Actu Chômage

Selon une étude de l'IFOP publiée aujourd'hui par le quotidien La Croix, le pouvoir d'attraction du Front National auprès des privés d'emploi n'a cessé de grandir depuis un an.

La droite "classique" (UMP et UDF) ne séduit que 21,7% des chômeurs et 25,9% des salariés, tandis que la gauche conforte son implantation dans le monde du travail : à son niveau le plus élevé sur ces huit dernières années, le taux de proximité envers le Parti Socialiste affiché par les salariés s'est établi à 32,5% et à 29,2% chez les demandeurs d'emploi.
Mais le Front National continue d'attirer cette population : il recueille 11,5% de proximité affichée chez les chômeurs (contre 7,4% en 2000) et 9,7% chez les salariés (contre 7% il y a cinq ans). De plus, le pouvoir de pénétration du FN est particulièrement fort dans les milieux ouvriers : 17,2% pour les chômeurs et 15,7% pour les travailleurs.

Sans surprise

Le résultat de cette étude n'a rien de surprenant, et le contexte politique & social actuel ne fera qu'amplifier le phénomène. Car d'un côté nous assistons à une accentuation des contrôles + sanctions envers les demandeurs d'emploi doublé d'un accroissement de la précarisation professionnelle. Et de l'autre, à un étalage sans vergogne des passe-droits et autres privilèges inadmissibles tolérés pour ceux "d'en haut". A ces injustices vient se greffer une non-représentativité patente qui ne fera qu'attiser le "vote protestataire" en 2007.

Notons aussi - c'est révélateur - que Jean-Marie Le Pen a bien compris qu'il avait beaucoup à "gagner" de ce côté-là : c'est sans doute pour cette raison qu'il n'a pas hésité à répondre à nos questions (le président du FN était notre "Invité du mois" de mai). Les leaders des "grandes formations" seraient bien inspirés d'occuper le terrain. Malheureusement, nous avons déjà essuyé une réponse négative de François Bayrou (pour l'UDF) et il est à craindre que d'autres fins de non-recevoir suivent du côté de l'UMP et du PS, l'attitude des uns renforçant l'impact des autres...
Plus de 20 ans après la première percée électorale de Le Pen se pose toujours la même question : sont-ce les thèses du Front national qui séduisent réellement ses électeurs, ou l'attitude souvent dédaigneuse des hommes politiques à l'endroit des plus démunis qui les incite à voter pour lui ?