Ils sont 32 % à penser le contraire et 1% ne se prononce pas.
Interrogés sur la prise en charge par l'Etat de cotisations sociales supplémentaires à partir de l'embauche du dixième salarié, ils sont 64% à trouver la mesure efficace. 36% des personnes sondées estiment que la mesure ne sera pas efficace. Concernant la mise en place dans les très petites entreprise (TPE) du "contrat de nouvelle embauche" prévoyant une période d'essai de deux ans, 53% des personnes interrogées considèrent la proposition comme pas efficace contre 46% à la juger efficace. 1% ne se prononce pas.
Par ailleurs, les mesure incitatives de retour à l'emploi sont majoritairement estimées efficaces. Ainsi, 59% des Français pensent que le crédit d'impôt de 1.000 euros pour les jeunes qui prennent un emploi dans un secteur d'activité connaissant des difficultés de recrutement sera efficace, contre 40% qui pensent le contraire et 1% qui ne se prononce pas. A noter que 74% des jeunes âgés de 18 à 24 ans intéressés par cette proposition la trouvent efficace. Enfin, 55% des sondés trouvent efficace le versement par l'Etat d'un prime de 1.000 euros à toutes les personnes au chômage depuis plus d'un an, bénéficiant de minima sociaux qui reprendront une activité. 45% estiment le contraire.
Sondage réalisé par téléphone du 9 au 10 juin auprès d'un échantillon de 1.006 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas).
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Libération - lundi 06 juin 2005
La France et l'Europe paient très cher l'immobilisme de Jacques Chirac sur le front de l'emploi, qui fut la raison principale du non à la Constitution. Le chômage devient, bien tard, la bataille principale du gouvernement et, pour mener cette bataille, le Président a nommé un Premier ministre dont on ne savait pas qu'il était intéressé par l'économie ou même compétent sur ces questions. A supposer qu'il en ait, on ne connaît pas ses idées en la matière, notamment sur le chômage. Ses déclarations, ainsi que celles du Président, signent le grand retour du ni-ni à la française (ni modèle anglo-saxon, ni immobilisme). Pour le moment, elles sont tellement générales qu'on ne voit se dessiner aucune stratégie claire.
Sur l'emploi, la première contre-vérité à combattre est que le gouvernement serait privé de ses marges de manoeuvre par l'Europe ou la mondialisation. Les marchés de l'emploi restent nationaux. L'adoption du traité n'aurait d'ailleurs ni augmenté ni diminué le chômage en France. De même, l'adoption de l'euro n'a ni créé ni détruit d'emplois dans notre pays, contrairement à ce que soutenaient ses défenseurs ou ses adversaires. Le chômage de masse n'est d'ailleurs pas un phénomène européen : avec ses 10 % de chômeurs, la France occupe la vingtième place au sein des vingt-cinq membres de l'Union. En revanche, onze pays, dont quatre de la zone euro, connaissent un taux de chômage inférieur à 7 %.
Tentant de cacher leurs erreurs de jugement ou leur manque de courage, les hommes politiques français ont fait croire que l'Europe et la mondialisation étaient responsables du chômage : un euro trop faible puis trop fort, une politique monétaire de la BCE trop restrictive, un pacte de stabilité trop contraignant pour la politique budgétaire, une politique de la concurrence trop dogmatique, des délocalisations trop faciles… Si ces éléments suffisaient à expliquer le chômage français, on ne comprend pas pourquoi d'autres pays européens ont réussi à faire beaucoup mieux que nous. Ainsi, les taux d'intérêt de la zone euro sont peut-être un peu trop élevés mais d'autres pays européens hors zone euro appliquent des taux d'intérêt soit plus élevés, soit identiques aux nôtres avec un taux de chômage inférieur.
C'est d'abord en France que se trouvent les raisons de notre taux de chômage élevé et donc les solutions à notre problème. La meilleure chose que puisse faire le nouveau Premier ministre serait de s'inspirer du rapport de Pierre Cahuc et Francis Kramarz. Les deux économistes partent du constat que, malgré des procédures de licenciement plus lourdes que dans les autres pays européens, la France est le pays industrialisé où le sentiment d'insécurité de l'emploi est le plus élevé. Le paradoxe n'est qu'apparent : pour éviter d'embaucher des CDI au statut très protégé, les entreprises ont massivement recours aux CDD. Du coup, ceux-ci sont, de très loin, les plus touchés par les destructions d'emplois. Cette césure inégalitaire entre CDD et CDI devrait donc être supprimée au profit d'un contrat unique. Celui-ci serait moins protecteur que les actuels CDI, car les entreprises, dont ce n'est pas le métier, n'auraient plus d'obligation de reclassement. En revanche, elles devraient s'acquitter d'une nouvelle taxe au moment du licenciement.
