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Du traitement politico-médiatique de la crise

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Cachez-moi cette crise que les Français ne sauraient voir !

Les Français sont sûrement le peuple qui a le moins conscience de la gravité de la crise. Non pas parce que la France est moins touchée que les autres mais parce que, depuis le début, médias et dirigeants donnent l'impression de vouloir la fuir et se réfugier dans le nid douillet du déni de réalité et de l'auto-persuasion sur les signes d'une reprise imminente. Avec un calcul politique simple à la clé : les gens seront moins tentés de protester et de se rebeller dans les urnes s'ils la sous-estiment.

Comme l'ensemble de la zone euro, la France a en effet été touchée plus vite et plus fort que la moyenne, selon les données de l'INSEE. Mais elle se distingue des autres pays par un traitement politico-médiatique très particulier. A peine la France était-elle entrée en crise qu'il fallait démontrer qu'elle était sur le point d'en sortir. Encore un peu et la reprise devançait la crise...

Cela s'est traduit concrètement par une première attitude de déni. Encore en octobre, le gouvernement misait sur 0,5% de croissance pour 2009 alors que le krach boursier avait débuté et que, chaque jour, des banques faisaient faillite. Cette attitude de déni n'a d'ailleurs jamais vraiment disparu : en témoigne la fâcheuse habitude du gouvernement de minimiser les chiffres du chômage (64.000 en mars, ce n'est "pas catastrophique", selon Christine Lagarde) et de toujours nous vendre des prévisions de croissance surestimées, avant de les revoir à la baisse piteusement ensuite. Aujourd'hui, nous en sommes à - 3% annoncé pour 2009 alors que le FMI donne des chiffres plus mauvais encore depuis le mois de janvier ! Il est toujours frappant de voir que, dans les autres pays, les gouvernements disent beaucoup plus vite la vérité aux populations.

Le gouvernement a donc à l'évidence mis au point une stratégie de communication bien rodée. Chaque mois, quelques jours avant l'annonce officielle des chiffres du chômage, le duo Laurent Wauquiez/Christine Lagarde nous ressort son petit numéro. Cela commence par une confidence adressée par l'un à un journaliste : "J'ai bien peur que les chiffres du chômage ne soient pas très bons ce mois-ci…", puis une fourchette nous est donnée par l'autre : "A mon avis, il y aura entre 60.000 et 70.000 chômeurs de plus ce mois-ci". Enfin, le chiffre officiel tombe : 64.000 en mars, que Madame Lagarde a beau jeu de minimiser : "Ce n'est pas bon, mais nous sommes plutôt dans le bas de la fourchette". Et chaque mois ce petit duo trouve de bons journalistes bien dociles pour relayer tels quels, sans analyse, ces échanges.

Les médias jouent en effet un rôle primordial dans la perception de la crise par les Français. Alors que l'ensemble des médias du monde relaient les mauvaises nouvelles qui chaque jour s'accumulent et tentent, pour certains d'entre eux, d'en analyser les causes, les médias français préfèrent prendre la crise du bon côté : "Système D, comment les Français s'en sortent face à la crise", "Les bons plans de la crise", "Les secteurs qui embauchent malgré la crise", "Comment profiter de la crise ?" : voilà les sujets qui intéressent nos émissions de reportage et les journaux télévisés !

Cerise sur le gâteau, les "signes de la reprise". En France, nous avons en effet la chance incroyable de connaître la crise la plus courte de l'histoire et du monde. Dès la fin de l'année 2008, alors que la crise financière faisait rage et que ses conséquences économiques et sociales commençaient à se faire sentir, il fallait trouver des "signes de la reprise" ! Encore en début de semaine, on nous assurait que plusieurs clignotants étaient repassés au vert avant qu'une avalanche de mauvais chiffres ne vienne doucher ces espoirs imprudents, et surtout ridicules. La reprise est d'ailleurs si proche que le gouvernement français a refusé de rendre public les résultats des "tests de résistance" qu'ont dû passer les banques, à la différence du gouvernement américain qui a joué la transparence...

Il faut dire la vérité : la crise est, bien sûr, d'une gravité sans équivalent depuis 1929 au moins. La contraction du commerce mondial est d'une ampleur inédite. La récession mondiale est très brutale, et la zone euro est la région du monde la plus touchée avec le Japon.
La montée du chômage n'en est qu'à ses débuts. Beaucoup d'économistes craignent même qu'une nouvelle crise financière plus violente ne se déclenche dans les mois qui viennent, sous l'effet de l'explosion de bulles plus dévastatrices encore que celle des subprimes. La bulle des CDS (credit default swap), estimée à 60.000 milliards de dollars, menace.

Il est préférable d'affronter la réalité plutôt que de la nier ou de se rassurer sans fondement. C'est le seul moyen pour prendre les mesures qui s'imposent, celles qui permettront de changer réellement le Système : sortie du libre-échange débridé et affirmation d'un protectionnisme raisonnable, reconstruction en Europe des états démantelés par Bruxelles, suppression des instruments de spéculation financière, sortie du carcan de l'euro et liberté monétaire, pour n'en citer que quelques unes.

(Source : Le vrai débat)
Mis à jour ( Jeudi, 21 Octobre 2010 13:11 )  

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