"Mais ils ne veulent pas travailler, les chômeurs. Etre payés à ne rien faire, c’est cela qui les intéresse !", a lancé ce député irresponsable.
Et "mourir de ne rien faire" cela intéresse-t-il aussi ces "fainéants" de chômeurs ?
Chaque année en France, 160.000 personnes tentent de mettre fin à leurs jours. 12.000 y parviennent *. Le suicide est plus meurtrier que les accidents de la route.
En 30 ans, le taux de suicide a fortement augmenté : il est passé de 1,73 à 2,13 pour 10.000 habitants. Si les femmes et les jeunes sont les plus nombreux à tenter de mettre fin à leurs jours, les décès concernent surtout les hommes (3 suicides sur 4) et notamment les 25/55 ans.
Le chômage, la précarité et leurs conséquences en sont-ils une cause ? L’affirmative s’impose d’évidence même si les études portant sur ce facteur sont rares. Si aucune corrélation directe n’a été établie entre le nombre de suicides et la courbe de l’activité économique, quelques événements forts semblent peser : ainsi le pic de mortalité de 1976 serait lié à la hausse du chômage consécutive à la crise pétrolière et aux angoisses suscitées par cette période de grandes incertitudes ; le pic de 1993 correspond aussi à une année de forte récession.
Pour notre part – Actuchomage – nous avons pu mesurer à maintes reprises les conséquences désastreuses d’une longue période d’inactivité forcée. Nous avons eu l’occasion de croiser des copines et des copains marqués par des symptômes extrêmement préoccupants : dépression, asthénie, prise de poids, alcoolisme, sautes d’humeur… Certaines personnes rencontrées ces dernières années dans les manifestations et autres rassemblements de chômeurs nous ont quittés.
Monsieur Auclair et tous ceux qui stigmatisent les "chômeurs fainéants" seraient bien inspirés de modérer leurs propos car il est certain que le chômage, la précarité, et leurs corollaires : l’exclusion et l’isolement, poussent des dizaines, voire des centaines de Françaises et Français, à mettre fin à leurs jours. Alors respectez la mémoire de toutes celles et tous ceux qui ont souffert, SVP !
* L’INSERM évalue à 10.000 le nombre de suicides en 1999. Mais ce chiffre serait plus proche des 12.000. L’évaluation du nombre de suicides est complexe : les causes de décès ne sont pas toujours clairement identifiées. On estime ainsi à 20 % cette sous-estimation.
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