L'autre volet important du rapport porte sur la création d'emplois freinée en France par de nombreuses réglementations . L'exemple de la distribution est assez parlant. Renforçant la loi Royer de 1973, la loi Raffarin de 1996 soumet à autorisation préalable les créations, transformations ou extensions de tout point de vente d'une surface supérieure à 300 mètres carrés. Ce texte, qui avait pour but de réduire la croissance des maxi-discounters, a très bien réussi de ce point de vue : le maxi-discount représente moins de 10 % du commerce alimentaire en France, alors qu'en Norvège ou au Danemark, par exemple, il en représente 50 % et 25 %. Mais, si on compare la croissance de l'emploi dans le commerce avec celle d'autres secteurs ou d'autres pays, on découvre que ces obstacles à l'entrée ont beaucoup moins protégé les emplois dans le petit commerce qu'empêché la création d'emplois dans les grandes surfaces. Il est clair que les commerçants, clientèle traditionnelle de la droite, feront pression contre toute remise en cause des restrictions à l'entrée dans ce secteur. Il existe d'ailleurs chez nous une étrange coalition politique sur le sujet, puisque la gauche extrême, pour qui la concurrence est un gros mot, s'opposera aussi à toute libéralisation. Dans beaucoup d'autres secteurs, les restrictions à l'entrée freinent la création d'emplois. C'est le cas des taxis, des hôtels et des cafés. Si la France avait le même taux d'emploi dans le secteur du commerce, de l'hôtellerie et de la restauration que le Danemark, elle aurait 1,2 million d'emplois en plus. N'en déplaise au Premier ministre, le problème des 2,5 millions de chômeurs ne sera pas réglé en cent jours. Il peut en revanche mettre à profit ces cent jours pour préparer l'élimination de ces verrous, strictement français, à la création d'emplois.
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Monsieur le Premier Ministre,
D'abord je ne veux pas vous décourager, mais les politiques ne résoudront jamais le problème du chômage car il dépend uniquement du patronat. Et le patronat se fout pas mal des mesures. Quand il a besoin de main d'œuvre, il embauche quelque soit son coût, et quand il n'en a plus besoin, il débauche. Le reste, sans vouloir vous froisser, n'est que verbiage destiné à faire croire au peuple que les élus sont utiles dans ce domaine. Ils le sont certainement pour nombre d'actions mais sur le travail, nenni.
Ensuite, sans vouloir vous embêter, ce sont les TRAVAILLEURS qui ont besoin de vous, pas les chômeurs. Je vais vous en fournir quelques exemples.
Qui subit quotidiennement la pression de sa hiérarchie, des objectifs, des performances, des challenges ? Qui de la sorte est contrôlé, parfois sanctionné, tous les jours?
Qui craint de perdre sa place pour des raisons de productivité, de concurrence, de parité monétaire faussée ?
Qui craint de perdre son pouvoir d'achat, sa maison, ses voitures ?
Qui s'abrutit à effectuer des tâches répétitives, intensives, contradictoires . Qui travaille de plus en plus chaque jour, chaque semaine, chaque année ?
Qui doit sans cesse négocier une augmentation souvent différée, amputée ou annulée ?
Qui voit à la porte du bureau, des usines où il travaille, des milliers, des millions de cannibales prêts à le bouffer et à piquer sa place au moindre faux-pas ? Qui s'entend dire par son patron : "Faites un effort mon petit Jean-Pierre, sinon demain matin je peux en embaucher 10 des comme vous qui ne me coûteront pas plus cher ? "
Qui tremble en calculant son impôt, en regardant la dégringolade de son plan de retraite en actions ?
Qui doit se contenter du prime time télévisuel et des publicités, ne va plus au cinéma, au théâtre, ne lit plus parce que le soir il ou elle sont épuisés et que demain matin la tyrannie du réveil-matin va sévir ?
Qui a (parfois) mauvaise conscience en réalisant tout la pollution qu'il génère en travaillant ou en se rendant sur son lieu de travail ?
Qui ne voit pas grandir ses enfants, délaisse sa femme, oublie ses parents faute d'un créneau horaire suffisant pour s'occuper des siens ?
Qui multiplie les risques d'accident de transports, cardiaques, maladies professionnelle s, (il n'existe pas dans le lexique de maladies oisives, ou alors l'alcoolisme, mais elle est commune à toutes les catégories je crois), rixes dans les ateliers ou suicides dans un entrepôt pour remontrances ou harcèlement ? Qui mourra prématurément sans profiter de sa retraite parce qu'épuisé ?
