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Duel Sarkozy/de Villepin, les dessous d'une mystification !

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Sous couvert d’un duel fratricide (mais factice) savamment mis en scène entre Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa (de son vrai nom) et Dominique Galouzeau de Villepin, la «minorité» UMP, ses commanditaires patronaux et ses suppôts médiatiques, remettent la France au pas. Tout se passe aujourd’hui comme si rien ne s’était produit. Oubliés le 29 mai et la réappropriation du débat démocratique par une majorité de Français ! L’opposition politique et syndicale est reléguée au rang de faire-valoir, et l’opposition citoyenne est muselée. Retour sur cette vaste manipulation politico médiatique !

Au mois de mai 2005, un vent de désobéissance civique et de défiance républicaine a balayé la France. Alors que l’establishment politique, économique et médiatique appelait dans sa grande majorité à voter «OUI» au référendum sur le projet de Constitution européenne, un vrai sursaut populaire fit entendre sa différence en votant «NON» à 55%. Ainsi, les Français exprimèrent leur refus de confier à «d’autres» le soin de conduire une politique engageant leur avenir. Les causes de ce rejet furent multiples, souvent contradictoires, parfois même infondées. S’y retrouvèrent pêle-mêle : l’adhésion de la Turquie à l’UE, les dérives ultralibérales du volet économique de la Constitution, la peur du «plombier polonais», la crainte des délocalisations…

LE SÉISME DU 29 MAI N'A PAS ÉBRANLÉ LES VAINCUS

Mais ce «NON», puissant, massif, scella avant tout la défiance qu’inspirent à un nombre croissant d’entre nous les partis et les hommes qui se succèdent depuis des décennies à la tête du pays. Il sanctionna leur incapacité à répondre aux préoccupations des Français (chômage endémique, accroissement des inégalités, collusions politiques, promesses non tenues…) ainsi que le matraquage médiatique qui tenta, dès l’ouverture du débat référendaire, à marginaliser coûte que coûte les partisans du «NON».

Il s’en suivit une sorte de séisme qui – de l’avis des analystes – devait ébranler durablement les fondements du paysage politique national. Tout concordait effectivement à le croire, tant le camp des «vaincus» rassemblait tous ceux, ou presque, qui comptent (entendez par-là qui ont le pouvoir).
Le premier d’entre eux, le chef de l’État, se retrouvait mis en minorité sur une question qu’il avait lui-même posée et soutenue ardemment (mais maladroitement). Suivaient, dans le désordre, le Président de l’UMP, pourtant présenté par des médias complaisants sous les traits de l’homme «providentiel», puis le PS, premier parti d’opposition, l’UDF, et plus de 90% des «représentants du peuple» à l’Assemblée nationale. Quel désaveu ! Tous mordirent la poussière ce 29 mai, jour de débâcle pour les uns, jour de renouveau pour les autres… du moins, le croyions-nous alors !

L'OPINION PUBLIQUE EST REPRISE EN MAINS, L'OPPOSITION CITOYENNE BÂILLONNÉE !

Quatre mois après ce coup de semonce qui appelait une recomposition du paysage politique, on assiste impuissant à une reprise en mains de l’opinion publique par cet establishment désavoué. Pourtant, ce ne sont pas les «répliques» qui manquèrent de rappeler que ce séisme du 29 mai n’était pas qu’un épiphénomène, un ras-le-bol passager ou épidermique. Au mois de juillet, un sondage BVA commandé par Le Figaro (que l’on ne peut pas soupçonner d’activisme subversif) nous annonçait que 78% des Français estiment que l’Assemblée nationale ne les représente pas. Un mois plus tard, Franck Borotra, un proche de Jacques Chirac, ancien ministre sous Juppé, ex-numéro 2 du RPR, ex-Président du Conseil général des Yvelines, martelait dans le Nouvel Observateur du 11 août : «La fracture sociale s’est élargie. De plus en plus de gens entrent dans le champ de la précarité (…). Notre démocratie est en danger car le contrat de confiance entre électeurs et élus a été rompu : Nous n’avons plus aucune légitimité».

