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Accueil Social, économie et politique Le chantage à l'emploi des évadés fiscaux

Le chantage à l'emploi des évadés fiscaux

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Des entreprises américaines possédant des comptes offshore bien garnis proposent à Washington de rapatrier leurs fonds pour créer des emplois contre une relaxe fiscale.

Incroyable ! En termes d'immoralité, les Etats-Unis ne se lassent pas d'innover. Ces champions de la dérégulation financière et de la "main invisible du marché", du dumping social qui scie la branche, du consumérisme à outrance, de la malbouffe et de la destruction de la planète, inventeurs des subprimes qui ont déclenché la plus grande crise financière, économique, sociale et morale depuis 1929, continuent d'afficher une désarmante irresponsabilité.

On a eu Barack Obama qui, oubliant que le poison distillé par les subprimes est directement responsable de la crise de la dette dans la zone euro, prétendait sans vergogne nous donner des leçons d'efficacité (un peu comme les Américains aiment à dire qu'ils ont libéré l'Europe du nazisme alors qu'Hitler n'aurait jamais été élu sans le krach de Wall Street. En toutes circonstances, le rôle du pompier pyromane est celui qui leur sied le mieux).

On a maintenant de grandes entreprises américaines comme Pfizer, Apple, Microsoft, Google et Cisco qui, après avoir planqué dans des paradis fiscaux un trésor de guerre dont elles ne savent que faire, proposent aux autorités de Washington d'aménager le code fiscal pour pouvoir rapatrier ces fonds sans acquitter une trop lourde facture : c'est dans l'intérêt du pays, argumentent-elles, pour investir et créer des emplois aux Etats-Unis. Ainsi inaugurent-elles un chantage à l'emploi d'un nouveau genre...

La candeur des sociopathes

Cinq ans après le début de la crise, les voici qui se réveillent ! Mais ce soudain élan de "patriotisme économique" ne va pas sans contrepartie. Après avoir volé leur pays (certes, en toute légalité), elles plaident l'indulgence. On se croirait face à un escroc qui promet de revenir dans le droit chemin — on pense à la fable du scorpion et de la grenouille — et faire une bonne action moyennant sa relaxe. Une repentance dénuée de scrupules, digne d'un enfant aussi inconscient que mal élevé (effectivement, ces "valeurs" leur ont été inculquées. Les Etats-Unis sont un mauvais parent qui fabrique ses propres monstres)… ou d'un adulte immature et sociopathe (car leur empathie a mis cinq ans pour se manifester, leur ressenti de culpabilité s'avère somme toute assez léger, leur irrespect des règles et des normes sociales reste vivace, et leur dédain de la faute commise s'exprime bel et bien à travers sa rationalisation via des excuses plausibles).

En effet, si elles rapatrient leurs fonds, ils pourraient être taxés à 35%. Elles font donc valoir qu'une exemption fiscale pourrait entraîner la création de 3 millions d'emplois aux Etats-Unis. Imparable !

Selon l'ONG Tax Justice Network, à l'échelle mondiale, le volume des actifs financiers détenus par des particuliers fortunés et leurs familles, dissimulés dans des paradis fiscaux, atteindrait entre 17.000 et 25.500 milliards d'euros. Logiquement, celui des actifs dissimulés des entreprises pèserait le double. Pour les Etats-Unis, le volume de trésorerie des entreprises américaines parquées à l'étranger est (sous)estimé à 1.000 milliards de dollars, soit plus de 820 milliards d'euros. Le phénomène est particulièrement répandu dans les groupes riches en actifs intangibles : "Toute entreprise qui a de la propriété intellectuelle, que ce soit des logiciels ou un brevet de médicament, a la possibilité d'en assigner la propriété à une filiale étrangère basée dans un paradis fiscal", explique le directeur de l'organisation militante Citizens for Tax Justice. Dans le cas d'Apple, "pratiquement tout l'argent qui est à l'étranger n'a jamais été taxé par qui que ce soit", assure-t-il.

Un système pervers qui contient les germes de sa faillite

Au lieu de pointer la sociopathie des contrevenants, des chantres du néolibéralisme continuent de flatter leurs bas instincts en accusant une fiscalité trop dure qui dissuaderait les entreprises de bien se comporter. D'autres pointent, a contrario, l'abondance des niches et l'injustice d'un code fiscal qui permet aux mieux lotis d'échapper à l'impôt en toute légalité (le même problème se pose partout, y compris en France). Tout ceci est le résultat d'une contre-révolution fiscale qui s'est opérée dans les années 90 et, se répandant de par le monde, a atteint son objectif : baisser par de multiples moyens les impôts des plus riches, ménages comme entreprises. A cela, rajoutons l'hégémonie d'un capitalisme fou ayant encensé les excès et l'immoralité.

Les dégâts sont considérables et faire marche arrière ne sera pas aisé.
Pauvre Roosevelt qui doit se retourner dans sa tombe ! Et pauvres de nous...

SH

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Mis à jour ( Jeudi, 06 Septembre 2012 22:11 )  

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