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Taux d'emploi : l'Europe encore loin du compte

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L'Europe recommence à créer des emplois. Bien qu'inférieur à celui des Etats-Unis et de l'Asie, le retour de la croissance - d'environ 2,2% - y favorise un regain d'activité, à un rythme différent entre les 25 pays de l'Union européenne (UE). Selon l'enquête d'Eurostat (14 juin), la hausse du nombre d'emplois créés a été de 0,3% au premier trimestre 2006. Ce chiffre amplifie la tendance des douze derniers mois, qui enregistrent une hausse de l'emploi de 0,9%.

L’"ambition stratégique" du sommet européen de Lisbonne, en mars 2000, était de porter en 2010 le taux d'activité (la proportion de personnes en âge de travailler travaillant effectivement) de 62% à 70%. Cet objectif reste lointain, avec 63,8% de personnes travaillant en 2005 dans l'UE. Bien qu'encore lent, le redémarrage de l'activité s'accompagne cependant d'une baisse relative du taux de chômage, redescendu sous la barre des 9%. Dans la majorité des pays, cette évolution profite surtout aux femmes et aux salariés plus âgés.

Mais plus que leur nombre, la nature des postes créés marque une évolution : les activités du tertiaire et les services alimentent l'essentiel des nouveaux emplois.
La Grande-Bretagne est un exemple révélateur. Alors que le chômage, tombé auparavant très bas, continue d'y croître (5,3% en avril, au plus haut depuis trois ans), 272.000 postes de travail ont été créés en 2005, qui portent le taux d'emploi à 71,7% selon Eurostat (74,7%, selon l'OCDE), un des plus élevés de l'Union. Pour une population équivalente, le Royaume-Uni compte 4 millions d'emplois de plus que la France.

Pour l'essentiel, cette croissance provient de "petits boulots" à faible qualification et à salaire peu élevé. Lesquels attirent les immigrants, notamment des pays de l'Est, mais bénéficient également aux femmes et aux seniors, vigoureusement incités à poursuivre leur activité. Alors que le tissu industriel britannique continue de se désagréger, le pays poursuit sa diversification dans les secteurs de haute qualification, notamment dans les activités financières et leurs dérivés.
Cependant, deux tiers des emplois créés au Royaume-Uni depuis quatre ans relèvent du secteur public. Le premier ministre Tony Blair peut aussi faire valoir un autre motif de satisfaction : il a commencé à remettre au travail un peu plus de 100.000 bénéficiaires de "l'allocation pour incapacité", handicapés ou personnes jusque-là en longue maladie.

Avec une croissance de 3,7% du nombre d'emplois créés au premier trimestre 2006, l'Espagne fait aussi figure d'exception. Mais ce record européen cache des faiblesses. L'essentiel des postes concerne la construction, l'hôtellerie et la restauration. Et plus du tiers, soit 5 millions de personnes, sont en contrats précaires. Une situation que gouvernement, syndicats et patronat se sont engagés à régulariser progressivement. Ratifié par les organisations professionnelles, le projet de réforme du code du travail, approuvé le 9 juin, vise ainsi à transformer en CDI près de 1 million de postes, dont une bonne part sont occupés par des travailleurs immigrés.

Dans les pays du Nord qui atteignent des taux d'emploi supérieurs à 7%, le rythme des créations est aussi reparti à la hausse (+ 3% au Danemark, + 2% en Norvège, + 1,1% en Suède) après trois ans de net ralentissement.

L'optimisme enregistré en Scandinavie est loin d'être partagé ailleurs. En Italie, le nombre de créations d'emplois a moins augmenté que dans la moyenne de l'UE, et les prévisions, à court et moyen terme, laissent peu d'espoir. La croissance est durablement en panne. La hausse prévue du nombre de postes de travail (+ 0,6% en 2006) ne se maintient que grâce aux effets de la régularisation de 700.000 immigrés entre 2003 et 2005.
L'an dernier, 36,7% des entreprises ont procédé à des embauches. A l'inverse d'autres pays, ces nouveaux postes proviennent plus de l'industrie (42,2%) que du tertiaire et des services (25,1%), et ils ont profité majoritairement aux hommes. La tendance amplifie le déséquilibre régional italien traditionnel. Avec un taux de chômage déjà très faible, le Nord poursuit son développement, tandis que, dans le Mezzogiorno, le taux d'activité ne cesse de baisser. Il est aujourd'hui tombé à 38,7% de la population active !

L'Allemagne, elle, n'a pas encore redémarré. L'amélioration attendue du marché du travail en 2006 devrait reposer faiblement sur la création de "vrais" emplois, même si, selon l'Agence nationale germanique, "la fin des suppressions d'emplois se dessine". Alors que 88.000 postes permanents ont encore disparu en un an, le nombre de petits boulots à temps partiel y a progressé de 194.000 dans le privé et de 133.000 dans les secteurs public et associatif.
Selon une enquête de la fédération allemande des chambres de commerce, les entreprises exportatrices, arrivées à la limite de leurs capacités de production, envisagent d'embaucher. Celles tournées vers le marché intérieur relèvent prudemment qu'"elles ne veulent plus supprimer d'emplois". Les entreprises craignent que le relèvement de 3 points de la TVA en 2007 ne freine leurs projets.

La France se retrouve dans une situation intermédiaire. Le chômage recule lentement mais sûrement. L'emploi salarié augmente (de 0,3% selon l'Unedic et de 0,1% selon l'INSEE) au premier trimestre. Soit, près de 60.000 emplois supplémentaires en un an. Mais 60.000 emplois ont encore disparu en 2005 dans l'industrie, et 40.000 dans l'agriculture, alors que la construction maintient un rythme soutenu. Ces suppressions d'emplois ont été compensées par le dynamisme du tertiaire et des services, notamment les activités financières (+ 60.000 emplois) et immobilières (+ 40.000). Les emplois publics ou parapublics ont aussi pris la relève dans l'éducation, la santé et l'action sociale (+ 80.000) et l'administration (+ 60.000).

Ce dynamisme retrouvé est encouragé par les politiques publiques d'aide à la baisse des charges sur les bas salaires, le retour des contrats aidés... Et comme la crise du contrat de première embauche (CPE) l'a démontré, cette embellie fragile s'appuie sur le renforcement de la précarité, notamment pour les jeunes et les femmes.

(Source : Le Monde)

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Mis à jour ( Jeudi, 29 Juin 2006 22:11 )  

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