Le sentiment d'une insécurité croissante, conforté par le développement des contrats de travail temporaire et le niveau élevé et persistant du chômage, est fort chez les salariés, alors que plusieurs études n'observent pas de hausse du risque de quitter l'emploi, note le Conseil de l'Emploi, des Revenus et de la Cohésion sociale.
Pour mesurer la réalité de ce sentiment, le CERC a choisi de distinguer deux notions : l'instabilité de l'emploi (perdre ou quitter son emploi) et l'insécurité de l'emploi (perdre son emploi et être durablement au chômage), dans son rapport sur "La sécurité de l'emploi face aux défis des transformations économiques".
"L'instabilité de l'emploi a nettement progressé sur la période allant de 1983 à 2002. Pour 100 salariés présents en début d'année dans un établissement, on enregistrait, dans les déclarations de mouvement de main d'oeuvre, environ 23 sorties en 1983 et 37 en 2002", note le CERC. De 2001 à 2002, l'emploi s'est accru d'environ 170.000 personnes, mais "cette hausse est le résultat de flux d'embauches et de séparations extraordinairement plus élevés" : les entreprises ont ainsi pratiqué 5,2 millions d'embauches au cours de l'année 2002, et près de 5 millions de personnes ont quitté ou perdu leur emploi. Cette croissance de l'instabilité de l'emploi s'explique notamment par l'augmentation du poids des services, où l'instabilité est forte, les changements de modes de production et de gestion de la main d'oeuvre.
"Pourtant, l'insécurité globale de l'emploi, mesurée par le taux de transition annuelle entre emploi et chômage ou inactivité, se retrouve en 2002 au niveau observé 20 ans auparavant", indique le CERC. Ainsi, alors que 7,6% des personnes qui étaient en emploi (salarié ou non) au début de 1982 se trouvaient sans emploi en mars 1983, la proportion est de 7,5% en 2002 pour les personnes qui étaient en emploi en 2001. Toutefois, au cours de ces 20 années, les fluctuations ont cependant pu être très importantes : "entre le fort taux d'insécurité en 1994 (9,3%) et le point bas de 2001 (7,1%), le nombre de transitions de l'emploi vers le chômage ou l'inactivité s'est réduit d'environ 500.000", selon le rapport.
Le CERC observe également que les entreprises soulignent leur besoin croissant de flexibilité pour s'adapter à l'évolution de la demande, de la concurrence et des technologies, objectif contradictoire avec les besoins de stabilité et de sécurité des salariés. Pour tenter de concilier ces positions, le rapport propose de renforcer les incitations des entreprises à pratiquer davantage la flexibilité interne (modulation du temps de travail, efforts de formation continue) qu'externe (sous-traitance, externalisation, intérim). Il envisage également de faire prendre en compte partiellement par les entreprises le financement des allocations chômage ou des aides au retour à l'emploi de leurs anciens salariés devenus chômeurs.
Le CERC, présidé par l'ancien président de la Commission européenne Jacques Delors, est notamment chargé de contribuer à la connaissance des liens entre l’emploi, les revenus et la cohésion sociale. Ses rapports sont transmis au Premier ministre, ainsi qu’aux présidents de l’Assemblée nationale, du Sénat et du Conseil économique et social.
(Source : Voila.fr)
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