Louis Schweitzer (62 ans, PdG de Renault) est donc nommé à la présidence de la Halde, puisque Bernard Stasi, qui avait conduit les travaux préparatoires à sa création, en avait décliné l'offre pour des raisons de santé. «Un chef d'entreprise est le plus à même d'appréhender les questions de discriminations à l'embauche» souligne-t-on à l'Elysée, où l'on ajoute : «Il a fait beaucoup chez Renault contre les discriminations».
Sont nommés membres du collège de la haute autorité :
- par le Président de la République : Mme Nicole NOTAT (ancienne n°1 de la CFDT)
- par le Premier ministre : Mme Cathy KOPP et M. Alain BAUER
- par le Président du Sénat : Mme Marie-Thérèse BOISSEAU et M. Claude-Valentin MARIE
- par le Président de l’Assemblée Nationale : Mme Fadela AMARA (Ni putes ni soumises) et M. Amar DIB
- par le Président du Conseil économique et social : M. Marc GENTILINI (ex président de la Croix-Rouge française)
- par le Vice-Président du Conseil d’Etat : M. Jean-Michel BELORGEY
- par le Premier Président de la Cour de cassation : M. Bernard CHALLE.
Les déclarations du Chef de l'Etat et de Louis Schweizer sont consultables sur le site de l'Elysée.
On notera que les dicriminations liées à l'âge n'ont pas été évoquées dans la déclaration du Président de la République. Pourtant partie intégrante du "rapport Stasi" et du projet initial de la Halde, elles ont déjà été largement éludées, d'abord dans le projet de loi de Cohésion sociale, puis dans son débat au Parlement.
Louis Schweizer, pour sa part, a souligné que le collège dont il prend la Présidence "est accompagné d'un Comité consultatif qui regroupe des représentants des associations et organisations qui travaillent dans ce domaine, et que la Haute Autorité a vocation à travailler avec ceux qui contribuent à la lutte contre les discriminations."
Jean-Louis Borloo avait indiqué en Conseil des Ministres, le 9 février, que la HALDE était "opérationnelle" ; l'annonce avait ainsi été anticipée de 3 semaines. Le 3 mars, le décret d'application de la loi du 30 décembre 2004 portant création de la Halde n'est pas encore publié.
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Elle pourra saisir le parquet. Sans disposer de pouvoirs de police judiciaire, elle bénéficiera de moyens d'investigation auprès de l'administration et des personnes privées. En cas d'obstruction, elle sera habilitée à saisir le juge des référés. Elle n'aura en revanche aucun pouvoir de sanction.
La Halde devrait s'installer prochainement dans ses murs rue Saint-Georges (IXe), à deux pas du ministère chargé de l'exclusion et de l'intégration. Des délégations sont prévues pour 2005 dans cinq régions, première étape avant généralisation.
(Source : AFP) Répondre | Répondre avec citation |
Le choix de l'actuel PDG de Renault par Jacques Chirac a provoqué une certaine surprise. Une autre personnalité de gauche, Nicole Notat, a accepté d'entrer au collège de la Halde. En nommant, jeudi 3 mars, Louis Schweitzer, l'actuel PDG de Renault, à la présidence de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde), Jacques Chirac a rempli un engagement pris il y a plus de deux ans mais provoqué la surprise par la personnalité choisie.
La création d'une autorité indépendante, inspirée de modèles européens comparables et chargée de traquer "toutes les formes de discriminations , qu'elles proviennent du racisme, de l'intolérance religieuse, du sexisme., ou de l'homophobie", avait été annoncée par le président de la République lors d'un discours sur la cohésion nationale, à Troyes, le 14 octobre 2002.
En février 2004, après sept mois de travail et 140 auditions, Bernard Stasi, alors médiateur de la République, avait remis au premier ministre un rapport dressant un état des lieux peu complaisant sur la lutte contre les discriminations . Il préconisait de passer par la loi pour mettre en place une structure efficace, dont il définissait les missions. Cela fut fait dès le 30 décembre.
Le 26 janvier, naturellement pressenti par le chef de l'Etat, dont il est proche, pour prendre la présidence de la Halde, M. Stasi a fait savoir qu'il renonçait. Cette défection tient à des raisons de santé, mais aussi, selon Christian Saout, président de l'association Aides, au fait que M. Stasi n'a pas obtenu de choisir le directeur de la Halde, ni un budget suffisant pour créer des entités territoriales.
"Ce sont des raisons personnelles et en aucun cas des questions de fond", dément formellement l'Elysée. Il a fallu lui trouver un remplaçant et revoir la composition du collège de onze membres, dont l'équilibre était construit autour de lui. D'où un retard dont les associations commençaient à s'émouvoir.
