NOUVELOBS.COM | 23.08.05 | 09:56
Le gouvernement, qui s'est félicité du nombre "élevé" de candidats, n'a donné aucune autre précision sur leur identité et le montant de leurs offres, fidèle à sa ligne de discrétion destinée à garder la maîtrise d'une vente qui devrait lui rapporter plus de 10 milliards d'euros. Les prétendants à la reprise des Autoroutes du Sud de la France (ASF), de la Société des autoroutes du Nord et de l'Est de la France (Sanef) et d'Autoroutes Paris-Rhin-Rhône (APRR) devaient remettre leur offre à Bercy lundi à 18H au plus tard.
Offres fermes
L'Etat, qui doit maintenant faire sa sélection dans le cadre d'un processus qui doit s'achever à l'automne, va demander aux candidats de formuler des offres fermes. Jusqu'à présent, au moins deux groupes français (Vinci, Eiffage), quatre groupes espagnols (Abertis, Cintra, Itinere et Fomento de Construcciones y Contratas (FCC), un groupe italien (Autostrade) et un fonds d'investissement australien (Macquarie Infrastructure Group), étaient donnés partants.
De source proche du dossier, Autostrade s'est associé à la Caisse des dépôts et à un consortium d'investisseurs institutionnels français composé de plusieurs compagnies d'assurance - branche assurance vie du Crédit Agricole, assureurs Axa et AGF - pour la reprise d'APRR, afin de contrer Eiffage.
Appel d'air
Le retrait du groupe français Bouygues à la fin juillet, qui n'a finalement pas voulu participer à ces privatisations, a créé un appel d'air en faveur des groupes étrangers.
A l'instar de l'espagnol Abertis et de l'italien Autostrade, le capital de toutes les grandes sociétés européennes d'autoroutes est privé. "L'appel d'offre est très ouvert, et en même temps il est verrouillé, le gouvernement peut l'arrêter à n'importe quel moment", note un observateur.
Dans un entretien aux Echos de mardi, le président de la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale, Patrick Ollier (UMP), affirme "ne pas voir d'obstacle à la présence d'étrangers minoritaires" dans le capital des sociétés françaises d'autoroutes. Le député UMP de la Drôme, Hervé Mariton, a déclaré qu'il souhaitait que "les tours de table aient un accent le plus français possible", tout en ajoutant qu'on ne pouvait "ériger une muraille" pour contrer des repreneurs étrangers dans le cadre "du jeu communautaire". Plus que la nationalité, certains observateurs opposent la logique des entreprises et celles, plus financière, des fonds d'investissement. Ces derniers seraient en outre tentés de retirer les concessionnaires de la Bourse.
Vagues politiques
Sur le plan politique, la privatisation des sociétés d'autoroutes continue de faire des vagues. Après l'offensive menée par le leader de l'UDF François Bayrou, suivie des critiques socialistes, deux membres de l'UMP, Nicolas Dupont-Aignan et le président du Parti radical (associé à l'UMP) André Rossinot, ont demandé lundi que le gouvernement renonce à ces privatisations.
Le ministère des Finances a également annoncé lundi soir avoir placé ce processus de cession "sous la supervision" de Jean-Louis Fort, ancien secrétaire général de la Commission bancaire, "pour veiller au bon déroulement de la procédure".
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