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Accueil Social, économie et politique De la pénurie érigée en stratégie

De la pénurie érigée en stratégie

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Emploi, logement : loin de tabler sur l'abondance qui fait honneur aux pays dits "développés", notre système économique repose sur de fausses pénuries qu'il génère et entretient pour mieux s'en nourrir.

Qu'est-ce que l'économie ? De sa racine grecque «Oikos Nomos» : de la gestion de la maison, de la «ménagère», du «bon mesnager» qu'était Sully au «manager» des Anglo-Saxons… l'économie (je cite Bernard MARIS dans son Antimanuel d'économie) est avant tout le partage de la richesse : «Qui regarde le gâteau, qui tient le couteau ? [...] L'économie, c'est fondamentalement la question de la répartition. Pourquoi ? Parce que la question du partage est liée à celle de la rareté et que, sans rareté, il n'y a pas de problème économique

Or, pour développer nos richesses et en faire le meilleur usage, on nous martèle aujourd'hui que l'économie de marché est la seule qui vaille. Sur cette belle théorie, «les économistes ont occulté la question du partage. [...] Ils ont aussi occulté la question du pouvoir», poursuit Bernard Maris : il s'agit de «fabriquer de bons petits soldats de la "guerre économique", cette guerre de tous contre tous qui vous occupera de longues années avant une maigre retraite»...

Mais en attendant la retraite, puisque nous sommes là, il faut bien vivre.
Et pour vivre, de quoi avons-nous besoin ?
En 1943, le psychologue Abraham MASLOW avait conçu une pyramide des besoins humains hiérarchisée en cinq paliers :
• les besoins physiologiques, "primaires" ou de survie (air, eau, nourriture, sommeil…)
• le besoin de sécurité (vêtements, toit, santé…)
• les besoins sociaux (échanger, se savoir utile, être aimé ou reconnu…)
• le besoin d'estime (respect, expression de ses idées, mise en œuvre de ses ambitions…)
• la réalisation de soi (affirmation de son individualité, accomplissement, réussite, luxe…)
Tous les individus ne cherchent pas à atteindre les deux derniers niveaux : beaucoup se contentent des deux ou trois premiers.

En appliquant ces besoins humains à la «valeur travail», qui est toujours un pilier de notre société :
=> Pour survivre, il faut recevoir un juste salaire (c'est par lui que nous pourrons satisfaire nos besoins physiologiques et de sécurité physique).
=> Pour se sentir en sécurité, il faut aussi avoir de bonnes conditions de travail, la stabilité de son emploi, être informé, se sentir soutenu si nécessaire (ainsi seront satisfaits nos besoins sociaux, et sera stimulé notre besoin d'estime).
=> Pour être reconnu, il faut avoir la possibilité de communiquer, d'échanger au sein du travail et de l'entreprise (estime, puis réalisation de soi).
Ce qui n'est pas toujours le cas, voire de moins en moins avec le chômage de masse qui fait pression sur tous ces paramètres. Ainsi, notamment, les articles 5 et 11 du préambule de 1946 de la Constitution Française ne sont pas appliqués.

L'économie de marché n'a pas pour vocation de respecter les Droits de l'Homme ni les Droits Constitutionnels, puisqu'elle fait abstraction de toute répartition honorable. Elle va, au contraire, jouer sur la rareté en organisant la pénurie pour mieux jouer à la "guerre économique". Nostalgie, quand tu nous tiens : même en temps de paix, on spécule dans une simulation de marché noir
En France, par exemple, malgré notre statut de 6ème puissance économique mondiale, il manque :
• officiellement, 2 millions d'emplois
• au bas mot, 1,3 million de logements
Ces facteurs indispensables à la satisfaction des besoins primaires et secondaires de nos concitoyens subissent une pénurie sciemment organisée :
=> Les logements font l'objet de politiques "poudre aux yeux" qui maintiennent leur rareté pour laisser flamber les prix. Malgré les rumeurs, pas de retournement en vue dans l'immobilier.
=> Les emplois sont volontairement détruits pour rogner sur la masse salariale et profiter à l'actionnariat triomphant. Malgré une baisse apparente, les chiffres du chômage sont trafiqués.

L'économie de marché tant vantée (et imposée) n'est qu'une vaste activité de prédation qui flatte les bas instincts et ne vise que le court terme : mais cela, je pense, nous le savons tous. Qui regarde le gâteau, qui tient le couteau ? Se pose la question de savoir comment, dans les années à venir, pourront travailler et se loger des millions d'individus dans un pays aussi "riche" que le nôtre, où circulent en abondance tant de produits aussi inutiles qu'éphémères.

Sophie Hancart - APNÉE/Actuchomage

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Mis à jour ( Dimanche, 26 Février 2006 17:47 )  

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