La question de la nomination de M. Schweitzer a été réglée, dimanche 27 février, entre l'intéressé et M. Chirac, à l'Elysée. Nicole Notat, dont le chef de l'Etat n'a jamais désespéré de faire une ministre ou de lui confier une mission d'importance, a finalement accepté d'être membre du collège.
"L'EXPÉRIENCE DE LA RÉALITÉ"
Jacques Chirac nomme ainsi deux personnalités de gauche, dont l'une fut le directeur de cabinet de Laurent Fabius au budget, à l'industrie puis à Matignon, et l'autre secrétaire générale de la CFDT de 1992 à 2002. Mais cet aspect n'est pas entré en ligne de compte, assure un proche du président.
Louis Schweitzer "a des convictions extrêmement fortes en matière de lutte contre les discriminations et il a l'expérience de la réalité", souligne Frédéric Salat-Baroux, le secrétaire général adjoint de l'Elysée.
Renault a signé le 14 décembre 2001 un accord sur la discrimination syndicale, mais avec quatre ans de retard sur celui négocié chez PSA Peugeot-Citroën. "Aujourd'hui, 40 % des cas ne sont pas encore réglés chez Renault", fait remarquer Philippe Martinez, responsable de la branche automobile à la fédération CGT de la métallurgie, qui se dit "surpris" par cette nomination.
Le constructeur automobile, poursuivi par un Français d'origine tchadienne pour discrimination raciale, avait voulu faire preuve de bonne volonté en adhérant à la Charte de la diversité dans l'entreprise en octobre 2004, soit trois mois après son entrée en vigueur. Le conseil des prud'hommes de Paris a écarté l'accusation de discrimination raciale en janvier, mais Renault a été condamné pour "inexécution loyale du contrat de travail".
Pour la CFDT Renault, M. Schweitzer est "un très bon choix", en raison de "son autorité et de sa notoriété". Selon Fred Dijoux, délégué central CFDT, le PDG de Renault a fait preuve "d'une certaine rigueur morale à la tête de Renault".
La Haute Autorité dispose, pour 2005, d'un budget de 10,7 millions d'euros, de 56 personnes à son siège à Paris et de 10 en délégation. Pouvant être saisie par toute personne qui s'estime victime d'une discrimination, dont la plupart ont lieu au travail, elle aura autorité sur toute forme de discrimination légale et pourra saisir le parquet. Elle bénéficiera de moyens d'investigation auprès de l'administration et des personnes privées et sera habilitée à saisir le juge des référés. Un travail qui s'annonce "à temps plein", comme l'Elysée l'a précisé d'emblée à M. Schweitzer.
"L'ESSENTIEL DE SON TEMPS"
L'entourage de ce dernier fait savoir que la présidence de la Halde "occupera l'essentiel de son temps", mais que cette nomination "ne remettra pas en cause les mandats qu'il occupe actuellement". Le 29 avril, Louis Schweitzer doit quitter ses fonctions exécutives à la tête de Renault, fonctions qu'il cédera à Carlos Ghosn, pour devenir président du conseil d'administration du constructeur automobile.
Outre ce poste, M. Schweitzer est, depuis le 1er janvier, président du groupe pharmaceutique anglo-suédois AstraZeneca, siège aux conseils d'administration de Volvo, BNP-Paribas, EDF, Veolia et Philips, et vient d'être nommé à celui de L'Oréal. Il est président du Musée du Louvre et devrait prochainement prendre la présidence du Festival d'Avignon.
Et quid de la fonction de président du Medef international, qu'il doit prendre en avril ? Cela pose non seulement des problèmes d'emploi du temps, mais de compatibilité. L'Elysée semble penser que Louis Schweitzer y renoncera, mais l'entourage de celui-ci se montre assez flou sur le sujet.
• La liste des onze membres dévoilée jeudi
La composition de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde) a été rendue publique jeudi 3 mars. Elle comprend onze membres.
Nommés par le président de République : Louis Schweitzer, PDG de Renault, et Nicole Notat, PDG de l'agence de notation sociale Vigeo.
Par le premier ministre : Katy Kopp, directrice des ressources humaines du groupe Accor, et Alain Bauer, président de l'Observatoire national de la délinquance (OND).
Par le président du Sénat : Marie-Thérèse Boisseau, ancienne secrétaire d'Etat aux personnes handicapées, et Claude-Valentin Marie, ancien directeur du Groupe d'étude et de lutte contre les discriminations (GELD).
Par le président de l'Assemblée nationale : Fadela Amara, présidente du collectif Ni putes ni soumises, et Amar Dib, de l'association Convergences.
Par le président du Conseil économique et social : Marc Gentilini, ancien président de la Croix-Rouge.
Par le vice-président du Conseil d'Etat : Jean-Michel Belorgey, conseiller d'Etat.
Par le premier président de la Cour de cassation : Bernard Challe, magistrat. Répondre | Répondre avec citation |