Depuis lundi, les quelque 38 millions d'assurés sociaux de plus de 16 ans ont commencé à recevoir de leurs caisses d'assurance-maladie des formulaires personnalisés d'inscription auprès de leur futur médecin traitant. Ils devront l'avoir choisi avant le 1er juillet, sous peine de ne pas être remboursés au tarif "Sécu". Mais dans le même temps, les opposants à cette mesure, et en particulier aux dépassements d'honoraires des spécialistes, ont commencé à se faire entendre.

Une initiative moins attendue a été prise par deux médecins-écrivains, les Dr Martin Winckler et Christian Lehmann, qui ont lancé une pétition, déjà signée par 2.500 médecins et patients. Pour eux, tout comme le Syndicat national des jeunes médecins généralistes, il est urgent de se mobiliser "contre les mensonges d'une réforme dont le ministre de la Santé cache obstinément les conséquences". Car la réforme ne donne aucun moyen aux généralistes de la faire fonctionner et ne fera rien d'autre que "mettre en place un accès aux soins dépendant des revenus", estiment-ils. Au final, la réforme sera un échec et "ouvrira la porte aux assurances privées".
Un autre front de contestation est venu de la CFDT, qui préside la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM) : dénonçant le spectre d'une "médecine à deux vitesses", son secrétaire général François Chérèque a annoncé vendredi que son syndicat émettrait "un avis critique" sur la convention au Conseil d'administration de la CNAM.
Le président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF - majoritaire), le Dr Michel Chassang s'est dit "scandalisé" par la réaction de MG France contre le dispositif du médecin traitant, soulignant que ce syndicat "ne saurait être assimilé à l'ensemble des généralistes" et a a "appelé la communauté généraliste à ne pas céder à ces sirènes et à accueillir les patients qui leur demandent d'être leur médecin traitant".
Quant au secrétaire d'Etat à l'Assurance maladie Xavier Bertrand, soucieux de déminer le terrain, il doit rencontrer la semaine prochaine professionnels de santé et associations d'assurés...
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Les pédiatres libéraux ouvriront les hostilités les premiers, ce lundi 3 janvier à l'appel du syndicat SNPF, avec une "journée sans pédiatres" : ils demandent des revalorisations d'honoraires et veulent sensibiliser le public aux menaces de "disparition" qui pèsent sur la pédiatrie du secteur privé.
Mais c'est l'entrée en scène du secteur public, secoué par des frustrations salariales, des inquiétudes pour l'emploi et des interrogations sur les missions, qui s'annonce comme le point culminant d'un premier mois de l'année au profil inhabituellemen t social, après un automne des plus calmes : les postiers sont appelés à faire grève le mardi 18 janvier, les cheminots le 19, les fonctionnaires et l'Éducation nationale ensemble le 20.
A La Poste, le processus de libéralisation des services postaux fait craindre à FO et SUD la suppression de "milliers d'emplois".
A la SNCF, la CGT redoute un "budget draconien", qui, selon les syndicats, ferait disparaître de "3 à 5.000" emplois.
Dans l'Education nationale, le projet Fillon est sur la sellette et le SNES dénonce la suppression programmée de "milliers de postes" dans le second degré. Même la CSEN, classée à droite, défilera avec les autres syndicats.
Les syndicats de fonctionnaires s'en prennent plus généralement à la cure d'amincissement de l'Etat, avec 7.188 postes supprimés au budget 2005 et une augmentation salariale de base n'excédant pas 0,55% sur 2005, pour une inflation prévue de 1,8%.
Ce sont donc les premiers participants officiels à ce programme de janvier, mais peut-être bien que d'autres surprises viendront nourrir les festivités… Répondre | Répondre avec citation |
Le Snes-FSU a appellé vendredi dans un communiqué au soutien et à la participation à la grève lancée pour le mercredi 12 janvier par les enseignants de sciences économiques et sociales (SES).
Il ne s'agit pas d'un appel du premier syndicat du second degré à une grève nationale mais d'un soutien avec incitation aux enseignants d'autres disciplines à y participer. Les enseignants de SES, militants du Snes, avaient appelé le 17 décembre dernier à ce mouvement et choisi le 12 janvier, date du passage de la loi d'orientation sur l'Ecole au Conseil des ministres. En effet, ils se disent "très inquiets" pour l'avenir de leur discipline.