55 à 60% DES FRANÇAIS NE SONT PAS REPRÉSENTÉS À L'ASSEMBLÉE

Tous ces indicateurs renforcent le diagnostique d’une situation cataclysmique héritée d’un autre séisme, celui de 2002. On a tous encore en mémoire les résultats du premier tour des élections présidentielles, pas seulement ceux qui propulsèrent Jean-Marie Le Pen dans la course finale, mais surtout le score récolté par le candidat Chirac. 19% des votants s’exprimèrent en sa faveur, soit moins de 12% des Français en âge de voter, si l’on prend en compte les abstentionnistes et autres non-inscrits sur les listes électorales. Nous n’évoquerons pas ici le résultat de cette élection présidentielle qui ne correspond à rien d’autre qu’au rejet du FN.

Aux législatives qui suivirent, l’UMP s’adjugea une majorité absolue des sièges à l’Assemblée nationale, lui permettant de légiférer sans le soutien de son allié historique l’UDF. Ces mêmes législatives se traduisirent par l’éviction de la représentation nationale de près de 55 à 60% des Français : les 30 à 35% d’abstentionnistes (composés pour l’essentiel de «déçus» et de «dégoûtés» de la politique), les 16% d’électeurs du FN, les 10% d’électeurs de LO-LCR, les 3 à 4% d’électeurs des petites listes marginales.

Aujourd’hui 15 à 18% des Français (militants et sympathisants UMP) disposent d’une majorité absolue à l’Assemblée ! Même Les Verts et les Communistes ne doivent leur présence dans les travées de l’Hémicycle qu’aux accords électoraux (compromis) passés avec leur «grand frère» de l’ex-majorité plurielle : le PS. Si, comme le FN, ces deux formations n’avaient du compter que sur leurs seuls électeurs, elles n’auraient pas un seul député à l’Assemblée. Voilà à quoi ressemble aujourd’hui cette «représentation nationale» !

LE DÉBAT DE 2007 EST D'ORES ET DÉJÀ FAUSSÉ

C’est dans ce contexte entaché de dénis de démocratie institutionnalisés (notamment l’absence d’une dose de proportionnelle dans le mode de scrutin interdisant à certaines formations d’être représentées) qu’on nous prépare aux échéances des présidentielles et législatives de 2007. C’est dans ce contexte déconnecté des réalités et des diversités politiques et sociales de la France contemporaine qu’on organise le débat dans le seul but d’en déposséder, une fois encore, une majorité de Français.

Deux candidats – avec le soutien de la connivence médiatique – semblent avoir quelques chances de l’emporter. Sarkozy, le favori du parti minoritaire UMP, dans le rôle de l’homme de la «rupture», entendons par-là celui qui va s’inspirer des recettes du thatchérisme et du reaganisme pour remettre «la France sur les rails». Et à sa «gauche» – le chouchou de notre Président – Galouzeau de Villepin, le socio libéral gaulliste, l’homme de la «croissance sociale».
Face à ces deux poids lourds, une armada de prétendants aiguise ses couteaux : Bayrou, de Villiers, Le Pen, Lang, Strauss-Kahn, Fabius, Buffet, Besancenot (?), Bové (?), Laguilliers (?)… Mais le débat est déjà faussé. Il est cannibalisé par le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur qui se livrent une guéguerre factice savamment entretenue par les médias pour mieux étouffer leurs adversaires potentiels. Même Ségolène Royal (PS) est déjà tombée dans ce piège tendu par les deux compères, en jugeant Dominique de Villepin «plus social» que son concurrent.

Voilà le choix qui s’offre à nous en cette fin d’année 2005 qu’il convient d’élargir quand même à quelques outsiders comme Strauss-Kahn et Fabius. Voilà sur quoi débouche le séisme de 2002, le tremblement de terre du 29 mai et toutes les «répliques» révélatrices du malaise et du déclin démocratiques de notre pays : un statu quo, un retour à la case départ !

LA FRANCE EST RUINÉE, ET LES RESPONSABLES SERONT CANDIDATS EN 2007

Mais la France est malade de ces politiques qui se succèdent aux affaires depuis des décennies (Jacques Chirac n’était-il pas Premier ministre en 1974, sous Giscard d’Estaing, il y a plus de 30 ans ?).
Et la France est malade d’une gestion économique et sociale désastreuse, menée depuis des décennies par ceux qui veulent, à gauche comme à droite, incarner le «changement», la «rupture» ou «l’alternance» ; une gestion des affaires qui s’est traduite par un accroissement constant des inégalités, de la précarité et de la grande pauvreté.

