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Les collectivités sommées de recruter des précaires

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Le gouvernement a ordonné à ses services de se mobiliser autour de sa politique. Dans le Val-de-Marne, le préfet presse les maires de recourir aux nouveaux contrats précaires.

Pour infléchir coûte que coûte la courbe du chômage, Dominique de Villepin a décrété la mobilisation totale. Mardi, le premier ministre est intervenu devant les directeurs régionaux et départementaux du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle réunis en séminaire, pour couper court à tout «débat idéologique» et inviter les participants à «faire avancer les choses». En clair, l’heure est à l’exécution sans discussion des instructions du gouvernement pour pourvoir l’offre de contrats précaires créés massivement dans le cadre du plan Borloo puis dans celui des ordonnances, avec le contrat nouvelles embauches (CNE) à période d’essai de deux ans, dont le «potentiel est de 300 000 à 400 000», selon le directeur de l’ANPE.
Le 25 août, le chef du gouvernement a tenu un discours semblable devant ses préfets de région convoqués à Matignon, en leur demandant que la «mobilisation locale soit immédiate et la plus large possible». De quelle manière ? Un courrier en date du 8 août dernier et envoyé aux maires du Val-de-Marne par le préfet du département dont nous nous sommes procuré la copie, renseigne sur la démarche.

Dans sa lettre, le préfet sollicite «la collaboration» des élus locaux dans la mise en oeuvre de «cette politique de solidarité en faveur de l’emploi». Sont visés, entre autres, les contrats d’avenir (CA) de deux ans créés dans le cadre du plan Borloo, destinés aux allocataires depuis au moins six mois de minima sociaux. «Son coût pour l’employeur est limité dans la mesure où, pour une durée de travail de 26 heures (hebdomadaires - NDLR), la charge restante mensuelle est de 66 euros les six premiers mois», écrit le préfet Patrice Bergougnoux. Il précise : «Vous êtes vous-même en position d’employeur, et vous connaissez les acteurs du secteur non marchand». En d’autres termes, le commis de l’État propose aux maires de recruter, pour faire face à leurs besoins, des employés «à 66 euros» sous-qualifiés et à temps partiel.
Dans un autre passage de sa lettre, le préfet enfonce le clou, en vantant le caractère flexible des emplois : «Dispositif souple, c’est un contrat de droit privé à durée déterminée [...] financé par l’État». Accentuant la pression, le courrier du préfet indique, pour chaque commune, le nombre exact de érémistes et d’allocataires des autres minima «qui seraient susceptibles de bénéficier de ce contrat».

Contacté par l’Humanité, le maire de Bonneuil-sur-Marne, Patrick Douet (PCF), destinataire de l’un de ces courriers, s’étonne du caractère «très politique» de la lettre du préfet : «Nous n’avons vraiment pas l’habitude de recevoir cela. On sent bien que, suite aux ordonnances de cet été et à l’échéance des cent jours de Dominique de Villepin, tous les moyens sont bons.» Pour Patrick Douet, il n’est pas question d’accepter ce plan. «Primo, les salariés et particulièrement les jeunes n’aspirent pas à la précarité, mais à de véritables emplois et à une véritable formation. Secundo, ces emplois ne permettent en rien de répondre aux besoins des collectivités territoriales, et donc aux Bonneuillois. Tertio, en tant que maire, je ne peux me résoudre à servir d’agence d’intérim de l’État.»
Pour le gouvernement, en revanche, la stratégie est claire : d’un côté, il entend «se servir de ce plan comme dans l’Éducation nationale, pour nous signifier qu’il aide les collectivités car il est conscient des effets de la décentralisation», explique le maire de Bonneuil. De l’autre, il réduit les chiffres du chômage à bon compte, afin de se targuer à l’approche des élections des «bons résultats» de sa politique. «Mais à quel prix pour les salariés ?», s’interroge Patrick Douet. «En tant que maire d’une des communes les plus pauvres du département, je ne peux qu’être indigné de l’indécence de ce plan. Les métiers se complexifient, et nous faisons beaucoup d’efforts pour des formations sur le long terme, d’ailleurs trop selon l’État. Avec cette casse du statut des fonctionnaires territoriaux, se pose la question de la pérennité et de la qualification de ces emplois : il nous serait quasiment impossible de leur proposer une perspective...» Une inquiétude que ne semble pas partager le premier ministre, préoccupé de faire du chiffre avant toute chose.

Par Sébastien Crépel pour L'Humanité.

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Mis à jour ( Dimanche, 11 Septembre 2005 16:35 )  

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