
"Arrêtons de dire que les demandeurs d'emploi ne cherchent pas vraiment du travail et que le système serait laxiste. Il ne faut pas que ces idées pernicieuses s'installent dans l'opinion. Elles sont totalement fausses", a-t-il déclaré, rajoutant que "Les Français sont des bosseurs" !
Au sujet des chiffres du chômage, M. Borloo a rappelé qu'il "avait toujours dit que le chômage commencerait à baisser au début du semestre 2005 et que le plan de cohésion sociale serait à plein régime en 2006". Il a également souligné que face aux licenciements massifs du groupe informatique américain Hewlett-Packard ou du fabricant franco-italien de semi-conducteurs StMicroelectronics, d'autres embauchaient. "Toyota vient d'annoncer 1.000 recrutements, les services à la personne vont permettre de créer des milliers d'emplois, la rénovation urbaine et la relance du logement 50.000 sur l'année"...
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Commentaires
Le ministre de la Cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, a estimé qu'il ne fallait pas tomber dans la "polémique sur un sujet si sensible" que le remboursement d'éventuelles aides publiques accordées à Hewlett Packard qui annoncé la suppression de 1.240 emplois en France.
"Ne tombons pas dans la polémique sur un sujet aussi sensible", a déclaré le ministre dans un entretien publié dimanche par Le Parisien. "Lorsque les aides publiques sont versées à une entreprise, il est normal qu'on lui demande des comptes. C'est de l'argent public !", a répété M. Borloo au Parisien.
Il a ajouté "La France, en tout état de cause, doit rester un pays hospitalier pour les investissement étrangers".
Plusieurs hommes politiques, dont le Premier ministre Dominique de Villepin, avaient réclamé vendredi que le groupe informatique américain, qui prévoit de supprimer 25% de ses effectifs en France, rembourse les aides publiques à la création d'emplois dont il aurait bénéficié. M. de Villepin s'est ensuite montré plus circonspect, affirmant privilégier avant tout un dialogue "constructif" avec HP.
Le sénateur sarkozyste François Fillon (UMP) avait lui mis en garde M. Villepin contre les "effets retour" de ses déclarations, soulignant qu'il ne fallait pas rendre "le territoire français de plus en plus inhospitalier pour les investisseurs étrangers".
Le président du conseil général de l'Isère André Vallini (PS) a demandé au groupe informatique américain le remboursement de quelque 1,25 million d'euros d'aides à la création d'emplois versées par le département en 1998. HP dément avoir reçu ces aides foncières et d'équipement en contrepartie d'engagements sur des créations d'emploi. Répondre | Répondre avec citation |
1 - je ne suis pas d'accord avec la logique boursière, bien que je la comprends étant donné qu'aucune entreprise ne peut fonconner sans fonds propres et c'est pas avec les salaires qu'on ous file qu'on peut beaucoup investir dans son entreprise (en plus pourquoi le faire, c'est pas ça qui empêche de se retrouver au chômage)
2 - je conçoit que hp ait pu rcevoir des aides, mais 1,25 millions 'euros, ça doit ien les faire rire…
3 - 7 ans se sont écoulés depuis leur implantation. Comment aujourd'hui une entreprise privée peut dire : dans 7 ans je serait encore debout ?
4 - quand chirac va en chine (ou ailleurs) et "vend" des airbus, ce qu'on oublie e dire c'est que c'est au rabais voire en dessous du seuil de rentabilité. Seuil que pourtant airbus dépasse tout le temps, mais c'est en contre-partie de réductions de charges (et vu le monde chez airbus, ca fait du pognon) et autres aides. Financées par la collectivité…
Donc moi je dis que si on réclame l'argent à hp, on devrait le faire aussi chez airbus (je vois pas la différence entre une entreprise française et une américaine qui emploient toutes 2 du personnel français en france)…
Et la logique économique est toujours là : tout le monde veut des imprimantes et ordis pas chers, ca finit par se payer…
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Karine, trente et un ans, dans une lettre ouverte adressée au chef de l’Etat, raconte sa galère de chômeuse, de CDD en jobs à temps partiel, de stages en petits boulots, de l’envoi de centaines de CV en dizaines d’entretiens. Sans pouvoir prétendre à de quelconques allocations chômage, puisqu’elle ne travaille pas assez.
«Mesdames, Messieurs,
Je vous félicite pour votre demande de contrôle plus strict des chômeurs ! Ce contrôle va rétablir la vérité sur la situation globale réelle des chômeurs.
En France, un chômeur sur deux ne touche plus ses allocations chômage. Sept à huit millions de Français sont au chômage.
