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Accueil Social, économie et politique Au gouvernement, l'emploi, c'est une affaire qui marche !

Au gouvernement, l'emploi, c'est une affaire qui marche !

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Suite à la sévère défaite de l'UMP aux municipales et aux cantonales, François Fillon a procédé à des petits «ajustements» gouvernementaux qui se traduisent par une mini-vague de recrutement.

Dans la tradition novlangue, on ne parle pas de «remaniement ministériel» mais d’«aménagement de l'équipe», qui se voit ainsi étoffée de six nouveaux secrétaires d'Etat - ce qui porte leur nombre à 22 - tandis que douze ministres - sur un total de 16 - voient leurs attributions modifiées ou élargies : détail en commentaires. Notons que le gouvernement Fillon I de mai 2007 était «resserré» à 20 membres : en moins d'un an, il s'est drôlement dilaté ! Comme quoi les caisses ne sont pas si vides que ça...

Si partout en France l'emploi se dégrade, au gouvernement, il se porte bien ! Alors qu'en entreprise - et même dans la Fonction publique - il est coutume de rentabiliser ses effectifs en les réduisant avec les mêmes exigences de productivité, le gouvernement, lui, n'hésite pas à gonfler son staff pour fournir «un meilleur travail au service des Français». La précarité inhérente au mandat politique est toujours aussi bien reconnue et indemnisée, puisque le traitement mensuel d'un secrétaire d'Etat doit aujourd'hui approcher les 15.000 € brut, sans compter les stimulants avantages en nature... Là où, partout ailleurs, la sécurisation des parcours professionnels est quasi inexistante et les rémunérations des nouveaux emplois avoisinent le Smic, le gouvernement fait figure d'exception en embauchant du personnel à qui il fournit des jobs dignes et copieusement payés !

Les plus «méritants» sont naturellement récompensés. Les rares rescapés du fiasco électoral montent en grade : Luc Chatel, qui a ravi Chaumont à la gauche dès le premier tour, devient le nouveau porte-parole du gouvernement tout en restant secrétaire d'Etat à la Consommation (il perd le Tourisme mais gagne l'Industrie). Le sénateur Hubert Falco, réélu à Toulon dès le premier tour, est nommé secrétaire d'Etat à l'Aménagement du territoire. Yves Jego, lui aussi réélu au premier tour à Montereau-Fault-Yonne, remplacera Christian Estrosi - le nouveau maire de Nice qui, étonnamment, ne souhaite pas cumuler… - au secrétariat d'Etat à l'Outre-mer. Et Laurent Wauquiez, qui a gagné au Puy-en-Velay dès le premier tour, devient secrétaire d'Etat à l'Emploi.

Alors que, sur le marché du travail, la plupart de ceux qui cumulent plusieurs emplois le font par nécessité économique, jonglant avec la précarité et des salaires de misère, au gouvernement on vous autorise à occuper plusieurs postes en même temps : à la foi maires, ministres, députés ou sénateurs, ces surhommes d'un autre genre assument leurs prestigieuses fonctions aux lourdes responsabilités. Exemples d'abnégation, de volontarisme et de compétence pour la Nation, ces cumulards de la République sont donc indemnisés en conséquence.

Alors que, sur le marché du travail, il vaut mieux avoir moins de 40 ans et un profil en totale adéquation avec le poste proposé, au gouvernement on donne aux «seniors» une chance de se reconvertir ou de tenter une nouvelle expérience : comme Bernard Laporte devenu secrétaire d'Etat aux Sports, Anne-Marie Idrac, ancienne de la RATP et de la SNCF, devient secrétaire d'Etat au Commerce extérieur et Christian Blanc, également ancien de la RATP et d'Air France, est nommé secrétaire d'Etat chargé du développement de la "Région Capitale" (le «Grand Paris», si cher à Nicolas Sarkozy). Au gouvernement, le dilettantisme n'est pas une tare.

Seules fausses notes dans ce tableau idyllique : l'agressive Nadine «sans tabou» Morano, qui s'est pris une mémorable veste à Toul, reçoit un lot de consolation en devenant secrétaire d'Etat chargée de la Famille (favoritisme ?). Quant à l'ex PS Eric Besson, il se voit confier, en plus de son portefeuille actuel, le "Développement de l'économie numérique" (on charge la mule ?)...

L'Emploi - avec un grand E - est visiblement à l'honneur. Nous avions déjà un ministre du Travail (Xavier Bertrand) et une ministre de l'Economie et de l'Emploi (Christine Lagarde, qui perd les Finances mais se retrouve avec l'Industrie, tout comme Luc Chatel). Nous voici donc avec un troisième larron, le jeune secrétaire d'Etat à l'Emploi Laurent Wauquiez ! On comprend que la volonté sarkozyenne de «sauver» l'industrie française se précise à travers les nouveaux titres de Mme Lagarde et M. Chatel. Mais pour l'emploi en général, on reste songeurs...

Car tous s'accordent pour nous dire qu'il y a «embellie» : le chômage baisse (statistiquement parlant), les créations d'emplois et d'entreprises atteignent des sommets (quantitativement parlant)... Pourtant, la création de poste de M. Wauquiez semble avouer le contraire. A moins qu'il ne s'agisse d'œuvrer à la dégradation de l'emploi avec un zèle redoublé - toujours plus de cadeaux et de dérèglementation en faveur des employeurs, toujours plus de précarisation et de paupérisation pour le salariat - au nom des «bons chiffres» officiels, jusqu'à ceux de la pauvreté avec le futur RSA de Martin Hirsch. Réflexion faite, il nous semble qu'à l'aune de la compétitivité et de la mondialisation économiques (qui ignorent les enjeux sociaux), cette stratégie consiste plutôt à continuer de faire subir aux autres ce qu'on ne tolère pas pour soi-même !

SH

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Mis à jour ( Mardi, 31 Juillet 2012 05:50 )  

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