Rappelons que début janvier le ministre délégué au Budget Jean-François Copé avait précisé que cette hausse serait de 5,5%.
Arlette Laguiller, porte-parole de Lutte Ouvrière, dénonce une "manoeuvre grossière" du Premier ministre sur le SMIC, estimant qu'il a voulu "donner un coup de pouce au oui", avec son annonce "aussi vague que précipitée" d'une augmentation de 5%. "La manoeuvre est tellement grossière qu'elle ne changera pas le sens du vote de ceux qui, si l'on croit les sondages, sont majoritaires à vouloir dire non à cette constitution réactionnaire", a-t-elle ajouté.
Dans cet entretien, Jean-Pierre Raffarin affirmait également que "la courbe" du chômage est "clairement à la baisse" et que la France se dirige vers une réduction "significative" du nombre de demandeurs d'emploi.
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Commentaires
par Corinne Lhaïk - L'EXPRESS du 16/05/2005
Le sujet est à la fois banal et inquiétant : pourquoi le chômage, qui touche 10,2% de la population active, ne baisse-t-il pas ?
Malgré une croissance non négligeable en 2004 - 2,5% - l'économie française n'a guère créé d'emplois l'an dernier. Seulement 17.200. La mécanique est-elle sérieusement grippée ou s'agit-il d'un simple retard à l'allumage ? La question taraude Jean-Pierre Raffarin et le Premier ministre a dû renoncer à cet engagement précis de faire reculer le taux de chômage de 10% cette année : il atteint 2,487 millions de personnes (fin mars) ; cela impliquerait de réduire ce nombre de 248.000.
Les économistes avancent trois explications à l'apathie actuelle. La première est relativement rassurante : il y aurait, comme toujours, un simple décalage dans le temps entre reprise de l'économie et de l'emploi. Quand l'activité redémarre - c'est le cas au premier semestre 2004 - les entreprises attendent pour embaucher. Dans un premier temps, elles fournissent plus avec des moyens humains identiques : elles font des gains de productivité. Ce phénomène, classique, a donc joué à plein l'an dernier. Il a été accentué par le fait que «les licenciements avaient été modérés pendant le ralentissement conjoncturel de 2003 ; les entreprises avaient donc de la marge, souligne Michel Didier, qui dirige l'institut de conjoncture Rexecode. Alors que les précédentes crises, au début des années 1980 puis 1990, avaient été violentes, entraînant, chaque fois, la perte de quelque 500.000 emplois».
L'effet pervers de la baisse des charges
Plus pessimiste, Laure Maillard, économiste chez Ixis CIB, ajoute une circonstance aggravante : le manque de visibilité croissant de l'économie. «Nous sommes toujours dans les suites de l'explosion de la bulle Internet, dans un contexte où l'on n'arrive pas à anticiper une croissance durable. Avec un euro fort et un prix du pétrole durablement élevé.»
La deuxième raison de la panne actuelle est plus structurelle : aujourd'hui, la croissance serait moins «riche en emplois», comme disent les économistes. A la fin des années 1990, il suffisait que le produit intérieur brut (PIB) progresse de 1,5% par an pour créer de nouveaux postes [et de 2% pour que le chômage commence à baisser]. Ce seuil se situerait aujourd'hui autour de 2% [2,5% pour le recul du chômage]. L'explication vient de la politique de baisse des charges sociales patronales. «Dans un premier temps, elle a permis de réduire le coût d'un salarié payé au Smic et favorisé leur embauche : à croissance égale, on a donc créé plus d'emplois. Mais, ensuite, cette politique a servi à compenser le surcoût des 35 heures pour les entreprises (gouvernement Jospin), puis celui de la hausse du Smic décidée par son successeur», commente Michel Didier. La mesure est devenue défensive et non plus offensive : elle a cessé de susciter de nouveaux jobs.
La troisième cause de plafonnement du chômage tient à la baisse des emplois publics aidés : 302.000 fin 2004, pour 381.000 fin 2003 et 483.000 fin 2002. L'évolution de ces chiffres permet de mesurer les hésitations de la politique de l'emploi du gouvernement Raffarin : à son arrivée, en mai 2002, il a voulu dégonfler la sphère de l'emploi public et a décidé, notamment, de ne pas renouveler les emplois-jeunes du gouvernement Jospin.
Changement de cap
Le dispositif de remplacement, le contrat jeune en entreprise (destiné au privé), n'a pas rencontré le succès escompté. Après l'échec aux élections régionales de 2004, Jean-Pierre Raffarin change de cap et mise de nouveau sur l'emploi public avec le plan de cohésion sociale lancé par Jean-Louis Borloo. Mais on attend toujours que la mesure phare, le contrat d'avenir, soit opérationnelle. Dans l'intervalle, les formules existantes (contrats emploi-solidarité et contrats emploi consolidé) font moins recette. Et le nombre d'emplois-jeunes continue de diminuer.
Voilà pour le passé. L'année 2005 réserve-t-elle au moins de bonnes surprises ? «Les entreprises ont utilisé le surplus de main-d'œuvre dont elles disposaient et sont maintenant en état d'embaucher», estime Xavier Timbeau, directeur du département analyses et prévisions de l'OFCE. Mais auront-elles besoin de le faire? La stagnation de la production industrielle au premier trimestre résonne comme un mauvais signal. En revanche, le gouvernement peut tabler sur la mise en place des contrats d'avenir. Même si ce dispositif s'analyse plus comme un pansement social que comme une véritable création d'emplois, il a le mérite d'être efficace sur les chiffres du chômage.
Et si cela ne suffisait pas ? Et si la France était confrontée à une destruction massive d'emplois industriels ? C'est l'inquiétude de Jean-Pierre Raffarin, nourrie par ses récents déplacements en province, notamment en Haute-Savoie ; le Premier ministre a demandé à tous les préfets un point précis sur les licenciements économiques, les plans sociaux et l'évolution des emplois industriels. Car il n'est guère satisfait des discours de la communauté économique sur ce thème. Il les juge lénifiants. Mais il n'ose plus faire de prévisions et se contente de celles des autres, de l'OFCE, par exemple, qui prévoit une baisse du chômage à 9,5% à la fin de 2005. Mais un taux encore si élevé est-il satisfaisant ? Répondre | Répondre avec citation |