en doutons. Pour endiguer l'hémorragie, ses contrats aidés, «emplois d'avenir» et autres «contrats de génération» seront loin de suffire : ils équivalent à écoper la mer avec une petite cuillère. Quant à l'accord attendu réformant le marché du travail, ses effets tiennent de l'illusion. Car tout le monde s'accorde pour dire que la courbe du chômage ne s'inversera qu'avec un retour conséquent de la croissance, sachant qu'il faut une progression de PIB annuelle de 1,5% pour le stabiliser, et une progression de PIB supérieure à 2% pour que l'économie commence à créer plus d'emplois qu'elle n'en détruit. Or, ce n'est pas en obéissant à Angela Merkel — qui n'a toujours pas compris que l'austérité tue la croissance — ou au Medef — qui ne jure que par la flexibilité et la baisse du coût du travail — qu'on y arrivera. Si les carnets de commandes des entreprises se vident, c'est parce que le pouvoir d'achat des ménages ne cesse de se réduire et que la précarité, qu'elle soit réelle ou subjective, gangrène leurs projets. Négliger la demande intérieure et l'urgence écologique au profit d'une stupide politique de l'offre basée sur une «compétitivité» dogmatique est totalement suicidaire : les Chinois, eux, l'ont visiblement compris.

En attendant que nos dirigeants reviennent à la raison — si possible avant qu'il ne soit trop tard… — et fassent enfin preuve de compétence, voici notre décryptage mensuel de la dernière note de la Dares/Pôle Emploi.


Catégorie A (chômeurs officiels, sans activité aucune) : +29.300
Ils sont désormais 3.132.600 en métropole, 3.385.700 avec les DOM (+33.000).
Progression annuelle : +10,8% en métropole, +10,5% en France

Certes, la hausse est moins spectaculaire que les mois précédents. Il n'empêche que ce sont 1.000 nouveaux chômeurs par jour que Pôle Emploi continue de recevoir.

Du côté des chômeurs qui sont restés inscrits tout en exerçant une activité réduite, faute d'emploi véritable, on note que la balance penche nettement du côté du temps partiel, voire très partiel :

Catégorie B (chômeurs en activité réduite inférieure à 78h/mois) : +11.100
Ils sont 618.200 en France métropolitaine.
Progression annuelle : +11,4%

Catégorie C (chômeurs en activité réduite supérieure à 78h/mois) : -10.000
Ils sont 866.600 en France métropolitaine.
Progression annuelle : +2,4%

Au total, le nombre des inscrits en catégories ABC — c'est-à-dire l'ensemble des demandeurs d'emploi «tenus d'accomplir des actes positifs de recherche» — a crû de 30.400 en métropole.
Ils sont désormais 4.617.400 en France métropolitaine (+9,2% sur un an) et 4.904.900 avec les DOM (+34.100 sur un mois et +9,1% sur un an).


Passons maintenant aux voies de garage...

Si le volume des prestations occupationnelles et autres CSP continue de progresser, on note que les contrats aidés ne font toujours pas florès :

Catégorie D (chômeurs non disponibles car en arrêt maladie ou en maternité, en stage, formation ou convention de reclassement) : +6.700
Ils sont 267.200 en France métropolitaine.
Variation annuelle : +14%

Catégorie E (chômeurs non disponibles car en contrat aidé) : +2.300
Toujours en France métropolitaine, ils sont 357.300 ainsi occupés.
Variation annuelle : +0,5%

Au total, fin novembre 2012, toutes catégories confondues (ABCDE), le nombre de chômeurs inscrits à Pôle Emploi en métropole s'élève à 5.241.900 (+39.400 personnes sur un mois et +8,8% sur un an). Avec les DOM, on arrive à 5.551.000, soit 43.300 personnes de plus par rapport à octobre.

A ces 5.551.000, il convient d'ajouter les 104.300 "seniors" indemnisés de métropole (chiffre non précisé pour les DOM) bénéficiant toujours de feu la dispense de recherche d'emploi, non catégorisés.
Ainsi, on dépasse 5,65 millions d'inscrits.


Dans le détail...

L'ancienneté moyenne des inscrits des catégories ABC de métropole augmente légèrement à 474 jours (contre 457 il y a un an), soit 16 mois. La moyenne d'inscription des sortants remonte à 254 jours (246 le mois dernier, 248 il y a un an).

A noter que la durée moyenne d'inscription des sortants en ABC est de 144 jours pour les moins de 25 ans, contre 438 jours pour les plus de 50 ans.

Du côté des chômeurs de longue durée, ils sont désormais 1.797.900 rien que dans les catégories ABC de métropole (+22.100 en un mois), 1.944.100 avec les DOM (+23.800), auxquels on peut rajouter les 357.000 chômeurs de catégorie E et les 104.000 seniors en DRE. Ainsi, le volume des "DELD" — comme on les appelle — dépasse 42% de l'ensemble des inscrits à Pôle Emploi.

En glissement annuel, le volume des inscrits depuis plus d'un an a augmenté de 12,1%. Celui des inscrits depuis plus de 3 ans — enkystés dans la crise depuis 2009 — a progressé de 19,8%.

Parmi eux, toutes catégories confondues, 789.700 perçoivent le RSA (+17.300 sur un mois et +12,3% sur un an) et 367.500 perçoivent l'ASS (chiffres Unedic du mois d'août, +7,8% sur un an).

Du côté des seniors, les inscriptions de chômeurs de plus de 50 ans dans les catégories ABC de métropole se poursuivent : +9.400 par rapport à octobre.
Ils sont 987.100 dont 513.700, soit 52%, sont des femmes.
Progression annuelle : +15,6% (et +17,5% pour les seniors de catégorie A, sans aucune activité).

En comparaison, les moins de 25 ans en ABC sont 695.700 (+9,1% sur l'année).

Du côté des sorties, on note un retour des «cessations d'inscriptions pour défaut d'actualisation» (+4.200 pour un total de 198.000) et des «autres cas» (+4.200 pour un total de 50.500), tandis que les radiations administratives restent stables (-100 pour un total de 37.500). Ces trois motifs représentent 63,1% du volume des sorties.

Du côté des entrées, les fins de CDD et de mission d'intérim représentent à elles deux 31,3% des motifs.

Du côté des offres, on peine à y croire : en novembre, Pôle Emploi en a subitement collecté pile-poil 40.000 de plus ! Soit 286.100, contre 246.100 le mois dernier. Sauf que les emplois dits "durables" (plus de 6 mois) ne représentent que 40% du total, le reste étant "temporaire" ou "occasionnel".

Et sur le compteur d'offres en ligne du site pole-emploi.fr, c'est la bérésina : il en affiche bravement 105.674 (le mois dernier à la même date, il en affichait près de 117.000, et 150.000 le mois d'avant)... Sachant qu'environ 20% des offres du marché passent par Pôle Emploi, on imagine le volume total disponible en comparaison du nombre de chômeurs à satisfaire.


Alors, tâchez de ne pas trop vous en faire et mettez à profit votre temps libre — qui est, contrairement à ce que vous pensez, votre bien le plus précieux — pour vous cultiver, lire, vous informer… et réfléchir. Si besoin, ces quelques rubriques qui pourront vous aider :
VIVRE LE CHÔMAGE pour en finir avec la culpabilité
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Hauts les cœurs, et à l'année prochaine pour de nouveaux chiffres déplorables !

SH

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Mis à jour ( Vendredi, 28 Décembre 2012 00:28 )  

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