Actu Chômage

samedi
20 avril
Taille du texte
  • Agrandir la taille du texte
  • Taille du texte par defaut
  • Diminuer la taille du texte
Accueil La revue de presse L'INSEE réhabilite les 35H

L'INSEE réhabilite les 35H

Envoyer Imprimer
Maux et merveilles de la RTT. La revue de l'Insee «Economie et statistique» dresse un bilan sans concessions de l'application des 35 heures en France.

Par Muriel GREMILLET - Libération, vendredi 24 juin 2005.

C'est un sujet à manier avec précaution. Quels sont les véritables effets sur l'économie de la réduction du temps de travail instaurée par les lois Aubry de 1998 ? A droite, les libéraux saisissent la moindre occasion pour dézinguer les 35 heures, qualifiées d'aberration dirigiste, sans effets sur l'emploi. A gauche, c'est la mesure emblématique d'une politique économique qui a su créer des emplois.

Economie et statistique, la revue trimestrielle de l'INSEE, dresse un bilan complet de la RTT, loin des polémiques et des approximations. Un tableau qui va des effets des 35 heures sur la productivité des entreprises aux conséquences sur la vie privée, et qui dresse surtout un comparatif du nombre d'emplois finalement créés par la RTT par rapport aux simulations réalisées avant le passage aux 35 heures. Au final, ni cataclysme ni miracle. La baisse du temps de travail traverse l'économie française de toutes parts, avec quelques effets inattendus.

Des emplois, mais combien ?
Aujourd'hui, tous les experts s'accordent sur le chiffre. La RTT aurait créé en France, entre 1998 et 2002, aux alentours de 350.000 emplois, pour 2 millions de postes créés sur la même période. Quatre chercheurs de la DARES explorent ce chiffre, en rapprochant les prévisions faites avant le passage aux 35 heures et les chiffres définitifs. Avant 1998, les experts tablaient sur la création de 600.000 à 700.000 emplois. A l'arrivée, une différence de près de 300.000 postes, que les chercheurs expliquent assez facilement. «Le temps de travail devait baisser de 10%, note un expert. En réalité, les entreprises ont rarement réalisé cet objectif, grâce à des astuces comme celle qui a consisté à intégrer des jours de congé existants dans les RTT ou en ne payant plus les temps d'habillage.» Et dans le privé comme dans le public, les embauches n'ont pas toujours compensé strictement la baisse du temps de travail concédée aux salariés présents, grâce à des gains massifs de productivité. C'est l'une des surprises de ce bilan.

Des entreprises encore plus productives
La RTT, bien que contraignante, devait au final bénéficier aux entreprises. Par une stricte modération salariale, mais aussi grâce à des gains de productivité. Dans de nombreux secteurs, les 35 heures se sont accompagnées de remises à plat des organisations du travail, par la systématisation de l'annualisation du temps de travail. En fonction des commandes, on peut demander aux salariés de travailler plus ou moins. Certaines entreprises ont profité de la négociation des accords 35 heures pour ouvrir des sites de production vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, contre des jours de congé supplémentaires. En 1998, les experts estimaient que les entreprises pouvaient au mieux améliorer leur productivité d'un tiers en baissant le temps de travail. Or il semble que les gains aient été jusqu'à 50%. Résultat, des entreprises qui n'ont pas eu besoin d'embaucher à la hauteur du temps de travail réduit. Ces mêmes sociétés rechignent aujourd'hui, d'ailleurs, à revenir sur la RTT, qui s'est révélée comme une bonne opération.

Une intensification du travail
Conséquence directe pour les salariés, la RTT, synonyme de plus de temps libre, s'est parfois muée en enfer au boulot. Dans l'ensemble, un sentiment d'«amélioration de la vie quotidienne» ressort de l'enquête «RTT et mode de vie» menée entre 2000 et 2001 auprès de salariés passés aux 35 heures. Avec de fortes disparités, les femmes ayant un enfant de moins de 12 ans à charge se déclarant les plus satisfaites. Mais, dans bien des cas, RTT ne rime pas avec loisirs puisque le temps dégagé sert surtout à assumer les tâches ménagères... Une liberté peut-être cher payée puisque, si un quart des salariés interrogés voient une amélioration de leur situation au travail, généralement chez les cadres, un autre quart voit une dégradation, surtout chez les ouvriers, qui ont un rythme de travail très irrégulier et pour qui la RTT n'a pas été assortie d'embauches. 46% des personnes interrogées ne voient, elles, «aucun changement».

35 heures, et après ?
Après ce bilan, peut-on imaginer encore baisser le temps de travail pour lutter contre le chômage ? Le climat politique ne s'y prête pas. Mais la RTT a fait ses preuves dans la lutte contre le chômage. «C'est un outil de politique de l'emploi en temps de chômage de masse, analyse un expert. Contre-productif en cas de fortes tensions sur le marché du travail, on l'a vu avec les infirmières. Quand il n'y aura plus de chômage de masse, ça finira bien par arriver, travailler moins sera absurde.» Et dire que ceux qui ont un emploi doivent travailler plus, comme le préconise le ministre de l'Economie , alors que la France compte 10% de chômeurs, est aussi absurde. «La vertu de la RTT, c'est qu'elle devait permettre de donner un travail à ceux qui n'en avaient pas», note un économiste. Il est toujours bon de s'en souvenir.

Lire aussi :
Articles les plus récents :
Articles les plus anciens :

Mis à jour ( Vendredi, 24 Juin 2005 15:43 )  

Votre avis ?

Les forums d’Actuchomage rouvrent leurs portes le 12 octobre. Ça vous inspire quoi ?
 

Zoom sur…

 

L'ASSOCIATION

Présentation de l'association et de sa charte qui encadre nos actions et engagements depuis 2004.

 

ADHÉRER !

Soutenir notre action ==> Si vous souhaitez adhérer à l’association, vous pouvez le faire par mail ou par écrit en copiant-collant le bulletin d’adhésion ci-dessous, en le ...

 

LES FONDATEURS

En 2004, une dizaine de personnes contribuèrent au lancement de l'association. Elles furent plusieurs centaines à s'investir parfois au quotidien ces 16 dernières années. L'aventure se pou...