Le problème porte sur les programmes des classes de seconde des lycées. Jusqu'à présent, les élèves ont des enseignements obligatoires de tronc commun : français, maths, physique, langue vivante, sciences de la vie et de la terre, EPS. Ils ont également à choisir deux enseignements obligatoires, dits "de détermination", qui influent sur leur choix ultérieur de filière : SES, techno, langue vivante 2 et 3, arts, langues anciennes. Or, le projet de loi prévoit qu'il n'y ait plus qu'un seul enseignement "de détermination".
Actuellement, 90% des élèves choisissent langue vivante 2. Ils devraient continuer à le faire car cela leur est demandé dans toutes les sections de première. Ainsi, arts et langues anciennes, choisies par nombre de futurs élèves de sections littéraires, pourraient pâtir de la mesure, mais la techno et les SES en seront les grandes victimes. On peut penser que la moitié des élèves choisissant actuellement SES (25% des élèves de seconde) ne le feront plus", estime-t-on au Snes. Répondre | Répondre avec citation |
Les chirurgiens hospitaliers haussent le ton à l'adresse du gouvernement, à travers une pétition signée par la moitié de la profession et une grève le 19 janvier, pour obtenir une réorganisation des blocs opératoires et une revalorisation de 15% de leur rémunération.
"La chirurgie publique est aujourd'hui dans une situation critique" : c'est le constat approuvé par plus de la moitié des 3.100 chirurgiens hospitaliers, qui ont signé une pétition demandant une réorganisation des blocs et des équipes opératoires, une augmentation de 15% du salaire de base des chirurgiens publics et une revalorisation des astreintes.
"Les chirurgiens hospitaliers étaient en grève le 1er septembre, pour alerter sur la situation de la chirurgie publique, mais cette action a été sous-estimée par le ministère de la Santé, ce qui nous a conduit à lancer cette pétition", a expliqué jeudi le Dr François Aubart, porte-parole du collectif "Chirurgie hôpital France", au cours d'une conférence de presse. "Aujourd'hui, plus de 1.600 chirurgiens hospitaliers l'ont signée, soit près de 60% de l'ensemble de la profession. Cela témoigne d'un engagement sans précédent, dans un métier sans tradition d'expression collective", a-t-il ajouté.
Le collectif a également appelé au début du mois les chirurgiens des hôpitaux à une journée de grève le 19 janvier. "Nous n'opèrerons pas le 19 janvier. Nous allons être réquisitionnés et nous assurerons les urgences qui seront nécessaires, mais plus de 70% des blocs opératoires seront en grève", a estimé François Aubart. "Et si le ministre ne nous entend toujours pas, nous allons organiser une semaine entière d'action, du 7 au 12 février, où les tableaux opératoires seront blancs", a-t-il précisé.
Les chirurgiens hospitaliers reprochent au ministre de la Santé de n'avoir pas tenu les engagements concernant la chirurgie publique, contenus dans un protocole signé le 24 août, pour mettre fin à la menace d'un exil en Angleterre des chirurgiens libéraux. "Les chirurgiens libéraux ont obtenu des satisfactions catégorielles avec des revalorisations d'honoraires qui atteindront 25% au 1er avril 2005, mais la chirurgie publique a été oubliée", a dénoncé M. Aubart. Le protocole, présenté par le ministre de la Santé, Philippe Douste-Blazy, prévoyait notamment de "redynamiser la formation initiale et d'augmenter le recrutement, d'établir un plan de modernisation des blocs opératoires dès 2005".
"Alors que les effectifs des chirurgiens hospitaliers vont diminuer de 23% dans les 10 ans à venir, rien n'est fait pour résoudre la "fracture chirurgicale". La chirurgie hospitalière fonctionne aujourd'hui au ralenti, non pas par manque de patients, mais parce que les équipes opérationnelles complètes sont en nombre insuffisant", a déploré François Aubart.
"Au-delà des médecins, il y a aussi une crise considérable de recrutement des infirmières spécialisées : en Rhône-Alpes, seulement 74 candidats se sont présentés en 2004 au concours d'entrée en école d'infirmière de bloc opératoire (Ibode), pour 105 places", a-t-il souligné.
