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Destructions d'emplois massives mais discrètes dans les groupes publics

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Pour un emploi détruit dans le secteur privé, combien le sont dans le secteur public marchand ? Tandis que les réductions d'effectifs chez Renault font l'actualité, de grandes entreprises publiques suppriment des emplois par milliers sans faire les gros titres des journaux.

Il en va ainsi de La Poste, premier employeur de France après l'Etat (268.822 agents à fin 2011), qui a supprimé 8.500 emplois par an en moyenne sur la période 2003-2011, le nombre de départs naturels excédant toujours celui les embauches. Si la récente vague de suicides de postiers sur leur lieu de travail, fin 2011 et en 2012, a révélé un profond malaise social chez l'opérateur postal — lié à l'impact des réductions d'effectifs sur l'organisation du travail —, pendant des années, le PDG Jean-Paul Bailly a réduit l'emploi en maintenant la paix sociale. C'est pourquoi les 80.000 postes perdus par le groupe public en dix ans — le nombre de fonctionnaires a été divisé par deux — n'ont pas davantage fait la Une.

Evidemment, l'absence de licenciements dans le secteur public compte pour beaucoup dans cette relative indifférence. Mais la conviction, solidement ancrée dans l'opinion, que les groupes publics étaient ou sont encore en sureffectifs et peuvent supporter des coupes claires sans affecter les services rendus, pèse aussi. Qui plus est, en France, la fermeture d'usines renvoie à la lourde problématique économique de la désindustrialisation des territoires. Les suppressions d'emplois dans les services mobilisent moins l'opinion.

Sans fracas

"L'habitude s'est installée de voir La Poste annoncer des destructions massives d'emplois via des départs naturels ou volontaires, analyse Nicolas Galepides (Sud-PTT). Comme il n'y a pas de plan social et que c'est moins brutal qu'ailleurs, la direction agit sans fracas. Elle communique sur le nombre d'embauches, mais les 5.000 recrutements par an d'ici à 2014 annoncés dans le cadre du ‘grand dialogue’ lancé après les suicides ne compenseront pas les 13.000 agents qui partent chaque année."

"Le recours aux contrats à durée déterminée et aux intérimaires, en plus de la sous-traitance, nous préoccupe : on crée de l'emploi précaire et moins payé." A La RATP, Jacques Eliez, secrétaire général de la CGT, s'inquiète aussi de cette attrition de l'emploi public : "Il y a un paradoxe à voir l'Etat se battre pour sauver des usines et précariser l'emploi dans ses entreprises", lance-t-il. A périmètre constant, la régie de transports publics (42.200 agents) a perdu 4.000 emplois depuis 2006, précise-t-il, et encore 650 environ en 2012. "C'est plus d'emplois détruits que dans l'usine de PSA à Aulnay", déplore le syndicaliste.

Chez France Télécom, dont l'Etat possède encore 27%, la direction a annoncé 4.000 créations d'emplois d'ici à 2015. Mais elle a évalué à 9.000 les départs à la retraite sur la période, dont un gros contingent de fonctionnaires embauchés entre 1975 et 1977. Les syndicats ajoutent à ce décompte les départs naturels et, au final, France Télécom pourrait perdre entre 8.000 et 10.000 salariés en France (sur 100.000). Surtout qu'un ‘accord senior’ vient d'être signé pour accélérer le départ des fonctionnaires les plus âgés. "La direction estime à 10.000 les candidats potentiels au temps partiel senior, mais n'a pas prévu de recrutement compensatoire", déplore Patrick Ackermann de Sud-PTT.

"France Télécom réalise encore des profits substantiels, mais le gouvernement laisse passer ces suppressions d'emplois, regrette-t-il, notre groupe pourrait très bien servir d'amortisseur social de la crise." Un proche de la direction glisse pour sa part : "C'est vrai qu'en interne le climat social s'est apaisé, la crise des suicides est derrière nous. Et les suppressions de postes sont moins impressionnantes que chez Renault ou PSA" [1]...

A la SNCF, direction et syndicats s'opposent sur les chiffres. La première assure que les effectifs de l'Epic, établissement public à caractère industriel et commercial, vont rester constants en 2013 par rapport à 2012 (environ 150.000). "En réalité, on pense qu'il va y avoir entre 7.000 et 8.000 départs naturels par an, essentiellement pour cause de retraite. Ils ne seront pas compensés par la récente promesse de la direction d'embaucher 40.000 personnes d'ici à 2017. En effet, ces recrutements concerneront l'ensemble du groupe, et pas seulement l'Epic", pointe Patrick Lame de FO-Cheminots.

(Source : Le Monde)


[1] Chez PSA, entre les départs "volontaires", les reclassements et les non-remplacements de départs à la retraite, 11.000 personnes devraient quitter l'entreprise d'ici à 2014. La fermeture de l'usine d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), prévue à cette échéance, assure du reclassement de ses 3.000 salariés : 1.500 devraient notamment rejoindre l'usine de Poissy (Yvelines) et, concernant l'autre moitié des salariés, PSA assure avoir trouvé 1.250 propositions d'emploi. Mardi 15 janvier, la société IDLogistic a présenté son projet : 540 postes de caristes ou préparateurs de commandes sont proposés. Pas convaincus, les syndicats ont entamé mercredi 16 janvier un mouvement de grève à Aulnay qui paralysait une partie des chaînes de montage.

Chez Renault, dont l'Etat possède 15%, 7.500 postes vont être supprimés d'ici 2016, soit 14% des effectifs : 5.700 "départs naturels à la retraite qui ne seront pas remplacés" + 1.800 personnes qui pourraient être concernées par une prolongation et un renforcement des dispositifs GPEC. Le ministre du redressement productif Arnaud Montebourg a salué ce plan de restructuration qui ne prévoit ni licenciement ni fermeture d'usine, "deux lignes rouges" qui n'ont "pas été franchies", selon lui : chez cet homme "de gauche", le moins-disant social au nom de "l'emploi à tout prix" règne lamentablement.
Du côté des syndicats, on dénonce une annonce qui relève de la «manipulation» alors qu'un accord est en discussion : elle «est faite pour créer un choc chez les salariés en leur disant Renault va très mal, et mettre la pression sur les syndicats pour les forcer à signer l'accord». Dès le début des négociations en novembre, alors qu'un accord sur la compétitivité était signé en Espagne, la direction avait mis la pression sur les syndicats : pas de fermeture de site si un accord était trouvé avec eux. Depuis, la direction déroule ses propositions (alignement du temps de travail pour tous les sites, mobilité obligatoire, «mutualisation» d'activités) tout en évoquant la possible venue de partenaires, comme Nissan et Daimler, dans des usines françaises. «On nous demande de signer un accord sans savoir la stratégie de l'entreprise», déplore SUD qui prévoit de proposer «des actions» aux salariés mais au Technocentre, «ce n'est pas une population qui manifeste sa révolte. Soit ils se taisent, soit ils démissionnent»...



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Mis à jour ( Mercredi, 16 Janvier 2013 17:50 )  

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