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La France innove : Une croissance sans emploi !

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En France, un salarié sur dix recherche un emploi. En janvier, la barre symbolique des 10% a été franchie. Croissance et chômage grimpent main dans la main !

On aura beau expliquer, comme s'y est employé dès jeudi sur France 2 le ministre de l'Emploi et de la Cohésion sociale Jean-Louis Borloo, que «le chômage fait, depuis des mois, le yoyo», la réalité est là : il ne baisse pas. Depuis février 2000, le pays n'avait pas connu de taux de chômage à deux chiffres. En 1997, il atteignait le niveau record de 12,5%. Au printemps 2001, il était redescendu à 8,7% après trois années de croissance soutenue. Aujourd'hui, la croissance est à nouveau au rendez-vous. Mais pas l'emploi.

Pourquoi une croissance à 2,3% ne fait-elle pas baisser le chômage ?
Avec un produit intérieur qui a augmenté de 2,3% en 2004, ­ et même de 2,5% en tenant compte du nombre de jours ouvrables, la France n'a créé que 39.000 emplois, selon les résultats de la dernière enquête trimestrielle sur l'activité et les conditions d'emploi de la main-d'oeuvre (Acemo). C'est mieux qu'en 2003, où l'on avait enregistré une destruction nette d'emplois. Mais c'est trop peu pour compenser les nouvelles arrivées sur le marché du travail. Entre 1998 et 2001, l'économie française avait créé 1.500.000 emplois nouveaux dans le secteur marchand, pour baisser de 500.000 le nombre de chômeurs. Avec moins de 40.000 créations nettes de postes dans le secteur marchand, la courbe du chômage ne peut s'infléchir de manière significative. Le marché du travail n'est en effet pas un simple solde entre les départs à la retraite et les arrivées de jeunes sortis du système scolaire. D'autres paramètres interviennent, comme la reprise d'emploi d'anciens salariés ayant suspendu leur activité. Ils reviennent en nombre sur le marché du travail lorsque l'économie redémarre. Exemple classique : le conjoint qui s'inscrit à l'ANPE comme demandeur d'emploi quand il sait qu'il peut décrocher des missions d'intérim ou des CDD. Mais celui-là sort des statistiques lorsqu'il n'a aucun espoir de trouver du boulot et préfère s'occuper des enfants.

Pourquoi les entreprises n'embauchent-elles pas ?
Il y a toujours un décalage entre la reprise économique et la perception qu'en ont les employeurs. Mais l'attentisme a rarement été aussi long, alors que la prévision de croissance est à 2% pour 2005 et devrait inciter les entreprises à embaucher pour être prêtes à répondre à la demande. Elles ont plutôt choisi de reconstituer leurs marges, et de servir d'abord leurs actionnaires. Les profits conséquents annoncés par les grands groupes, Renault, Total, Lafarge, BNP-Paribas et pas mal d'autres en sont l'illustration (Libération du 18 février). Au moment où le chômage franchit la barre des 10%, le CAC 40 caracole au-dessus des 4.000 points. La plupart des entreprises n'ont pas remplacé poste pour poste les départs. Les rares qui l'ont fait en ont profité pour rajeunir leur pyramide des âges : le chômage des moins de 25 ans est le seul à avoir baissé le mois dernier (-1%), même s'il concerne encore 21,8% des jeunes présents sur le marché du travail.

Pourquoi les départs à la retraite ne créent-ils pas d'appel d'air ?
La possibilité de partir avant 60 ans offerte par la réforme Fillon sur les retraites à tous ceux qui ont commencé à travailler tôt aurait dû, en 2004, accélérer le rythme des départs à la retraite. Cette opportunité a été saisie par plusieurs dizaines de milliers de salariés. Mais elle n'a pas modifié fondamentalement le rapport départs/arrivées sur le marché du travail. Car l'an dernier, ce sont les générations peu nombreuses nées en 1942, 1943 et 1944 qui ont été concernées par la retraite à 60 ans ou un peu avant. Ce n'est qu'à partir de 2006 que la démographie pourra avoir un impact positif sur le marché du travail.

Pourquoi le plan de cohésion sociale reste-t-il sans effet ?
Il «ne commencera pas à produire ses effets matériels avant le second semestre de cette année», s'excusait jeudi Jean-Louis Borloo. C'est une première explication. Il en est une autre, plus inquiétante pour le gouvernement : les mesures en faveur de l'emploi qu'il contient, notamment les maisons de l'Emploi, ne peuvent avoir d'incidence sur le chômage qu'à moyen ou long terme. En attendant, les nouveaux dispositifs, comme le contrat d'avenir ou le RMA (revenu minimum d'activité), tardent à se mettre en place. La hausse du nombre de chômeurs de longue durée observée en janvier traduit ce flottement dans le «traitement social» du chômage.

La France est-elle condamnée à un taux de chômage élevé ?
C'est la grande inquiétude des experts. «Après une période d'optimisme exagéré, on est tenté par un pessimisme peut-être excessif, souligne Yves Chassard, chef du service affaires sociales au Plan, mais on ne peut exclure le scénario noir d'une croissance sans emploi.» Ce «scénario noir» verrait coexister des poches de chômage et de fortes tensions sur le marché du travail. La croissance française serait doublement handicapée : par la charge de l'indemnisation du chômage, et par la pénurie de main-d'oeuvre dans les secteurs d'activité les plus dynamiques.

(Source : Libération)

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Mis à jour ( Dimanche, 27 Février 2005 21:08 )  

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