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France 2 discrimine les "seniors" au chômage

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Sur la chaîne publique, le Pape a écrasé les chômeurs : voici un zoom sur des pratiques rédactionnelles où le politiquement correct devient plus que contestable aux heures de grande écoute.

Petit rappel des faits : notre action juridique - 7 chômeurs portent plainte pour discrimination à l'embauche - a rapidement suscité des réactions presse (Le Parisien, Ouest-France, Le Télégramme, Libération…), TV (TF1) et radio (RMC). Puis est tombée notre première dépêche AFP.

Côté télévision, alors que Yves avait déjà témoigné sur TF1 au JT de 20H le samedi précédent, il a été décidé que Sophie prenne le relais sur France 2 afin que ce ne soit pas toujours la même tête qui dénonce les offres d'emplois illégales sur le petit écran, et que soit aussi représentée une femme en butte à la discrimination sur l'âge malgré ses 42 ans.

Mardi 19 après-midi, Julien Beaumont, journaliste de France 2, débarque chez Sophie accompagné de son équipe : un caméraman (pigiste, donc précaire), un preneur de son (fringuant "senior" de 47 ans), et une jeune stagiaire de 21 ans (ah, ces nouveaux esclaves gratuits !). Il décide d'un tournage à l'extérieur. Ils vont donc filmer dans son quartier l'achat d'un bi-mensuel de petites annonces à 1,5 € chez la marchande de journaux => RECRUT, version papier de Recrut.com, que nous allons aussi attaquer en justice tant il regorge d'annonces illégales : il faut avoir moins de 26 ans sur la plupart des offres, on tolère une esthéticienne jusqu'à 45 ans, et un directeur technique ou des commerciaux jusqu'à 40. Après épluchage du scandaleux torchon à la terrasse d'un café avec gros plans sur les criminelles annonces, Sophie a répondu du mieux possible aux questions posées.

D'expérience, nous savons qu'il est toujours décevant de se découvrir passé(e) au moulinet réducteur de la télévision, surtout celui des JT. Mais ce soir-là ce fut pire que tout : un nouveau pape venait d'être élu, et France 2 y consacra plus des 3/4 de son édition de 20 heures !
L'immense majorité des Français a supporté poliment la nécrophilie médiatique outrageusement déployée à la mort de Jean-Paul II. Et mardi soir, il fallait encore se taper l'extase télévisuelle autour d'un seul homme, ce Benoît XVI.

On s'interroge : quelle est la véritable mission du service public, censé par définition privilégier la laïcité ? Où est passé le devoir d'information de la rédaction de France 2 ?
Ajoutée à l'indécence professionnelle, l'indécence visuelle de cet homme de 78 ans abondamment promis à un bel avenir dans le luxe du Vatican alors que l'une des nôtres, vivant à l'ASS, attendait de s'exprimer au nom des + de 40 ans exclus du marché du travail en France, avec zéro avenir à la clé ! Pourquoi, encore et toujours, focaliser sur un unique individu bien nourri alors qu'autour de lui des millions d'êtres humains (dé)périssent dans l'indifférence générale ?

Le lendemain matin - mercredi 20, Sophie rappelle son journaliste et lui demande si c'est foutu, ou reporté. Il lui assure que le reportage est maintenu pour le JT du soir, et qu'à celui de 13H on va même parler de la marche de Patrick Mayo. SUPER !!!
Et nous revoilà plantés devant Pujadas : encore 20 minutes sur le nouveau pape, qui sera plus réac que le précédent, puis l'ex PDG de Carrefour avec ses 29 millions de retraite assurée et ce gouvernement qui, en prévision du référendum, veut faire semblant de donner l'exemple en réduisant son parc automobile, etc etc... Mais inexplicablement, alors qu'il y avait matière à enchaîner, le reportage sur Sophie sera zappé une fois de plus. Les chômeurs passent encore à la trappe, et la chômeuse professionnellement discriminée le sera aussi médiatiquement.

Pour la deuxième fois et sans attendre le lendemain, Sophie rappelle Julien Beaumont. Toujours très poli, la voix chantante, il lui dit que c'est le choix de la rédaction de France 2 vu "l'abondante actualité sociale", et que "par respect" pour notre histoire vis-à-vis de l'info concernant la "retraite-chapeau" du Pdg de Carrefour, ils ont préféré s'abstenir (sic). Elle apprend que celui qui décide de la programmation du 20H de France 2 se nomme Vincent Guerhards. On lui promet que ça passera demain soir, mais elle n'en croit pas un mot.
Et elle n'a pas tort : jeudi soir, il n'y aura rien non plus. Ni vendredi.

On se demande où sont le respect et l'objectivité de France 2 dans cette affaire.
Le respect, car le journaliste s'est comporté comme un recruteur, petit intermédiaire dynamique qui tient à sa place et qui ment avec le sourire car il n'ose pas vous dire en face que c'est non (les motifs du patron sont si inavouables…), comptant sur votre lassitude. Les demandeurs d'emploi ne connaissent que trop bien ces méthodes.
L'objectivité, car il est du devoir du rédacteur en chef - en l'occurrence Monsieur Vincent Guerhards, qui a remplacé Olivier Mazerolles - de faire se côtoyer des informations même dérangeantes et contrastées, par souci de vérité car tel est le monde dans lequel nous vivons.

France 2, service public ? Cette orgie papale était inadmissible.
Et l'objectivité professionnelle de Vincent Guerhards consisterait en des choix éditoriaux aussi consensuels qu'arbitraires, volontairement éloignés des vérités quotidiennes : son JT n'est donc pas fiable. Nous en sommes désolés.

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Mis à jour ( Samedi, 23 Avril 2005 08:07 )  

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