L'année 2004 avait déjà été morne, avec une progression de seulement 17.200 postes (+0,1%… ridicule). Selon l'Insee, l'année 2003 a même connu la disparition historique de 67.000 emplois. Avec 5.000 créations au deuxième trimestre 2005 - selon les statistiques du ministère de l'emploi publiées hier - la progression a été quasi nulle pour un nombre de salariés s'élevant à désormais à 15.427.200. Au premier trimestre 2005, selon le ministère, 12.000 postes auraient été créés. Cela fait 17.000 créations d'emplois dans le secteur marchand depuis le début de l'année pour 2.423.300 chômeurs officiels, stagnants et coupables à diagnostiquer, profiler et sanctionner, voilà qui est prometteur !
Ces résultats confirment que la baisse du chômage en juin (-1%) et juillet (-1,4 %), qui a fait passer la France sous la "barre symbolique" des 10%, n'a pas été due à la création d'emplois dans le secteur marchand. Elle a surtout été le fait du développement des emplois aidés, le traitement social-libéral et statistique du chômage relancés par le plan de cohésion sociale de Jean-Louis Borloo mis en place en janvier, et qui concernent essentiellement les employeurs publics et parapublics. Le CNE, mis en place en août et sur lequel s'extasie le gouvernement pour encourager les entreprises à recruter, n'a donc pas eu d'incidence sur les chiffres de l'emploi du premier semestre (lire notre commentaire sur les extrapolations de Dominique de Villepin)...
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Quelque 31.000 CNE auraient été conclus dans le courant du mois d'août, selon une estimation réalisée par l'URSSAF, l'organisme chargé de collecter les déclarations d'embauche. Ce chiffre communiqué jeudi 15 septembre est le fruit d'une extrapolation sur la base de moins de la moitié des déclarations collectées en août. Ce chiffre correspond à celui fourni le 1er septembre dernier par le Premier ministre Dominique de Villepin qui avait alors parlé de 30.000 CNE signés depuis l'entrée en vigueur de ce nouveau dispositif le 4 août dernier.
Ce chiffre doit toutefois être relativisé selon l'Agence centrale des organismes de sécurité sociale (ACOSS, qui regroupe les 103 URSSAF de France), dont les représentants du "département statistiques" tenaient un point presse jeudi à Paris.
Rendez-vous dans six mois
L'ACOSS, chargée par le gouvernement d'effectuer un suivi statistique des CNE, fera d'ailleurs un point aux alentours du 15 de chaque mois. Et selon l'ACOSS, il faudra six mois pour obtenir un véritable état des lieux du nombre de CNE signés en France, et de la part que ce nouveau contrat représente par rapport aux CDI (contrat à durée indéterminée) et CDD (contrat à durée déterminée) classiques.
D'abord, le CNE est encore très récent et les données rendues publiques jeudi ont été collectées entre le 4 août et le 1er septembre. Et si chaque employeur est obligé de remplir pour l'URSSAF une Déclaration unique d'embauche (DUE) et de cocher sur cette fiche quel type de contrat il veut conclure (CNE, CDI, ou CDD) pour chaque nouveau salarié, seules les déclarations faites via le site Internet de l'URSSAF ont été prises en compte en août pour le comptage des CNE. Mais les déclarations par Internet ne représentent que 45% du total des déclarations d'intention d'embauche. Le reste - 55% - est fait sur papier ou par minitel, deux supports dont les données restent actuellement trop aléatoires pour être comptabilisées concernant le CNE, d'autant plus que la case pour ce nouveau contrat n'a été ajoutée sur les "fiches papier", qu'à la mi-août.
Extrapolation
Les statisticiens ont donc effectué une extrapolation sur la base des données internet qui elles-mêmes comportent une marge d'erreur selon un sondage réalisé par l'ACOSS auprès de plusieurs chefs d'entreprise ayant fait des déclarations via le support électronique.
Certains patrons d'entreprise de plus de 20 salariés ont en effet coché la case CNE alors que ce dispositif n'est ouvert qu'aux entreprises de moins de 20 salariés, tandis que d'autres ont déclaré leur intention de conclure un Contrat nouvelles embauches tout en remplissant la case dédiée au CDI.
Le Contrat nouvelles embauches permet aux entreprises de moins de 20 salariés de licencier un employé au cours des deux ans suivant son recrutement sans avoir à se justifier. L'ensemble des syndicats sont opposés à ce dispositif phare de plan d'urgence pour l'emploi, estimant qu'il ne fait que "renforcer la précarité", et que le gouvernement a ainsi créer des "salariés jetables".
15,4 millions d'emplois en France
A titre de comparaison, selon les chiffres du ministère de l'Emploi, l'emploi salarié dans le secteur concurrentiel en France avait quasiment stagné (+0,1%) en 2004, à 17.200 postes supplémentaires , pour un total de 15,408 millions. En 2003, quelque 73.000 emplois avaient été détruits.
L'Unedic, dont le champ couvre les seuls établissements affiliés à l'assurance-chômage, avait fait état d'une hausse de 0,5%, avec 74.300 emplois supplémentaires en 2004.
Avec 5.000 créations d'emplois au deuxième trimestre 2005, selon les dernières statistiques disponibles du ministère, la progression a été quasi nulle, pour un nombre de salariés s'élevant désormais à 15.427.200. Cette stagnation fait suite à une très légère augmentation au premier
trimestre (+ 12.000 postes, soit +0,1%), la progression de juin 2004 à juin 2005 s'établissant à +0,1%.
(Source : Le Nouvel Obs) Répondre | Répondre avec citation |