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Le retour de Xavier Bertrand

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Succédant à Eric Woerth, son "ami de longue date", l'homme nous promet de "mettre en œuvre tous les outils qui existent pour faire baisser le chômage et le faire baisser de manière durable".

Privés d'emploi, gare à vous ! Car ce ministre, à l'instar de nombre de ses prédécesseurs, ne prétendra lutter contre le chômage qu'en faisant la guerre à ceux qui en sont victimes. Tous les moyens seront bons. Pour ne citer que "les outils" les plus courants : durcir les règles, accentuer le flicage afin de favoriser les radiations, escamoter davantage de chômeurs dans les catégories non officielles... "L'obligation de résultat" passera essentiellement par ces méthodes; mais peut-être en inventera-t-il de nouvelles.

Car Xavier Bertrand le dit implicitement : "faire baisser le chômage" n'est pas augmenter les emplois. Or, s'il y a du chômage, c'est parce que l'emploi manque. C'est donc sur ce levier qu'il faut d'abord agir : pas besoin de sortir de St Cyr pour le comprendre. Or, dans sa promesse, bien qu'il soit ministre du Travail, de l'Emploi et de la Santé — car, c'est bien connu, le travail c'est la santé… du capital —, il n'avance aucune mesure sérieuses visant à favoriser la création d'emplois dignes de ce nom ou à préserver les emplois existants.

Pour l'UMP, défendre l'emploi n'est pas une priorité

L'Etat, premier employeur de France, est aussi le champion des destructions de postes puisqu'il en a encore supprimé 34.000 cette année, prévoit d'en supprimer 100.000 entre 2011 et 2013 et que, selon les estimations de FO, quelque 500.000 emplois publics auront été détruits entre 2007 et 2012 pour une économie dérisoire (500 millions d'euros par an en moyenne, alors que le bouclier fiscal lui en coûte 700). Signe qu'il n'a pas l'intention de modifier ses plans, le gouvernement vient d'officialiser par décret le licenciement des fonctionnaires. Donc, pour l'UMP à la tête de l'Etat, le maintien de ses emplois — même en temps de crise — n'a jamais été à l'ordre du jour, et cela ne changera pas.

D'ailleurs, le bilan Sarko/Fillon du "travailler plus pour gagner plus" qui voulait "faire la peau aux 35 heures" est vraiment pathétique, se traduisant par une explosion de l'emploi en miettes qui ne permet pas de vivre : plutôt que de maintenir ses emplois pérennes et à temps plein, l'Etat-UMP a préféré financer 520.000 contrats aidés en 2010 (des jobs essentiellement sous-payés, à temps partiel et sans avenir) dont 400.000 dans le secteur non-marchand (pour la plupart en remplacement de postes supprimés dans le public), le tout pour un coût de 2,5 milliards d'euros.

Quand à intervenir auprès des entreprises, notamment celles du CAC 40, afin qu'elles fassent preuve de "patriotisme économique", cessent de détruire des emplois en France et proposent des salaires décents, compte là-dessus et bois de l'eau ! L'UMP, adepte du libéralisme économique mondialisé, a de bonnes raisons de ne pas lutter contre le chômage, contrairement à ce qu'il prétend.

Au bonheur du Medef

Revenons à Xavier Bertrand. Il fut déjà ministre du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité dans les gouvernements Fillon I et II de 2007 à 2009, où on le chargea d'un important ensemble de réformes "sociales" dont celles du service minimum, des retraites et des régimes spéciaux, sans oublier sa "modernisation du marché du travail" qui, notamment, instaura la rupture conventionnelle chère à Laurence Parisot et dont on connaît le succès... Fervent défenseur du travail domical, cet ancien agent d'assurances fut précédemment ministre de la Santé sous le gouvernement Villepin — vous savez, l'homme qui instaura le suivi mensuel personnalisé, le "contrat nouvelles embauches" ou le bouclier fiscal… — où il s'employa à dépouiller un peu plus la Sécu.

Quelle impression Xavier Bertrand nous a-t-il laissée ? Quand on retrouve quelques éléments de son passage — ses lois poudre-aux-yeux sur la participation et l'intéressement ou sur la facilitation du cumul emploi retraite, voire ses idées saugrenues sur l'emploi des seniors —, on se souvient qu'il fait partie des chantres d'une "modernité" synonyme de régression. Que, pour cet homme, les chômeurs ont surtout des devoirs, contrairement aux entreprises qui ont tous les droits. Que les chômeurs méritent d'être contrôlés et sanctionnés, alors que les entreprises qui les licencient doivent être "incitées", non "pénalisées". Que l'Etat-providence doit absolument réduire les largesses qu'il prodigue aux "assistés", tandis que l'Etat vache-à-lait et notre système de protection sociale sont là pour faire des cadeaux aux entreprises, sans contrepartie sur l'emploi.

On se souvient qu'en tant que secrétaire général de l'UMP, droit dans ses bottes comme ses collègues, dans un style proche de Frédéric Lefebvre, il ne manqua pas d'afficher avec aplomb son aveuglement face à la crise.

C'est donc ce ministre que nous allons supporter jusqu'en 2012.

SH

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Mis à jour ( Mercredi, 17 Novembre 2010 01:14 )  

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