Vous désirez donc que les contrôles sur les chômeurs soient plus draconiens : je crains que vous ne soyez déçus car ceux qui profitent du système représentent un très faible pourcentage, car il est quasi impossible d’en profiter ! Je l’ai constaté lors de mon expérience personnelle, que j’aimerais vous faire partager.
Mon curriculum
J’ai 31 ans, j’ai travaillé 8 ans : successivement 5 ans vendeuse à France Loisirs, 1 an vendeuse chez Manoukian, et 2 ans de travail d’intérim (usine, manutentions).
Je possède un DUT métiers du livre (obtenu à 22 ans), et un BTS maintenance informatique (obtenu à 29 ans).
Je suis au chômage depuis deux ans, j’ai alterné quelques petits boulots, mais je n’ai plus droit aux allocations chômage depuis 1 an et demi, car les périodes de travail sont trop courtes.
Mon expérience professionnelle
J’avais un CDD à 60 heures par mois pour mon premier travail chez France Loisirs, ma responsable m’avait convaincue (dans ma jeunesse naïve) de réaliser 90 heures payées 60 pour montrer ma motivation et progresser. J’ai attendu 3 ans mais ce fut sans résultat, j’ai donc démissionné, puis France Loisirs m’a contactée pour me muter à Strasbourg avec 70 heures par mois. Chaque jour, je faisais les trajets Colmar-Strasbourg, parfois pour ne travailler que deux heures. Puis j’ai demandé un temps complet, possible uniquement pour les responsables de boutique. J’ai donc été mutée à France Loisirs Sarrebourg, dans une filiale gérée par une Maison de la presse : mon salaire était le SMIC, avec une exception un mois pour un concours gagné.
À Sarrebourg, j’étais seule pour gérer la boutique, je travaillais les soirs et les week-ends, j’avais augmenté le chiffre d’affaires du tiers ; j’attendais une récompense financière qui n’est jamais venue, les gérants de la Maison de la presse pensaient que je n’allais jamais partir : seule, pour aller où ?
Je suis retournée à Colmar où j’ai travaillé chez Manoukian, pour un contrat à 35 heures modifié un mois plus tard en contrat à 31 heures… J’avais une responsable qui pratiquait le harcèlement moral envers moi, reconnu par la direction qui a dû intervenir (cas connu et répété).
J’ai démissionné, et à l’époque je n’avais pas droit au chômage. Je suis restée plusieurs mois sans ressources, heureusement, un ami m’a hébergée. Puis j’ai travaillé en intérim en horaire de nuit dans une usine en Allemagne, je faisais les trajets tous les jours. Le CDD s’est arrêté, un mois après j’ai retrouvé un travail très dur physiquement, j’ai dû rompre le contrat : comme j’avais à nouveau rompu un contrat (dans les 6 mois précédant ma demande de chômage), je n’avais toujours pas droit au chômage.
J’ai donc dû enchaîner des petits travaux le week-end (ménages…) afin de me nourrir. Bien-sûr, je n’avais pas de voiture, et je ne pouvais me payer aucun vêtement, pas plus que le coiffeur… Je ne pouvais pas non plus avoir de vie affective avec des horaires qui m’interdisaient toute relation suivie.
Ces petits boulots enchaînés, dont personne ne voulait, m’ont détruite physiquement et moralement, restant perpétuellement dans l’instabilité, ne sachant pas de quoi demain serait construit, seule et à la merci de certains chefs d’entreprise profiteurs. Je souffrais également d’une hernie discale car je devais porter de lourdes charges.
Puis, un jour, j’ai touché mon chômage, après être allée pendant une semaine tous les jours avec de multiples papiers, après avoir essuyé le jugement de certaines employées des ASSEDIC me signifiant que j’avais gagné suffisamment les mois précédents pour avoir mis de côté sans avoir besoin d’allocation, après avoir mis mes plus vieux vêtements… et après qu’ils m’aient donné une information claire sur le nombre d’heures de travail nécessaires pour toucher mon chômage (je me suis rendu compte que j’y avais droit depuis plusieurs mois).
J’ai eu la chance de suivre une formation accessible aux chômeurs : un BTS informatique en un an. C’était intensif mais, passionnée d’informatique depuis une dizaine d’années, je me sentais investie dans quelque chose qui me rapporterait beaucoup. Je me levais à 6 heures et rentrais le soir à 19 heures car j’allais à Strasbourg tous les jours. Et j’ai obtenu mon BTS avec la meilleure note au mémoire (17,5/20).
