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Accueil Social, économie et politique Convention UNEDIC : attention danger, renégociation !

Convention UNEDIC : attention danger, renégociation !

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Alors que l'Unedic - gravement malade (12 milliards d'euros de déficit cumulé pour 2005) - va "renégocier" sa convention d'ici la fin de l'année, s'est déroulé hier lundi dans les locaux de l'Assemblée Nationale un colloque "Quels nouveaux droits sociaux face à la précarité de l'emploi?" initié par Martine Billard et Marie-Christine Blandin.

Tout d'abord, nous tenons à remercier Martine BILLARD (Députée de Paris) et Marie-Christine BLANDIN (Sénatrice du Nord) de nous avoir invités, et d'avoir organisé cette rencontre aussi instructive que qualitative. Si leur parti - Les Verts - n'est pas toujours convaincant, ces deux femmes le sont assurément !!!

Déficit oblige, d'ici fin 2005, l'Unedic doit renégocier sa convention d'assurance-chômage entre "partenaires sociaux". Face à l'événement, on imagine l'ampleur des thèmes à aborder et des luttes à mener : la mobilisation sera-t-elle à la hauteur ?
Car si le danger menace et que le Plan Borloo a été voté dans l'apathie générale (avec sa promotion d'«emplois aidés» pour tenir les promesses de Jean-Pierre Raffarin, assortis du contrôle renforcé des demandeurs d'emplois…), ce colloque a eu le mérite de soulever des réflexions nécessaires à cette énième attaque qui se prépare au détriment de notre système de solidarité par répartion. Une fois de plus dans l'histoire de l'Unedic sera remis en cause l'indemnisation du chômage : assurance solidaire ou charité, les frontières et les statuts sont de plus en plus flous, les "remèdes" de plus en plus confus, et les victimes de plus en plus nombreuses.

Pour l'état des lieux, animé par Marie VIENNOT (journaliste à France Culture qui a suivi de près le mouvement des Recalculés) puis Philippe FRÉMEAUX (Alternatives Économiques), sont intervenus Robert CASTEL et René PASSET, respectivement sociologue et économiste émérites. Ils nous ont enrichis de leurs brillants constats, relayés par Yann MOULIER-BOUTANG, qui enquête actuellement sur le cas des intermittents du spectacle, et a énergiquement dénoncé les refus de l'Unedic de communiquer ses données chiffrées !
Discontinuité de l'«activité», mobilité et flexibilité (subies ou non), perspectives d'avenir (carrière, santé, retraite…), définitions du TRAVAIL et de l'EMPLOI => autant de nuances à clarifier dans un contexte qui évolue. Car du "non-emploi de masse" (un taux stable de 10% de chômeurs officiels) au "plein emploi précaire" ou "sous-emploi de masse" que veulent nous faire avaler le trio Raffarin-Borloo-Larcher, s'ajoute une incroyable célébration du travail glorifiée par le duo Raffarin-Sarkozy.
Si le CDI reste la norme, les CDD ont progressé de 60% et l'intérim de 170%. Peu à peu, l'«intermittence» devient la règle. Mais si un chercheur est un «créateur» stablement rémunéré et reconnu, pourquoi un intermittent du spectacle ne le serait-il pas de façon similaire ? Et si la flexibilité/précarité doit s'organiser en tant que nouvelle norme de fonctionnement économique, pourquoi ne pas élaborer et ouvrir à tous les précaires/chômeurs un régime équivalent à celui des intermittents du spectacle ?

Alors que le travail (qui est un échange social indispensable selon Claire VILLIERS) se détériore face à l'emploi (qui devient de plus en plus un contrat d'asservissement), les mutations technologiques ont changé la donne : le «matériel» quantifiable a fait place à l'«immatériel» non quantifiable qui appelle à une nouvelle justice distributive. L'humain est devenu une variable d'ajustement (un coût) et non une finalité (donc, un investissement) : René PASSET a même poussé le bouchon en affirmant avec ironie que les chômeurs ont parfaitement le droit d'être bien rémunérés et de toucher une prime de Noël, puisqu'ils ont contribué à la rentabilité des entreprises qui les ont licenciés ! Selon lui, le chômage est un indéniable facteur de rentabilité (à suivre dans une prochaine interview…) !!!

