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Chômage de mai : ça ne baisse toujours pas !

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17.700 inscrits de plus en catégorie A, 21.700 chômeurs supplémentaires dans les catégories B et C : heureusement que ce soir, Christine Lagarde et Martine Aubry occupaient le devant des JT.

En ces journées de grande chaleur, nous saluons l'humour de l'AFP qui titre ainsi sa dépêche : «La détérioration du chômage en mai fait l'effet d'une douche froide». En effet, après quatre mois d'une baisse toute relative portée par des indicateurs économiques tronqués — voir la vidéo explicative de L'Expansion en fin d'article —, le chômage est reparti à la hausse, et pas qu'un peu !

Catégorie A (chômeurs sans activité aucune) : +17.700
Ils sont 2.686.800 en France métropolitaine, 2.919.000 avec les DOM.
Même si la variation est infime, de +0,3 à +0,9% en glissement annuel, on ne note aucun recul.

Minimisant ce piètre résultat, le ministre du Travail Xavier Bertrand a rappelé que le nombre de demandeurs d'emploi officiels a tout de même baissé de 35.700 depuis janvier : on peut dire que ça nous fait une belle jambe.

Quant aux chômeurs qui acceptent des petits boulots faute d'un emploi véritable, leur nombre ne cesse de croître...

Catégorie B (chômeurs en activité réduite inférieure à 78h/mois) : +3.700
Ils sont 551.800 en France métropolitaine.
Progression annuelle : 6,3%.

Catégorie C (chômeurs en activité réduite supérieure à 78h/mois) : +18.000
Ils sont 839.900 en France métropolitaine.
Progression annuelle : 15%.

Vive la précarité !

Au total, le nombre des inscrits en catégories ABC — c'est-à-dire l'ensemble des demandeurs d'emploi «tenus d'accomplir des actes positifs de recherche» — a bondi de 39.400 en métropole, atteignant son plus haut niveau depuis la crise de 2008.
Ils sont désormais 4.078.500 en France métropolitaine, 4.341.400 avec les DOM.
La progression annuelle oscille autour de 4%.

Catégorie D (chômeurs non disponibles car en arrêt maladie ou en maternité, en stage, formation ou convention de reclassement) : -6.300
Ils sont 228.400 en France métropolitaine.
Le recul dans cette catégorie depuis quelques mois (-11,6% en glissement annuel) indique que les promesses de formations du gouvernement ne sont absolument pas tenues.

Catégorie E (chômeurs non disponibles car en contrat aidé) : +800
En France métropolitaine, ils sont 351.700 ainsi occupés.
Loin des performances de l'année dernière, la progression annuelle s'élève à 4,2%.
On rappelle que les nouveaux contrats promis par Nicolas Sarkozy sont actuellement bloqués : le robinet devrait à nouveau s'ouvrir à la rentrée afin d'améliorer comme par magie les chiffres du chômage juste avant les élections (Xavier Bertrand en évoque 100.000).

Au total, toutes catégories confondues (ABCDE), le nombre de chômeurs inscrits à Pôle Emploi en métropole s'élève à 4.658.600 (+3% sur un an). Avec les DOM, on arrive à 4.944.100 (+3,3% à l'année), soit 34.800 personnes en plus par rapport à avril dans toute la France.

N'oublions pas de rajouter les 234.300 seniors indemnisés de métropole (chiffre non précisé pour les DOM) bénéficiant d'une "dispense de recherche d'emploi" ou DRE, non catégorisés. Avec ça, la barre des 5 millions est largement franchie.

Dans le détail...

Seniors : par rapport à avril, on note un généreux apport de 9.900 chômeurs de 50 ans et + dans les catégories ABC.
Ils sont 786.200 rien qu'en métropole, dont plus de la moitié (407.600) sont des femmes.
Progression annuelle : 14,1%.

Chômeurs de longue durée : ils sont maintenant 1.544.400 dans les catégories ABC en métropole (soit 12.100 de plus par rapport à avril) et 1.673.600 avec les DOM. Pour parfaire le tableau, on peut rajouter les 350.000 inscrits en catégorie E (contrats aidés) et les 234.000 seniors en DRE.
Leur proportion dépasse donc largement 40% de l'ensemble des inscrits à Pôle Emploi.
Toujours en ABC, leur progression annuelle frôle les 11%. Elle dépasse 31% pour ceux qui sont sans emploi depuis 2 à 3 ans, et 18% pour ceux qui sont sur le carreau depuis plus de 3 ans : c'est "l'effet crise"...
Enfin, toutes catégories confondues, ils sont 693.600 à percevoir le RSA (soit 14.300 de plus sur un mois).

Chômeurs indemnisés : hors formation, toutes catégories confondues, ils sont 1.955.900 à percevoir une allocation au titre de l'assurance chômage (+2,9% sur un an) et 315.200 à bénéficier d'un régime de solidarité de l'Etat (ASS, AER… +15% sur un an).
Reste le grand trou noir des chômeurs en fin de droits sortis du régime, dont on ne parle plus. A la louche, sur la base des années précédentes, leur nombre doit avoisiner 700.000.

Entrées et sorties : les fins de CDD (+8% sur un an) ou de mission d'intérim (+6,1%) ne mollissent pas et représentent 31% des entrées.
Les reprises d'emploi déclarées (96.000 seulement), entrées en stage (27.800) et arrêts de recherche pour maladie, maternité ou retraite (36.000) ne représentent que 35,5% du total des sorties de Pôle Emploi dans les catégories ABC. Le reste — 64,5% — est englobé dans les «cessations d'inscriptions pour défaut d'actualisation» (200.100, en hausse de 3,3% par rapport à avril), les radiations administratives (36.800, une baisse inattendue de 23,5% sur un mois) et les «autres cas» (53.700). Au total, en mai, bien que Pôle Emploi ait visiblement levé le pied, 290.600 personnes sont ainsi sorties des listes.

Ancienneté et durée d'inscription : on note une légère amélioration.
L'ancienneté moyenne des inscrits des catégories ABC est de 451 jours, soit un de plus qu'en avril (ce qui n'en demeure pas moins un record depuis dix ans). Quant à la moyenne d'inscription des sortants, elle est de 239 jours soit 6 de moins sur le mois : c'est son premier recul depuis trois ans.

Offres : en mai, Pôle Emploi n'a collecté que 288.700 offres, DOM compris (+6,3% sur un an). Comme d'habitude, elles sont essentiellement «temporaires» (1 à 6 mois) ou «occasionnelles» (moins d'un mois), tandis que moins de la moitié est considéré comme «durable» (plus de 6 mois).
Et ce soir, le compteur de pole-emploi.fr affiche bravement 225.701 offres en ligne.


Alors… véritable alerte, ou simple incident de parcours ? Le gouvernement redoute la réédition du scénario de 2010, disent Les Echos : à quelques bons chiffres avaient succédé de mauvais et, au final, la situation de l'emploi s'était aggravée. Même en tablant sur un taux de chômage ramené à 9% fin 2011, celui-ci restera dramatiquement supérieur à son niveau d'avant-crise (7,2% début 2008). Ceux qui osent prétendre qu'on en est enfin sortis sont des imposteurs.

Pour conclure, nous vous laissons méditer sur cette analyse d'Emmanuel Lechypre, journaliste économique qu'on ne peut qualifier de gauchiste...


La note de la Dares/Pôle Emploi de juin 2011 à télécharger en pdf

SH

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