"Chirurgie hôpital France" s'est constitué à l'été 2004 autour de deux intersyndicales , la Coordination médicale hospitalière (CMH) et le Syndicat national des médecins, chirurgiens, spécialistes et biologistes des hôpitaux publics (Snam) et de trois syndicats de chirurgiens, le Syndicat des chirurgiens hospitaliers (SCH), le Syndicat des médecins des hôpitaux privés (Symhospriv) et l'Union collégiale des chirurgiens et spécialistes français (UCCSF). Répondre | Répondre avec citation |
Trois syndicats de médecins libéraux et la Sécurité sociale ont signé mercredi une nouvelle convention médicale officialisant la création d'un "médecin traitant", pivot du système de soins, sur fond de scepticisme, voire de franche hostilité, d'une partie des généralistes.
Le texte, dont le principe avait été arrêté le 23 décembre, a été paraphé au siège de l'assurance maladie à Paris par le directeur de l'Union nationale des caisses d'assurance maladie (Uncam), Frédéric van Roekeghem, et les présidents des trois syndicats de médecins libéraux Michel Chassang (CSMF, majoritaire), Dinorino Cabrera (SML) et Félix Benouaich (Alliance).
"C'est un moment qu'on peut qualifier d'important, sinon d'historique", a commenté M. van Roekeghem. "C'est un accord historique, très largement majoritaire aussi bien chez les spécialistes et les généralistes", a renchéri M. Chassang, soulignant que "c'est concrètement maintenant que va pouvoir se mettre en oeuvre la réforme de l'assurance maladie", entrée en vigueur le 1er janvier.
La convention prévoit près d'un milliard d'économies (998 M EUR) en 2005 sur les dépenses de santé, dans plusieurs domaines (affections longue durée, arrêts maladie, prescriptions d'antibiotiques, etc). En contrepartie des efforts des médecins pour y parvenir, 494 M d'EUR (en année pleine) viendront financer leurs revalorisations d'honoraires. Pour 2005, l'enveloppe permettant les revalorisations est de 280 M d'EUR, les changements de tarifs n'intervenant qu'au 1er juillet.
Si les économies attendues n'étaient pas au rendez-vous fin 2005, une deuxième étape de revalorisation d'honoraires prévue dans la convention au 1er janvier 2006 ne "pourrait pas être mise en place", a averti M. van Roekeghem.
Les assurés sociaux doivent choisir d'ici au 1er juillet un "médecin traitant" (à 95% un généraliste, selon la Sécu) qu'il devront consulter avant d'aller voir un spécialiste, sous peine d'un moindre remboursement et de dépassements d'honoraires.
La convention médicale prévoit également la mise en place en 2007 d'un Dossier médical personnel (DMP), dossier informatique qui contiendra tous les antécédents médicaux du patient et sera géré par le médecin traitant.
Mais la convention ne fait pas l'unanimité. Le syndicat de médecins généralistes MG-France, non signataire, et d'autres syndicats médicaux opposés à la réforme (dont la FMF), ainsi que des associations et des personnalités du monde médical, ont répété mercredi leur opposition. Ce texte instaure selon eux "une médecine à deux vitesses" et ne rétribue pas suffisamment les généralistes pour leur rôle pivot dans la coordination des soins.
Le président de la Mutualité française Jean-Pierre Davant a déploré la transformation de l'assurance maladie en "usine à gaz" mais juge qu'il faut "jouer le jeu de la réforme", et se déclare hostile à tout boycott du dispositif du médecin traitant, dans un entretien aux Echos publié jeudi.
La CFDT, qui préside l'Uncam, avait indiqué par la voix de son secrétaire général François Chérèque, qu'elle émettrait un "avis critique" sur la convention lors du conseil d'administration de l'Uncam jeudi.
Côté assurés, une enquête de l'Union nationale des associations familiales (Unaf) est venue indiquer que les familles étaient très partagées sur la réforme : pour 35%, la mise en place du médecin traitant est positive, mais elle est négative pour 37%.
A charge pour la Sécu de les convaincre. "Dans les prochaines semaines, nous allons monter en puissance en matière de communication sur la réforme", a indiqué M. van Roekeghem. Répondre | Répondre avec citation |