Qui voyage en groupe et à date fixe vers des destinations surpeuplées pour prendre des vacances ?
Qui n'a plus le temps de mener une vie associative, de s'ouvrir sur son voisinage, d'aider son prochain ?
Qui est obligé laborieusement de développer des qualités de créativité dont bénéficiera exclusivement son employeur ?
Etc, etc, vous avez deviné la réponse, bien sûr. Et pour continuer sur une note infiniment plus positive, d'autres considérations :
Qui ne subit qu'une fois par an un contrôle courtois de l'ANPE sur ses recherches d'emploi ? Qui, s'il a amassé suffisamment de réponses écrites (par de pauvres salariés tenus d'effectuer cette peu amène tâche que de déclarer leurs regrets et de souhaiter bonne chance en se disant que demain, ce seront eux qui recevront, quand ils sont envoyés, ces courriers, civils et réconfortants) est peinard, peut continuer à pointer et percevoir l'argent public ?
Qui ne craint pas de perdre sa place pour insuffisance de productivité ou de résultat ?
Qui ne craint pas de perdre ses biens matériels qu'il n'a pas ou qu'il n'a plus?
Qui s'enrichit à diversifier ses loisirs, ses occupations, ses relations, menés sur un tempo calme et apaisé ? Et qui encore, au fur et à mesure que son inactivité croît, se délasse, se détend, se repose de plus en plus ?
Qui ne se soucie plus d'avoir à négocier une augmentation, puisqu'il connaît par avance le terme et le montant de ses allocations, et qu'il n'ira jamais plus bas qu'un revenu zéro ?
Qui ne voit jamais devant la porte de chez lui des milliers, des millions de travailleurs venir lui piquer son inconfort ?
Qui sourit intérieurement en surveillant sa boîte à lettres au moment des déclarations fiscales, la sachant vierge de ces tracasseries ?
Qui peut se permettre de ne jamais regarder les journaux télévisés, les émissions people et d'allumer son téléviseur qu'à partir de 22 heures pour bénéficier, détendu, des émissions culturelles ? Qui peut veiller tard dans la nuit n'ignorant pas que son réveil-matin est lui aussi inscrit au chômage ? Qui se cultive en fréquentant les médiathèques, en écrivant, en rêvant ?
Qui se réjouit de contribuer à la bonne santé de sa planète en se déplaçant, à pied, en vélo, en utilisant les transports en commun, en ne prenant jamais l'avion et en n'activant pas une machine pétaradante et polluante ?
Qui s'occupe et élève ses enfants, choie son épouse, visite ses parents ?
Qui s'occupe de sa santé, évite les risques d\'accident, d'infarctus, de stress ? Qui ne panique pas en se disant qu'il ne profitera pas de retraite, car ne plus avoir d'emploi c'est déjà être en retraite ?
Qui évite consciencieusem ent les destinations people pour les vacances (il est en vacances et il n'a pas de sous) et retrouve le bonheur hédonique de s'émerveiller d'un pré fleuri, d'un cours d'eau chantant ou d'un parc public arboré ? Qui peut décider de le faire seul et quand il veut ? (sauf pour les prés fleuris, le printemps étant une période propice d'après nos observations).
Qui s'épanouit dans diverses pratiques associatives, culturelles, sportives ou amicales, prend le temps de parler et se penche sur son prochain, quand personne ne se penche sur lui ?
Et qui a développé une somme vertigineuse d'aptitudes à la survie sans argent, à la créativité sans moyens financiers, à la connaissance, à l'humanisme, à l'ingéniosité, à la persévérance, à l'optimisme, à l'abnégation ? (Chômer 24H/24, c'est plus long que travailler 8 à 10 H/jour).
En réalité, vous connaissez là aussi la réponse.
Toutes ces qualités que le chômeur développe pour ne pas crever sont exactement les qualités que l'employeur exige de ses salariés et qu'il n'obtient pas. La preuve : il les licencie. Quel malheur que ce soient les travailleurs, donc les plus inaptes, qui soient obligés de se coller au turbin, alors que toutes les compétences requises existent chez les chômeurs.
Le monde est mal fait.
Alors vous voyez Monsieur de Villepin, ne vous mettez pas la pression, ne vous occupez pas des chômeurs, occupez vous des travailleurs. Ils réclament toute votre attention.
Et en plus, ils sont en voie d'extinction.
François GOLLEAU de Nîmes, le 07/06/05.
Demandeur d'emploi depuis 3 ans, 49 ans, auteur de l'Armée des précaires. Répondre | Répondre avec citation |