Le plan social annoncé par Hewlett-Packard devient chaque jour davantage une affaire d'Etat. Après Jacques Chirac, qui a saisi mardi la commission européenne, Dominique de Villepin monte à son tour au créneau dans un long entretien que publie vendredi le quotidien économique "Les Echos". Le Premier ministre estime qu'il "serait normal que HP rembourse les aides publiques spécifiques dont elle a pu bénéficier" pour son développement en France. Le département de l'Isère, où se trouve le plus gros pôle industriel d'HP-France avec quelque 2.400 salariés sur les 4.800 salariés du groupe dans l'Hexagone, a déjà demandé au groupe américain de rembourser 1,25 million d'euros versés depuis 1998. "Chacun a un devoir vis-à-vis de la collectivité : ceux qui reçoivent des aides publiques doivent respecter les obligations qui les accompagnent", déclare le Premier ministre. Dominique de Villepin souhaite en outre que Hewlett Packard "revoie à la baisse son plan de réduction d'effectifs". "Les gens se posent des questions. Nous les posons aussi à l'entreprise", souligne-t-il.
Le groupe informatique américain a annoncé un plan social qui prévoit 6.000 suppressions d'emplois en Europe, dont 1.240 en France d'ici à 2008, soit un quart des effectifs de l'entreprise dans l'hexagone. Les autorités françaises se mobilisent tous azimuts pour limiter au maximum les réductions d'emploi, sans avoir obtenu aucun résultat concret jusqu'à présent. Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a ainsi répondu dès mercredi à Jacques Chirac que Bruxelles était incompétent sur ce dossier.
Dans "Les Echos", Dominique de Villepin justifie l'attitude du gouvernement dans ce dossier au nom du "patriotisme économique". Il assure que ce concept, inventé en juillet au moment de l'affaire Danone, n'est "pas du tout" défensif, ni contradictoire avec les nécessités de la mondialisation. "Aux Etats-Unis et au Japon, beaucoup de chefs d'entreprise ont leur drapeau dans leur bureau. Je ne vois pas pourquoi l'idée même de patriotisme économique serait moderne aux Etats-Unis et dépassée en France", observe-t-il. Le patriotisme économique "est même beaucoup plus moderne que l'idée pasteurisée du chef d'entreprise international qui vit dans la galaxie mondiale et qui a le sentiment qu'il n'a qu'un demi-pied dans le sabot français", s'enflamme-t-il. Le Premier ministre souhaite notamment que l'Etat puisse réserver aux PME françaises 25% de ses achats au nom de ce "patriotisme économique".
M. de Villepin confirme par ailleurs que le gouvernement va prendre dans le budget 2006, présenté mercredi prochain, des mesures pour encourager l'actionnariat salarié. Les produits d'assurance vie pourront ainsi "être étendus aux actions sans pénalisation fiscale". Toujours à propos du budget, il assure que le gouvernement tiendra en 2005 et 2006 le "cap des 3%" de déficit public par rapport au Produit intérieur brut (PIB), conformément aux engagements européens de la France.
Interrogé sur les baisses d'impôts prévues en 2007, le Premier ministre assure qu'elles "seront financées par la maîtrise de la dépense de l'Etat, qui devra progresser moins vite que l'inflation". Mais il continue de refuser tout "coup de rabot" dans la fonction publique. Invité à définir sa conception de l'économie, l'hôte de Matignon se dépeint à la fois comme "interventionniste" et "soucieux de donner plus de souplesse mais toujours dans l'équilibre qui est une exigence française". Une conception bien différente de celle de Nicolas Sarkozy, critique du "modèle social français".
(Source : Le Nouvel Obs)
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