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De la représentativité syndicale

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Nous avons assisté la semaine dernière à un spectacle étrange : la clôture des négociations sur la représentativité syndicale, avec un projet de position commune syndicats-patronats, aussitôt mis en ligne par le Medef.

Etranges furent les alliances formées en vu de ce résultat : d'un côté l'Etat, le Medef et la CGT, de l'autre tous les autres, y compris l'UIMM qui criait du dehors. (Sauf la CFDT, embarrassée par ce choix cornélien, et qui ne savait plus à quelle trahison se vouer.)
Car cette position prévoit de laisser seuls le Medef et les gros syndicats négocier entre eux la situation des salariés dans ce pays.

Etrange fut la position en définitive adoptée : celle défendue par la CGT, et qui fixe le seuil de la représentativité syndicale à 10% des voix aux élections professionnelles.

Etrange fut aussi la déclaration de la CFTC donnant un avis "plutôt favorable" à ce projet qui l'enterre : elle n'a obtenu que 6,8% des voix aux dernières élections. Ou celle de la CGC "favorable sous réserve" : 6,6% des voix.

Et plus étranges encore les commentaires journalistiques sur l'épuration annoncée du domaine syndical. Ils y voyaient la promesse pour SUD et l'UNSA d'accéder à une représentativité qu'on leur avait jusqu'à présent injustement refusée.
L'UNSA : 5%. SUD : 1,5%. C'est pas demain la veille.

Déjà la CGC, l'UNSA, la CFTC envisagent de former un gruppetto afin d'atteindre dans les délais (5 ans) le seuil de la représentativité : ils parlent de s'unir dans une espèce de confédération.
Car il n'y a pas que la légitimité qui soit en jeu : la réforme prévoit de nouvelles modalités de financements, plus ou moins publics. Pas de représentativité, pas un flèche. C'est aussi simple que cela.
Et tout peut attendre, sauf le pognon. D'où leur hâte à s'autodissoudre dans une nouvelle formation éligible à l'octroi d'indispensables subventions.

Reste un mystère : qu'est-ce qui a bien pu convaincre leurs négociateurs d'accepter un tel projet ?

C'est, pour une fois, Bernard Thibault qui nous renseigne : "Il faut sortir de ces règles hypocrites", a pour sa part tempêté le leader devant le congrès des métallos CGT mardi à Lyon, en accusant "l’UIMM et trois syndicats de freiner toute évolution en profondeur", visant sans les nommer FO, la CFTC et la CFE-CGC.

Où l'on retrouve, dans le front du refus, les quatre principaux accusés de l'affaire Gautier-Sauvagnac : le corrupteur, l'UIMM, et les syndicats les plus compromis, CFTC et CGC pour l'ensemble de leur œuvre, et FO qui abrite en son sein l'ancienne CFT.
Comme quoi le hasard fait bien les choses.

La semaine dernière, il restait encore quelques jours de négociations aux syndicats et aux patronats pour finaliser leur position. On en était à la délicate question de la survie ou non de la CFTC et de la CGC. Les avis étaient partagés.
Lorsque le 9 avril, Daniel Dewavrin, prédécesseur de Gautier-Sauvagnac à l'UIMM fut entendu à la brigade financière. Le même jour, CGC et CFTC acceptaient le projet de position commune, sans avoir rien obtenu d'autre que ceci : la vague promesse d'un strapontin pour la CGC, et pour la CFTC une période de transition à 8% de voix dans les branches, ce qui lui permet de sauver provisoirement la seule où elle y parvient, l'automobile.

Ainsi va le scandale Gautier-Sauvagnac, reconnu en 2002 par les services du ministre des finances de l'époque, Nicolas Sarkozy, révélé en 2007 sitôt élu le nouveau président de la République, Nicolas Sarkozy, et abondamment dénoncé par le PS, le PC, le Medef et le gouvernement, enfin d'accord sur quelque chose.

Car tout ce beau monde partage sur le syndicalisme la même opinion : il doit être leur affaire, et non celle de forces incontrôlées.

Or que voit-on depuis quelques années ? Les plus importants mouvements de grève s'auto-organiser en Coordinations. Les accords sociaux méprisés comme autant d'oukases patronaux. Les syndicats avoir le plus grand mal à faire rentrer au taf les salariés en lutte.
Il serait temps que ce scandale cesse.
Comme dit le Medef, il devient indispensable de signer des accords sociaux incontestables. (Et voyez-vous la tronche qu'avaient les accords signés par seulement lui-même, la CGC et la CFTC ? C'était à pleurer de rire.) Afin qu'on puisse traiter ceux qui les contestent ainsi qu'ils le méritent : en hors-la-loi.

Il a donc fallu moderniser.
Congédier la vieille domesticité, inefficace et collante, et engager, pour nettoyer les usines, un technicien de surface venu des pays de l'Est, un peu brut de décoffrage mais habitué à faire le travail (comme le prouve son curriculum vitae) : la CGT.
Ces gens-là sont désormais dans l'Europe. Ce ne sont plus du tout des rouges. Ils ont rejoint en 1999 la Confédération Européenne des Syndicats, où ils ont retrouvé FO et la CFDT. On peut leur faire confiance.

Et d'ailleurs, s'il leur prenait l'envie de retourner à leurs anciens errements, le jeu démocratique auquel ils seront désormais soumis le leur interdirait.
Les électeurs ne sont pas des militants, ce ne sont pas des extrémistes. Les électeurs veulent vivre en paix et gagner de l'argent.
Tout le contraire de faire grève.
De ce côté là, on est tranquille.

Régir les salariés selon les principes de la démocratie représentative, la gauche en rêvait, la droite l'a fait. Et en effet : si les élections servaient à quoi que ce soit, il y a longtemps qu'elles seraient interdites.

(Source : Palindromes)

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Mis à jour ( Vendredi, 18 Avril 2008 17:04 )  

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