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Division internationale du travail et modèle low-cost : Quand un Anglais mange des lasagnes

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Cela fait quarante ans que les Britanniques (les Français aussi, me direz-vous) votent de plus en plus à droite, que leurs suffrages se portent vers le parti travailliste ou vers le parti conservateur. Alors, la division internationale du travail, ça les connaît et ils en redemandent.

Au début des années soixante, pour manger des lasagnes en Angleterre, il fallait entrer dans un restaurant italien, et ça coûtait la peau des fesses. Les Anglais, comme tous les autres, ont payé au prix fort la démocratisation de l’exotisme.

Si j’ai bien compris cette histoire de lasagnes à la viande de cheval, on a donc un Anglais qui achète des lasagnes surgelées dans son Tesco préféré. Sur l’emballage il est écrit, puisqu’elles sont à la Bolognaise (my foot !), que ces lasagnes contiennent de la viande de bœuf. Il apparaît qu’elles contiennent surtout de la viande de cheval. La consommation de la viande de cheval outre-Manche n’est pas interdite : elle est taboue. Comme celle des grenouilles. L’idée de manger du cheval fait gerber les Anglais, ce qui est leur droit.

Le produit est de la marque Findus («Heureusement, il y a Findus !»), entreprise dont le siège social est situé à Bjuv en Suède. Après avoir été une filiale de Nestlé, Findus appartient au fonds d’investissement Britannique Lion Capital (de quoi se plaignent les Grands-Bretons, ils mangent national, non ?), 4,8 milliards d’euros depuis 2004, excusez du peu.

La viande de bœuf incriminée provenait de Roumanie. Par parenthèse, il va falloir s’habituer de plus en plus à manger roumain (je ne parle pas des Roumains qui vont continuer à crever de faim, je parle de nous) : il s’installe actuellement dans ce pays ravagé une entreprise à capitaux étatsuniens qui va produire cinq millions de cochons par an.

Le bœuf est alors conditionné par l’entreprise française Comigel. Non, pas française. Luxembourgeoise. La plaque de l’entreprise est située à Metz, dans le même bâtiment que le consulat du Luxembourg. La filiale locale de Comigel, Tavola, est propriétaire d’une énorme unité de production dans le canton de Capellen au Luxembourg. Comigel est née dans le Grand-Duché en 1972 et elle assure l’approvisionnement de grands distributeurs (Auchan, Cora…) ou de grandes marques de la congélation (Findus, Thiriet, Picard). L’entreprise — ses 200 employés — débite chaque année 17.000 tonnes de surgelés par an, envoyés dans une quinzaine de pays. Depuis 2007, Comigel appartient au fonds d’investissement Cerea Capital, après avoir été avalé en 1991, puis cédé par le groupe britannique Perkins Food. Sur la page internet de Cerea Capital, on lit ceci : «Céréa Gestion lève et gère des fonds dédiés aux opérations de transmission ou de financement mezzanine dans l’agroalimentaire et ses secteurs connexes. L’expertise sectorielle et le professionnalisme de ses équipes permettent d’accompagner avec pertinence les managers dans leurs décisions stratégiques et d’en faciliter la mise en œuvre. Céréa Gestion est un acteur engagé en faveur du Développement Durable dans le capital investissement». «Développement durable» : on respire !

Comigel a annoncé le retrait de «tous les produits liés à son fournisseur», sans le nommer. En soirée, la chaîne de supermarchés Aldi (chaîne allemande, propriété de deux des cinq hommes les plus riches d’Allemagne) a annoncé que deux autres plats préparés distribués au Royaume-Uni par Comigel — des lasagnes et des spaghettis à la bolognaise — de la marque Today's Special contenaient entre 30% et 100% de viande de cheval.

Comigel pensait (croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer) qu’il s’agissait de viande d’origine française mais elle a appris, selon les dires de son président Erick Lehagre, qu’elle venait en fait de Roumanie. «Il y a huit jours, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait un problème, après avoir été alertés par des gens sur le marché britannique. Nous avons identifié le fournisseur en cause : il s’agit de la société Spanghero», basée à Castelnaudary dans l’Aude, a-t-il poursuivi. «Elle nous a indiqué que la viande venait d’un producteur roumain. On a pu voir qu’elle venait d’abattoirs en Roumanie qui abattaient et découpaient du boeuf et du cheval». Ah ! les frères Spanghero : la belle époque du rugby français. Trois géants, petits-fils de Frioulais. Des joueurs magnifiques, une reconversion magnifique. Dans les voitures, la viande, le cassoulet. Des centaines d’employés.

Quand je pense que tout ce beau monde se décarcasse pour que le prolo d’Huddersfield puisse manger des lasagnes à quatre shillings la barquette… More beautiful the life !

(Source : Le blog de Bernard Gensane)

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Mis à jour ( Lundi, 11 Février 2013 17:28 )  

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