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Mini «paquet social» : Sarkozy nous endette pour épargner les riches

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En période de grandes difficultés, il faut effectivement se soucier en priorité des moins favorisés. Mais il a été clair, dans l’allocution présidentielle, que ces mesures [au coût global de 2,6 milliards d’€] seraient financées par un endettement supplémentaire de l’Etat : le déficit des administrations publiques, compte tenu de celui de la Sécurité sociale (elle aussi atteinte par la baisse des rentrées de cotisations) de 15 milliards, s’élèvera en 2009 à 5,5% du PIB.

La Commission européenne n’a donc pas tardé à réagir en lançant un avertissement à la France, comme à l’Espagne, à la Grèce et à l’Irlande, estimant que leurs déficits budgétaires de 2008 étant déjà supérieur à 3%, les nouvelles mesures transgressent trop les règles propres à la zone euro.

Toujours moins d’impôts pour les riches

Il n’appartient pas à la Commission européenne de pointer les mesures qu’elles jugeraient exagérées, vu la situation budgétaire de départ. Mais le citoyen français, lui, ne peut pas ne pas penser aux baisses d’impôts que Nicolas Sarkozy a octroyées, dès juillet 2007, aux plus favorisés : le «paquet fiscal», son «bouclier», ainsi que la réforme du barème d'imposition.

Ajoutons, pour être juste, que le mouvement avait été enclenché par le gouvernement précédent (moins 5% en 2002 et moins 6% dans le budget de 2007). Alors même que, tant en 2006 qu’en 2007, les administrations publiques présentaient déjà des déficits de plus de 2,5%. Inévitablement, le cadeau aux riches de l’été 2007 devait déjà, à lui seul, conduire au-delà des fatidiques 3% en 2008.

Aucun effort ne leur sera demandé

Dans les circonstances difficiles que nous vivons, la «justice sociale» que le Président évoquait jeudi soir, si elle n’est pas qu’un argument médiatique, aurait voulu que l’on demande aux plus aisés d’entre nous de financer cet effort en faveur de ces Français menacés et appauvris par la crise. L’annulation des dispositions fiscales de la loi de juillet 2007, voire de celles d’avant, dégagerait aisément plus de deux fois ce que vont coûter les mesures annoncées hier, fonds social inclus.

D’une part, cela permettrait de distribuer aux moins favorisés et de former les chômeurs, sans accroître encore la dette publique. D’autre part, cela matérialiserait une solidarité plus nécessaire que jamais dans cette période difficile, compte tenu d’une augmentation sans précédent des inégalités depuis vingt ans.

Le même raisonnement vaut pour les Antilles

Le gouvernement vient finalement de céder en partie à la revendication salariale du collectif guadeloupéen LKP en prévoyant le versement, par les employeurs, d’une prime de 30 à 150 € aux titulaires des plus bas salaires, avec compensation par l’Etat sur les charges.

Pourtant, les plus grosses entreprises antillaises peuvent supporter le plus gros de cette prime. Et pour les PME, une augmentation de l’impôt sur le revenu personnel des plus hauts contribuables de ces territoires, déjà allégé par rapport à la Métropole, serait tout à fait légitime. Ils ont assez souvent bénéficié de la manne du gouvernement français au moindre accident climatique sur les bananes et accumulé assez de profits sur la distribution du carburant et les hypermarchés qu’ils contrôlent, pour financer cet effort légitime en faveur des plus défavorisés des deux îles.

Mais Nicolas Sarkozy vise 2012

Il n’oublie pas que le cœur de l’électorat UMPiste, celui autour duquel il peut reconstruire une majorité par son talent médiatique, c’est une droite française particulièrement rétive à l’impôt. Il sait qu’il aura absolument besoin d’elle dans trois ans et qu’elle ne lui pardonnerait pas de lui imposer ce geste de solidarité fiscale. Il nous pense, par contre, électoralement mithridatisés contre le poison du déficit des administrations publiques que nous subissons depuis 25 ans sans discontinuer.

Il préfère donc tirer sur l’avenir une traite de plus et jongler avec des sanctions européennes qui, en ce qui le concerne, compte tenu de sa gestion, seraient pourtant parfaitement méritées.

Jean Matouk, économiste, pour Rue89
Mis à jour ( Dimanche, 22 Février 2009 23:42 )  

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