Depuis cette époque, j’ai déménagé dans le Sud pour suivre mon ami. Je suis au chômage, mais je ne touche plus d’allocations depuis un an et demi, et comme mon mari travaille, je n’ai pas droit au RMI (je trouve cela normal, car je ne suis pas dans le besoin).
Je suis au chômage depuis deux ans car aucune entreprise ne m’a donné ma chance pour commencer mon nouveau métier : des centaines de CV envoyés, une prospection de tous les jours pendant deux ans, une dizaine d’entretiens, quelques petits contrats.
De plus, je ne suis pas difficile car j’accepte bien entendu le SMIC, les CDD, les emplois sans rapport avec ma formation : secrétaire, femme de ménage, commerciale - informatique…
Dans le Sud, j’ai notamment eu une expérience d’un mois comme commerciale informatique, dans une société embauchant trois personnes : le directeur m’a convaincue de réaliser les 15 premiers jours gratuitement, lorsqu’il a eu connaissance de l’existence de mon ami (mari depuis), il a tenté, après les quinze jours, de me dissuader de poursuivre l’expérience de travail chez lui, mais j’ai tenu bon encore 15 jours, cette fois rémunérés. Je travaillais 50 heures dans la semaine, j’étais en déplacement constamment, je devais créer ma propre clientèle, j’avais des objectifs inatteignables, j’utilisais mon propre véhicule, et j’étais rémunérée 450 euros par mois sans la prime objectifs. C’était très motivant !
J’ai aussi le souvenir d’un entretien, un homme d’une cinquantaine d’années, avec qui j’étais allée en déplacement gratuitement pour me familiariser et décider mutuellement de mon embauche future : cet homme m’a parlé de la vie privée de ses employés toute la journée, il voulait que je remplace son épouse à l’accueil, il m’a ensuite dit de me renseigner, qu’il existait des stages de trois mois (rémunérés par l’ASSEDIC) ; puis, à la fin de la journée, il m’a annoncé qu’il m’embauchait au SMIC. J’étais très heureuse, j’ai prévenu ma famille, mes amis. J’avais un rendez-vous chez son comptable : ce rendez-vous a été annulé, et une semaine après ce monsieur me laissait un message pour m’annoncer qu’il avait changé d’avis, et que, finalement, il embauchait un ami dans le besoin… Quelle ne fut pas ma surprise lorsque trois mois après l’ASSEDIC me proposait un stage de trois mois, payé par l’organisme dans l’entreprise de ce monsieur (sans que celui-ci ait connaissance de mon identité) !
Lors des entretiens, j’ai également constaté que j’intéressais certains recruteurs, jusqu’à ce qu’ils découvrent que je ne touchais plus mon allocation de chômage et que donc je n’avais plus droit au stage de trois mois rémunéré par les ASSEDIC.
J’ai aussi fait du ménage à temps complet dans une collectivité : c’était très dur et le soir je me suis retrouvée aux urgences pour une intoxication aux produits ménagers ! Cette entreprise, le jour même, m’avait proposé un CDI. Et, bien sûr, avec un CDI, si on rompt le contrat, on ne touche plus le chômage. Cette entreprise proposait un travail si éprouvant qu’ils n’arrivaient pas à garder leurs employés et donc proposaient le CDI.
Les autres propositions que j’ai eues (après six mois de recherches) étaient : un job d’été avec les week-ends et les soirées incluses (je ne suis pas partie en vacances avec mon mari), un contrat de vendeuse à 12 heures par semaine avec les horaires qui coïncidaient avec le temps libre de mon mari.
Tous ces petits contrats sont trop courts pour que le chômeur ait droit à l’allocation chômage, et, s’il y a droit, ce n’est pas pour longtemps.
Cela est un témoignage véridique parmi des millions d’autres. Beaucoup de chômeurs ont honte de leur condition et n’osent pas témoigner. Portez-leur plus d’attention, faites preuve d’empathie, car si vous les aidez vous vous aidez.
Je vous remercie de m’avoir lue, s’il vous plaît, ne généralisez pas un cas particulier, ne jugez pas les chômeurs sans savoir, et peut-être ils ne vous jugeront pas aussi sévèrement.
Je rappelle que les chômeurs sont aussi des électeurs, et que le gouvernement devrait les respecter un peu plus.
On nous prône le modèle anglais avec des gens qui cumulent les petits contrats et travaillent intensivement, sans s’arrêter jusqu’à 60 heures par semaine, et pour gagner juste de quoi avoir une vie décente. Ils sont tellement éreintés qu’ils n’ont plus l’énergie pour le moindre loisir : quelle vie peuvent-ils avoir ? Quel nom donner à cela si ce n’est « esclavagisme moderne » ?
