
Malgré que "près de 100.000 personnes handicapées ont accédé en 2004 à un emploi", soit à peu près le même nombre qu'en 2003, "le nombre de demandeurs d'emploi porteurs d'un handicap continue de croître plus vite que le chômage global", contate l'Agefiph, ajoutant : "Chômage massif, moyenne d'âge élevé, faible niveau de qualification, sujets à discriminations, les personnes handicapées constituent l'une des populations les plus éloignées de l'emploi".
En novembre dernier, la secrétaire d'Etat Marie-Anne Montchamp avait affiché l'objectif de réduire de 20% en un an le chômage des personnes handicapées. Elle misait sur la signature de "pactes territoriaux" dans toute la France pour créer 50.000 emplois : "Je suis tributaire de l'évolution du taux de chômage national. S'il y a une tension sur l'emploi, elle se répercute sur les personnes handicapées", précisait-elle prudemment jeudi dernier.
La loi du 11 février 2005 "pour l'égalité des droits et des chances, la citoyenneté et la participation" des personnes handicapées prévoit des dispositions pour l'emploi, à commencer par le maintien du quota de 6% de salariés handicapés dans les entreprises d'au moins 20 personnes. Le texte prévoit aussi une majoration de la contribution des entreprises qui ne font aucun effort dans ce domaine, et soumet la Fonction publique (Etat, collectivités locales, hôpitaux publics) au même régime.
La convention pour trois ans, signée aujourd'hui entre l'Agefiph et l'Etat, entend "donner une nouvelle dynamique à l'emploi des personnes handicapées" avec plusieurs objectifs : développer leur qualification, améliorer leur accès à l'emploi, ou leur maintien dans leur poste de travail, aider les entreprises à les embaucher, ou encore mieux connaître les actifs handicapés. A cette occasion, l'Agefiph a annoncé qu'en 2004, elle avait réalisé 232.000 interventions, soit 5% de plus qu'en 2003, notamment 83.430 aides à l'insertion et au maintien dans l'emploi, 121.900 aides à la préparation et à la formation, et 26.910 aides spécifiques visant à compenser le handicap.
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"Il ne vous reste plus qu'une minute" : dans une grande salle anonyme à Paris, 25 recruteurs de grandes entreprises sont en entretien avec autant de jeunes diplômés handicapés pour un "job dating" de douze minutes.
"Votre polyvalence nous intéresse, mais il faut préciser votre coeur de métier", lance un recruteur de Lafarge à Marie Couvreur, 26 ans, Bac+4 (gestion), qui lui apprend qu'elle est bilingue en anglais, souhaite travailler à l'étranger et qu'elle n'a "aucune" contrainte médicale. "Je viens avec mon marche-pied car je suis petite et une pince pour ramasser les objets qui tombent à terre. Pour le reste, je tape sur un clavier avec une vitesse d'écriture normale", détaille-t-elle à l'employeur potentiel, qui doit envisager le cas échéant l'adaptation du poste au handicap du salarié.
"Je n'ai jamais eu l'impression d'être si peu handicapée tant on m'a posé peu de questions !", s'exclame la jeune femme après avoir enchaîné six entretiens.
"C'était un peu troublant", poursuit Marie, qui vit avec une luxation des hanches et des malformations des pieds et des mains. "Je suis à l'aise avec mon handicap et quand on ne m'en parle pas, cela me paraît surprenant. Quand c'était abordé, il n'y avait pas une demi-heure d'approche". Sous-entendu : comme ça peut-être le cas dans un entretien d'embauche classique.
Quelle suite ?
La plupart des jeunes diplômés présents présentent des handicaps moteurs. Alexandra Lhotte, 28 ans, titulaire d'un BTS comptabilité, avait recours à une interprète en langue des signes quand elle ne pouvait plus lire sur les lèvres d'un employeur éventuel.
Avant la séance, les entreprises avaient reçu le CV des candidats avec leurs compétences (commercial, marketing, comptabilité, droit, informatique…) et quelques règles du jeu. "Si vous êtes gênés pour poser des questions sur le handicap, commencez par lui demander s'il y a des contre-indications qu'il faut prendre en compte pour lui proposer un poste", leur avait suggéré l'association pour réussir avec un handicap (Adapt), organisatrice du "job dating" avec la société d'intérim Adia.
Les candidats sont aussi mis en garde : "Vous n'êtes pas là pour vous plaindre que les entreprises n'embauchent pas de personnes handicapées, mais pour mettre en avant vos compétences et motivations professionnelle s !".
Lundi soir, il y a eu 120 entretiens, cinq par candidat en moyenne. Avec quelle suite ? "Quand on a un bon contact avec un travailleur handicapé, on fait en sorte qu'il soit reçu par les recruteurs. On regarde plus attentivement le profil", assure l'émissaire de Total. "On a beaucoup de mal à recruter des travailleurs handicapés. Il y a un manque de formation", ajoute-t-il, alors que son entreprise a comme les autres l'obligation légale de compter 6% de salariés handicapés dans ses effectifs. Dans le même temps, 28% des quelque 900.000 actifs handicapés sont au chômage.
Pour assister à ce job-dating, suivi d'un dîner, les entreprises ont payé 300 euros.
En 2004, l'Adapt avait présenté aux entreprises 93 jeunes diplômés handicapés : "Six mois plus tard, 40% étaient en CDI, 13,75% en CDD, 2,5% en contrats aidés, 8,75% en reprises d'études. Et 35% sont encore en recherche". Répondre | Répondre avec citation |