Aujourd'hui, la moitié des chômeurs ne sont pas indemnisés, et dès 40 ans les chances de retrouver un emploi s'amenuisent.
Nous attendons toujours désespérément la mutation politique censée gérer les impacts de cette mutation technologique et ces nouvelles "pratiques d'emploi"... Le député UMP Dominique Paillé, président de la mission parlementaire sur les métiers artistiques invité à ce colloque, nous a sorti un pitoyable plaidoyer très langue de bois quant au rôle des politiques, attestant de leur incapacité à anticiper et agir. Alors pourquoi ont-ils fait des études et sont-ils si bien payés ? Un grand moment, fort explicite de la "crise politique et économique majeure" que craint Jacques Chirac le 29 mai, mais qui existe déjà...

Le déficit de l'Unedic est lié à ses cotisations qui épousent une "norme d'emploi" keynesienne : le CDI à temps plein des 30 Glorieuses, tombant en désuétude... Tout le monde s'accorde à revoir cette "assiette" qui se vide => il faut trouver d'autres sources de financement. Tombée des nues, Danièle Rived (CFDT) nous explique que notre système est paradoxal : moins il y a de chômeurs plus les caisses sont pleines, et plus il y a de chômeurs, plus elles sont vides ! Rires dans la salle.
Tout le monde s'accorde à dire que la fiscalité habituelle a ses limites car elle pèse sur les mêmes populations : partant du principe de sanction/responsabilisation des "Pollueurs, payeurs" évoqué par Jérôme TISSERAND de la Coordination des Intermittents et Précaires, Jacqueline LAZARRE (CGT) estime qu'il faut faire en sorte que les licenciements, les externalisations et l'usage de la précarité soient les plus chers possibles pour les employeurs. Elle accuse la CFDT (représentée par Danièle Rived qui s'est aussi fait huer par plusieurs participants, réagissant à son exposé inquisiteur et misérabiliste qui déshabille Paul pour habiller Pierre) d'être, en tant que partenaire social, avant tout "partenaire du Medef".

Comme toujours vive et spontanée, Claire VILLIERS creuse et innove en exigeant d'indemniser aussi les salariés démissionnaires, puisque les entreprises ont le droit de virer : rétablir cette injustice est aussi un moteur économique, puisqu'il stimule le choix et l'activité au lieu de cloisonner et enliser. Tout autant, elle affirme que l'augmentation des misérables "minimas sociaux" est un facteur de relance économique non négligeable.
Evelyne PERRIN, présente dans la salle, a aussi régulièrement remis les pendules à l'heure par ses interventions savoureuses.
Maître Duclocq, avocat des salariés de MetalEurop, est venu témoigner avec force du désastre économique ainsi que deux ex employées de Lévi's, timides et touchantes, toujours sans emploi depuis leur licenciement après 30 ans de maison, exprimant l'accablante réalité du chômage.
Un participant maladroit, qui a accusé le milieu des intermittents du spectacle d'«autoproclamation» (on se vante d'être metteur en scène ou comédien, alors que la caissière ne se vante de rien…) a permis à Jeanne REVEL du CIP de mettre en évidence que cette «autoproclamation» culottée est justement source de liberté et d'innovation (qui aurait misé sur le rap hier ou sur le théâtre de rue aujourd'hui ?) face à un élitisme figé qui s'entérine à travers des diplômes générant des critères de sélection toujours plus stupides.

Ceci n'est qu'un modeste résumé d'une journée de débats passionnante. Et l'élément d'une actualité à suivre de près, de très près. Nous n'y manqueront pas.

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Mis à jour ( Mardi, 24 Mai 2005 02:07 )  

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