Si, eux, ils peuvent encore accepter cela, moi, je ne le peux plus. Et vous, le pourriez-vous ?
Post scriptum. Je trouve scandaleuse la mauvaise foi de nos gouvernants face au chômage. Les dernières mesures sur le chômage [la circulaire punissant les chômeurs - NDLR] ne sont que de la poudre aux yeux destinée à masquer les réalités à l’opinion publique. Ces mesures sont stériles et n’apportent rien - sauf au gouvernement pour remonter sa cote de popularité car les chômeurs concernés (ceux à qui l’ANPE fait trois propositions et qui refusent) sont généralement des chômeurs en fin de droits et qui ne touchent plus les ASSEDIC ; ils seront juste rayés de la liste des demandeurs d’emplois, ce qui fera baisser le nombre de chômeurs sur le papier mais pas dans la réalité ; d’autres devront accepter l’inacceptable. Peut-on empêcher les chômeurs de tenter de trouver un travail décent ? Doivent-ils perdre l’espoir d’une vie meilleure ?
On nous dit qu’il y a plusieurs milliers d’offres d’emploi non abouties : ce que l’on oublie de nous dire, c’est que ces demandes sont souvent provisoires, aboutissent et sont renouvelées. De plus, beaucoup sont très spécifiques et demandent des compétences techniques (plombier…) précises et rares actuellement ; d’autres n’aboutiront jamais car certaines situations au travail sont difficiles et connues : harcèlement moral, petits contrats sans issue, travail physique pénible, objectifs irréalisables donc sous payés ; voilà pourquoi elles n’aboutissent pas toutes, c’est normal.
Le gouvernement est forcément bien renseigné, il sait très bien où cela va l’amener, pour un gain d’argent dérisoire (baisse plus rapide des allocations chômage) au regard du budget de l’État.
Pour l’impôt sur les grandes fortunes, là, il ne cherche pas à faire des économies car cet impôt diminue…
Bravo, les pauvres seront encore plus pauvres et les très riches encore plus riches ! »
Karine Vaxelaire Répondre | Répondre avec citation |
Le gouvernement a modifié le contrôle et l'accompagnement des chômeurs
Plus les politiques pour l'emploi patinent, plus le ton se durcit à l'égard des victimes du chômage. En fait d'accompagnement du chômeur, on ne parle que d'un renforcement des sanctions, alors que le terme même de sanction n'est pas du tout approprié. Car sanctionner ne signifie pas automatiquement punir, mais bien avoir le pouvoir de répondre positivement ou négativement à une action donnée. Ainsi, un diplôme sanctionne une bonne année d'étude, une victoire sanctionne une belle performance d'athléte. La sanction récompense autant qu'elle punit. En ce sens, j'aimerais bien un véritable renforcement des sanctions de la recherche d'emploi des chômeurs, car pour l'instant, seul le volet répression existe.
Les dessous de l'accompagnement des chômeurs.
L'ANPE sanctionne car l'ANPE accompagne le chômeur dans le cadre du PARE. Ainsi donc, au lendemain de mon licenciement économique, j'ai eu le droit à un entretien de 30 minutes pour faire le point sur ma situation, mes compétences, mes projets et mes techniques de recherche d'emploi. 30 minutes, c'est un peu court, mais à la 31ème minute, mon interlocuteur a commencé à regarder nerveusement la trotteuse de sa montre. Parce que le temps de passation est chronométré, parce que chaque agent a des quotas de chômeurs à respecter.6 mois plus tard, j'ai eu le droit à 20 minutes d'entretien, essentiellement destinées à vérifier sur pièces que je cherche bien un boulot : candidatures, stratégies, actions. 20 minutes c'est suffisant pour un contrôle, mais rien pour la partie accompagnement.
6 mois passent, voici le RDV suivant. Une douzaine de chômeurs se retrouve dans une petite pièce. On nous donne des petits dossiers de 4 pages à remplir : actions mises en oeuvre, démarches, résultats, difficultés, stratégies. Certains ne sont pas des pros du stylo, je les regarde du coin de l'oeil ramer sur leur pensum : pas le droit de tuster sur le voisin. Ramassage des copies : prenez un ticket, on va vous appeler.
10 minutes! Le coup des copies permet de faire tomber le temps de passation semestriel à 10 minutes. Tant pis pour ceux qui sont meilleurs à l'oral. Un an de chômage! Il va falloir élargir son champ de recherche, non? Ca, pour être élargi, on va être élargi, oui. A candidaté suffisamment : suivant. La voix résonne comme un tampon encreur : bon pour 6 mois de plus.
