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Accueil Social, économie et politique Les CMUstes bientôt passés au crible

Les CMUstes bientôt passés au crible

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Nous ne sommes pas opposés au contrôle, bien au contraire : quand il s'agit d'argent public, au nom de la justice et de l'intérêt commun, il est absolument nécessaire. Mais là où tout ceci devient révoltant, c'est quand on s'aperçoit que ce sont toujours les mêmes - le menu fretin - que l'on veut contrôler tandis que l'on donne - sans compter - à manger aux gros poissons.

Chercher des poux aux pauvres est simple mais demande beaucoup d'efforts pour un résultat mesquin, alors que fouiner dans les affaires des riches est bien plus ardu mais risque d'être extrêmement lucratif. C'est justement ce que l'on veut taire et, pour ce faire, on travaille l'opinion publique en distillant une haine sociale qui consiste à cataloguer les chômeurs et les pauvres au rayon des délinquants qu'il faut absolument traquer, tout en préservant la probité de façade des populations aisées...

Alors qu'en France le montant de la fraude fiscale est évalué à 45 milliards d'euros par an et que seulement 1% des délits économiques et financiers sont sanctionnés, que les généreuses aides publiques accordées aux entreprises sont honteusement inévaluées et que le nombre d'inspecteurs du travail reste dramatiquement dérisoire, le gouvernement accentue les contrôles là où il y a le moins d'argent à se faire. Poursuivant ainsi sa propagande, il va maintenant tenter de nous faire découvrir une nouvelle caste de profiteur : le CMUste-propriétaire !!! (merci Thierry F.)

L'attribution de la CMU élargie au patrimoine

"Le patrimoine des bénéficiaires de la Couverture maladie universelle va être examiné", annonce aujourd'hui le ministre de la Santé Xavier Bertrand dans un entretien au Parisien. C'est le tout nouveau Comité national de la répression des fraudes de la Sécurité sociale qui s'en chargera. Cet organisme "permettra aux différents acteurs de la protection sociale (assurance-maladie, CAF, impôts et Unedic), de centraliser les cas de fraudes et d'abus manifestes, mais aussi d'échanger leurs informations et de croiser leurs fichiers, en respectant bien sûr le principe de confidentialité", explique le ministre.
"Même si je suis profondément attaché à la CMU, aujourd'hui seule une déclaration sur l'honneur est demandée aux bénéficiaires de cette prestation. Dorénavant, le Comité de lutte contre la fraude sera notamment chargé d'organiser la coopération entre les caisses afin de récupérer les pièces justificatives, qui corroboreront ou non ces déclarations sur l'honneur". Et au-delà des seuls revenus, le patrimoine des bénéficiaires sera ainsi examiné : "Car s'il me paraît évident d'allouer la CMU à une personne en réelle difficulté financière, je ne trouve pas normal de soutenir ceux dont le patrimoine immobilier est important", poursuit le ministre de la Santé qui a déposé ce matin un amendement au projet de loi de financement de la Sécu (PLFSS) pour 2007 qui "autorisera l'assurance maladie à prendre en compte les biens immobiliers d'un assuré social avant de lui allouer cette prestation". "Lorsqu'elles auront un doute, les caisses primaires se tourneront vers les impôts pour connaître la valeur locative d'un patrimoine", ajoute-t-il.

Qu'est-ce qu'un vrai pauvre ?

Interrogé sur le nombre de personnes qui seraient concernées par cette mesure, Xavier Bertrand explique n'avoir "pour l'heure (...) aucun chiffre puisque ce travail n'a jamais été fait. Nous dresserons un premier état des lieux début 2007". Effectivement, un homme de 50 ans qui s'est fait licencier en 2001 - pleine période de destruction d'emplois - et n'a pas retrouvé de boulot - trop vieux, trop cher? -, qui est passé à l'ASS (allocation spécifique de solidarité, 430 € par mois) trois ans plus tard mais demeure propriétaire du logement qu'il s'est acheté en travaillant, ne serait pas "un vrai pauvre" et n'aurait donc pas droit à la CMU ? Comme dans le plan Hartz IV qui sévit outre-Rhin, devra-t-il vendre son bien pour percevoir une allocation et se soigner ? Mais comment, en étant chômeur, pourra-t-il ensuite retrouver un logement à louer ?

Vous en connaissez, vous, des minima sociaux dont le patrimoine immobilier est "important" ? S'ils existent, gageons que leur pourcentage sera infime : tout ce bruit pour pas grand chose ! Sinon détourner l'attention de "la France qui se lève tôt", cotise, et se fait plumer par le gouvernement...

Le gouvernement, premier pilleur de la Sécu

Car, voyez-vous, alors que le "trou" de la Sécu dépasse les 11 milliards, le rapport de septembre 2006 de la Commission des Comptes de la Sécurité sociale nous révèle que l'Etat lui doit un peu plus de 5 milliards d'euros : exactement le montant de la vertueuse «cagnotte» fiscale dont s'est vanté le ministre de l'Economie Thierry Breton ! Et cette même Commission estime qu'à la fin de l’année 2006, avec les nouvelles mesures d'allègements de charges patronales prévues par le gouvernement au nom de sa "bataille pour l'emploi", la dette globale de l’État envers la Sécurité sociale s'alourdira de 1,25 milliard d’euros soit une hausse de 25%. Le total de ces exonérations atteindra près de 25 milliards d’euros, sans aucun contrôle sur la création d'emplois.

Ce que Xavier Bertrand ne dit pas non plus, c'est comment il a décidé lui-même de piller un peu plus la Sécurité sociale en acceptant cet été qu'elle prenne en charge les 2/3 des primes d'assurance des praticiens libéraux, soit 20 millions d'euros offerts par la Sécu aux compagnies d'assurances privées. Belle économie pour ces pauvres chirurgiens, anesthésistes ou gynécologue-obstétriciens qui (comme les RMIstes, c'est bien connu) roulent en BMW !!! "Chaque euro dépensé à cause d'une fraude est un euro en trop, on cotise pour sa santé et non pour les abus de quelques-uns", a dit le ministre qui ne manque vraiment pas d'air et ferait mieux de s'attaquer courageusement aux véritables "grosses fraudes, comme celle de la revente de médicaments à l'étranger".

Sous prétexte de freiner le déficit des caisses de Sécurité sociale - que ce gouvernement contribue lui-même à creuser tout en devant le faire supporter aux assurés sociaux -, l'habile stigmatisation des chômeurs et des pauvres permet d'escamoter sa large responsabilité. De nouvelles mesures répressives ciblées sur quelques boucs émissaires auront pour vocation de rassurer le bon peuple crédule. On atteint là des sommets de manipulation et d'hypocrisie.

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Mis à jour ( Mardi, 24 Octobre 2006 19:13 )  

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