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Accueil Mobilisations, luttes et solidarités "Le couperet" de Costa-Gavras : le chômage qui tue

"Le couperet" de Costa-Gavras : le chômage qui tue

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Faire un film sur le chômage sans rebuter le spectateur n'est pas chose aisée. Payer 9 euros pour se confronter 2 heures durant à un sujet aussi tabou et peu distrayant, il faut le vouloir. Avec son "Couperet" sorti hier en salles, Costa-Gavras a tenté le pari de dénoncer l'horreur économique sous un mode polar, et c'est plutôt réussi !

D'autres avant lui l'avaient abordé : les frères Dardenne (devenus co- producteurs du "Couperet") avec "Rosetta", Laurent Cantet dans "Ressources humaines", et aussi Jean-Marc Moutout par la "Violence des échanges en milieu tempéré". Du cinéma social à petit budget, qui a recueilli un authentique succès d'estime. Outre-Manche, Ken Loach ou Stephen Frears s'y sont maintes fois collé avec beaucoup d'humanisme, mais les profonds dégâts du thatcherisme ont véritablement fait recette avec "The Full Monty" d'où l'on sortait avec le sourire.

Le sourire : voilà qui aide à faire passer des messages difficiles au plus grand nombre ! Tel est donc le choix de Costa-Gavras, grand cinéaste engagé, qui a mis cette fois-ci sa notoriété et ses moyens au service du chômage, et de longue durée : pour ce faire, il a trouvé la carte maîtresse en la personne de José Garcia, acteur "vendeur", comique et populaire. Même à contre-emploi, sa bouille est rassurante.
Pas de pauvreté ici : ces cadres supérieurs, licenciés pour satisfaire les actionnaires, vivent dans de belles maisons. Certes, il a fallu vendre l'une des deux voitures et résilier le câble, mais rien de choquant. Ainsi le propos reste abordable, le Français moyen peut s'y reconnaître tout en sachant qu'il est concerné. La dégringolade est feutrée, mais réelle.

L'intrigue, rondement menée, est riche en rebondissements et parsemée d'humoir noir. D'un abord plutôt froid, l'histoire finit par gagner en puissance au gré des rencontres et des personnages secondaires (Olivier Gourmet, Yolande Moreau, Yvon Back…), car tout le monde côtoie le chômage, et tout le monde a son idée là-dessus. L'esprit solidaire des uns frôle l'absence de scrupule des autres. Les situations sont souvent truculentes. Et si parfois les arguments s'enchaînent avec moins de spontanéité, les constats sont cinglants et les propos fort justes. Du recrutement conformiste au grand gâchis humain, Costa-Gavras maîtrise parfaitement son sujet et nous mène jusqu'au bout de son raisonnement. A travers ce prétexte - limite amoral - de serial killer qui assasine un à un ses concurrents chômeurs, puis le dernier cadre en poste pour obtenir son job, le cinéaste nous alerte sur l'état dramatique de notre société.

Un beau travail de précision, un peu trop clinique, où l'humain n'a pas trop d'épaisseur pour éviter tout pathos. Pourtant, la tragédie pointe quand Bruno Davert/José Garcia est amené à parler avec deux de ses futures victimes : juste un pincement au coeur, mais pas de larme ici. De l'action et de l'humour au service d'une démonstration efficace : telle est la qualité de ce film, mais aussi sa limite. S.H.

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Mis à jour ( Jeudi, 03 Mars 2005 07:11 )  

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