Contrats aidés, toujours la même rustine

Lundi, 21 Mai 2012 11:16
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Michel Sapin, nouveau ministre de l'Emploi et du Travail, devra juguler la hausse continue du chômage. Faute de croissance, afin de limiter la casse, il s'appuiera dans un premier temps sur les contrats aidés.

C'est l'attente prioritaire des Français et désormais la mission de Michel Sapin, nouveau locataire de la rue de Grenelle : contrecarrer l'inéluctable hausse du chômage. Les chiffres en disent long sur le mur qui se dresse devant le ministre du Travail, de l'Emploi et du Dialogue social. Le nombre de chômeurs a augmenté de 200.000 au terme de onze mois consécutifs de hausse pour atteindre près de 2,9 millions (catégorie A). Le taux de chômage des jeunes, très touchés et que François Hollande érige en priorité de son quinquennat, atteint 22%. Toutes catégories confondues, on compte plus de 1,6 million de chômeurs de longue durée, un record très inquiétant et source de désespérance sociale.

Et le changement n'est pas pour maintenant : faute de croissance, tout indique que la dégradation se poursuivra de longs mois. Le PS et les syndicats redoutent en outre l'annonce de plans sociaux assez lourds qui auraient été renvoyés à l'après-présidentielle.

Une rallonge fin juin

Réaliste, François Hollande s'est donné, début mai, «un an pour inverser la courbe du chômage», misant pour 2013 sur le retour d'une conjoncture internationale plus porteuse et sur la montée en puissance de ses mesures en faveur de la croissance et du pouvoir d'achat. Pas question pour autant, après avoir fustigé le bilan sur l'emploi de Nicolas Sarkozy, d'attendre pour agir. Pour limiter les dégâts, Michel Sapin devrait rapidement renforcer le traitement social du chômage. Alors que le budget de l'emploi, et notamment l'enveloppe des contrats aidés, paraît sous-calibré, il bénéficiera de rallonges dans le cadre du collectif budgétaire, fin juin. De quoi renforcer aussi les moyens de Pôle Emploi, en particulier pour doper la formation des chômeurs, autre promesse du candidat Hollande.

L'effort se concentrera également sur les 150.000 «emplois d'avenir» — d'une durée de cinq ans sur le modèle des emplois jeunes de l'ère Jospin — promis aux jeunes de banlieue : le gouvernement veut en lancer un maximum dès septembre et souhaite qu'ils soient tous en place fin 2013. Michel Sapin misera enfin sur la mise en œuvre du «contrat de génération» (allégements de charges pour les jeunes et les seniors) mais cet outil, présenté comme la mesure phare du programme sur l'emploi, ne convainc guère les partenaires sociaux et ses contours seront sans doute à affiner. Le nouveau ministre a prévenu hier lors de la passation des pouvoirs que les effets ne seraient pas visibles «dans les semaines qui viennent».

Valoriser le dialogue social

Dans l'immédiat, le successeur de Xavier Bertrand s'attelle à la préparation de la «conférence nationale pour la croissance et l'emploi» avec les partenaires sociaux prévue mi-juillet [1], dont le menu s'annonce gargantuesque. Politique de l'emploi, réforme de la formation, lutte contre la précarité, encadrement des licenciements boursiers, salaires (dont la hausse du Smic) : le gouvernement y trouvera l'occasion de commencer à mettre en musique sa politique et de donner corps à sa volonté de valoriser le dialogue social.

A défaut d'une expertise dans les domaines dont il a désormais la charge, Michel Sapin pourra s'appuyer sur son profil de social-démocrate pragmatique, à même de séduire les syndicats sans inquiéter outre mesure le patronat, qu'il a rencontré (UIMM, Afep, Medef) durant la campagne au nom de François Hollande.

(Source : Les Echos)

[1] Le Mouvement national des Chômeurs & Précaires (MNCP), qui a demandé au nouveau Président à participer à cette conférence, attend toujours une réponse...


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Mis à jour ( Lundi, 21 Mai 2012 11:24 )