La France est ruinée : 1.063 milliards d’euros de dettes publiques, 13 milliards de déficit de la Sécurité sociale, 14 milliards de déficit cumulé de l’Unedic (qui gère l’assurance-chômage), 2,4 millions de chômeurs (de catégorie 1), 1,25 million de Rmistes, un déficit historique de notre balance commerciale annoncé pour 2005… et des records tout aussi historiques des bénéfices pour les entreprises cotées au Cac 40 en 2004 et certainement en 2005 !

Et à qui devons-nous cette situation déplorable et profondément inégalitaire ? À monsieur Sarkozy, ministre du Budget sous Balladur et ministre de l’Économie sous Raffarin. À monsieur Strauss-Kahn, ministre de l’Économie sous Jospin, et à monsieur Fabius, ministre de l’Économie et Premier ministre sous Mitterrand.

Nous enfonçons ici une porte ouverte en affirmant haut et fort que l’opinion française est manipulée par un establishment politique qui s’appuie sur des médias détenus, pour les plus puissants d’entre eux, par le grand capital. Les quotidiens d’information générale (Le Figaro, Libération passé récemment sous la coupe du milliardaire Rothschild…), les news magazines (Paris-Match, Le Point, L’Express…), les chaînes de télévision (TF1, M6…) et de radio (Europe1…), les fleurons de la presse magazine, nombre d'entre eux sont entre les mains des Bouygues, Pinault, Lagardère, Dassault… autant de multinationales de l’industrie du luxe, du BTP… et de l’armement (ne l’oublions surtout pas !), qui tirent des profits énormes de la mondialisation ultralibérale des flux économiques et de la déréglementation généralisée des protections sociales. Et certains de ces médias s’activent actuellement à fixer le cadre d’un débat dont – comme ils s’apprêtaient à le faire en mai 2005 – ils veulent exclure une majorité de Français.

Il s’agit bien de cela. L’establishment politique, médiatique et économique n’a qu’un objectif : accroître ses pouvoirs et bâillonner toute pensée dissidente, toute expression d’opposition véritable.

LE CHÔMAGE ET L'EMPLOI AU CŒUR DE LA MANIPULATION

Il est temps pour nous de revenir à notre sujet favori : l’emploi, le chômage et la précarité. Nos dirigeants savent bien que c’est LE sujet sensible du moment (qui fut la première motivation du «NON» au référendum du 29 mai, selon les sondages effectués à la sortie des urnes). De Villepin s’est donné 100 jours pour «redonner confiance aux Français». Il a fait du chômage la priorité gouvernementale. À peine était-il nommé à Matignon que le chômage – comme par enchantement – amorçait une décrue… très statistique, largement relayée et amplifiée par les médias. Et alors que les Français étaient en vacances, de Villepin légiféra par ordonnances pour imposer comme principe de recrutement la précarité institutionnalisée au travers du CNE (contrat de "nouvelles embauches" et sa période d’essai de 2 ans). Parallèlement, Nicolas Sarkozy s’attelait à mener une campagne de dénigrement des chômeurs, des précaires et RMIstes qui, selon lui, bénéficient de prestations sociales «avantageuses», presque «indécentes», subventionnées par celles et ceux qui travaillent (omettant bien évidemment de rappeler qu’un chômeur sur deux n’est pas indemnisé et que tout travailleur peut basculer du jour au lendemain dans la spirale du chômage).

Et ces deux «rivaux», main dans la main, avec l’assentiment du chef de l’État, vont parvenir à leurs fins. Incarner la «rupture» avec le système en place dont Nicolas Sarkozy fut pourtant, en maintes occasions, un ardent artisan. Incarner la «croissance sociale», notion fumeuse qui fleure bon la campagne électorale, pour un Dominique de Villepin qui va tenter d’accroître sa popularité sur ce thème, comme le fit naguère, il y a dix ans, un certain Jacques Chirac, élu à la Présidence de la République avec pour promesse solennelle de «réduire la fracture sociale».

Et nous serons une nouvelle fois les dindons de cette triste farce, de ce retentissant coup d’arnaque ! Contrôle accru des chômeurs et des RMIstes, sanctions «graduées», "profilages" et "dépistages" en tous genres, pour mieux avancer aux yeux de l'opinion publique que ce sont les victimes qui sont les coupables : précariser, nomadiser, liguer les salariés contre les chômeurs… DIVISER POUR MIEUX RÉGNER.

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Mis à jour ( Jeudi, 15 Septembre 2005 18:56 )  

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