On est en février dernier. En fait, les convocations tombent tous les 5 mois, maintenant. La spirale se rétrécit. J'ai tout bien élargi. Je demande un bilan de compétence : "J'ai un profil compétences, mais les chefs d'entreprises cherchent des profils métiers : j'aurais besoin d'aide pour définir à quels métiers correspondent mes compétences. Cela rendrait mon offre de service plus lisible". le gars de l'ANPE me glisse un regard torve et part sur une diatribe syndicaliste sur la politique de répression anti-chômeurs. J'abonde dans son sens. Il explose les 10 minutes : "Non, vous n'avez pas besoin d'un Bilan de compétence!". Affaire classée. "Dans ce cas, veuillez rayer la mention "nous vous avons proposé des offres d'emplois", parce que vous ne m'avez jamais rien proposé du tout, vous m'avez même renvoyé des candidatures sans transmettre à l'entreprise!". Je marque aux points. Je n'avance pas d'un pouce.
Le pouvoir de dire oui
12 juillet dernier. J'ai reçu la convocation moins d'une semaine avant. Dommage pour ceux qui se seraient absentés quelques jours. Il parait qu'officiellement, le chômeur a le droit à 35 jours de vacances par an. Mais c'est un plan qui pue. Je me suis toujours abstenue. Convocation à 8h15. J'habite à une heure de route. Le lendemain, j'ai un autre RDV pour finaliser la création de ma petite entreprise. Ca tombe mal, j'avais des papiers à préparer. J'arrive à 9h30, je prend un ticket. 45 minutes d'attente, c'est mon tour.C'est une femme. D'habitude, ce sont des hommes.
- Mais vous n'étiez pas au RDV de 8h15!
- Non, j'ai eu des démarches à faire de dernière minute pour ma création d'entreprise. J'ai choisi d'arriver en retard.
- Mais ce n'est pas possible! Comment allons-nous faire le tour en 10 minutes?
Il s'agissait bien de remplir la double page, productivité oblige!- Tout va bien! Mon dossier est à jour. Posez vos questions, j'ai tout en tête, je peux vous résumer ma situation en 2 minutes.
Je fais le tour de toutes mes démarches et échecs, lui explique mes stratégies et les moyens mis en oeuvre, aborde la question du boulot génial que je n'ai pas eu et que je n'aurai jamais et du fait que, suite à cette révélation, je cherche à créer ma boite, plutôt que de rester le cul dans l'eau. En 2 minutes chrono! Elle a presque l'oeil humide.- Vous savez, des chômeurs comme vous, il n'y en a pas beaucoup. Vous êtes vraiment allée au bout des démarches que vous pouviez faire, de ce que nous pouvions faire pour vous. Maintenant, il vous faut vous détendre et attendre que toutes vos actions portent leurs fruits.
- Je suis en fin de droit dans deux jours. Je ne vois pas comment je vais pouvoir attendre tranquillement que mes actions portent leurs fruits.
- Vous avez fait un très bon travail. Finissez les démarches de création de votre entreprise et prenez des vacances, profitez de votre famille, prenez des forces, vous en aurez besoin pour la rentrée.
- Oui, c'est juste que je n'ai plus de revenus.
- Vous avez fait une demande d'ASS ?
- Oui
- C'est très bien. Cela vous aidera bien pendant la première année de votre entreprise. On ne dit pas souvent ça, mais dans votre cas, c'est une bonne chose.
A ce point, je me dis qu'elle va me filer la médaille du chômeur du mois, avec portrait dans le hall, comme chez MacDo. Je me dis aussi que s'il y avait vraiment pouvoir de sanction, alors logiquement, je devrais avoir le droit à 6 mois de rab' pour me soutenir dans ma recherche d'emploi. Mais en fait, vous avez bien compris. Dans les mesures d'accompagnement des chômeurs, il n'y a que le volet coercitif, que le pouvoir de dire non, que le baton, que la punition. Et en fait d'accompagnement, il n'y a que du contrôle. Et les nouvelles lois ne font que renforcer la culpabilisation, la contrainte. Jamais on n'aborde la question du soutien, de l'aide, de la récompense. Non, c'est juste bête et méchant.- Vous êtes mobile?
- Pardon?
- Est-ce que vous êtes mobile?
Je me fend alors de mon plus large sourire, me penche vers elle sur le ton de la confidence et lui demande:- Pourquoi? Vous connaissez un coin de France où il n'y a pas de chômeurs?
Le Monolecte Répondre | Répondre avec citation |