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Dumping social : "Je suis devenu l’intérimaire des plombiers polonais"

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Dumping social : Les premiers témoignages de travailleurs français concurrencés par leurs homologues européens nous arrivent.

Le 27 novembre dernier, nous apprenions par l’intermédiaire du Canard Enchaîné que 145.000 «travailleurs détachés» sont officiellement venus trimer en France en 2011. Selon le ministère du Travail, ils seraient probablement plus du double. Les syndicats estiment, eux, qu'ils seraient plus de 500.000 !


Les «travailleurs détachés» sont des plombiers, menuisiers, charpentiers, carreleurs, électriciens, routiers, maçons… low cost (à bas coût). Des Polonais, des Roumains, des Portugais… qui travaillent en France et sont payés selon les réglementations en vigueur dans leur pays d’origine, au plus grand bonheur des patrons.

Ainsi, les donneurs d’ordre économisent entre 25 et 40% rien que sur les cotisations sociales. Et ne parlons pas du reste ! Car, forcément, ces travailleurs «délocalisés» à plusieurs milliers de kilomètres de chez eux n’ont pas grand-chose d’autre à faire de leurs soirées et de leurs week-ends que de bosser pour arrondir leur fin de mois : Heures supplémentaires non déclarées et travail au black en prime, ça va de soi ! 

Devant l’ampleur du phénomène, les ministres européens du Travail se sont réunis dernièrement à Bruxelles pour tenter, autant que possible, de mettre un peu d’ordre dans le grand bazar de la sous-traitance qui génère, selon l’URSSAF et l’Inspection du Travail, des dizaines de milliers d’abus, de fraudes et de magouilles en tous genres (lire le communiqué de presse du gouvernement dans les commentaires). Sans compter le coût de l'indemnisation par l'assurance-chômage des travailleurs français qui ne trouvent pas de missions (lire le témoignage en fin d'article).

Mais, ne nous faisons pas d’illusion, aussitôt les nouvelles règles fixées, aussitôt seront-elles contournées par les petits malins qui connaissent mieux que leur ministre de tutelle, les combines et autres arrangements crapuleux.

Ainsi, ceux qui dénonçaient en 2005 le risque de dumping social que faisait courir l’adoption du Traité de Constitution européenne (et son volet économique) avaient vu juste. Le fameux «plombier polonais» est aujourd’hui à l’œuvre.

Le problème est qu’il n’est pas seul comme nous l’avons vu plus haut. Le nombre de «travailleurs détachés» en France serait de plusieurs centaines de milliers (chiffre impossible à vérifier).

Parmi les témoignages reçus, voici celui d’Antho357. Nous ne pouvons vous certifier sa totale fiabilité. Cependant, il paraît tout à fait crédible et recoupe d’autres interventions lues ailleurs.

Antho357 écrit :

«Je suis devenu l’intérimaire des plombiers polonais.

En tuyauterie soudure, avant j'avais toujours du travail. Mais depuis 5 ans, j'ai du mal à bosser 6 mois dans l'année !

Les entreprises qui m'employaient ont toutes pris des sous-traitants de l'est. Ils sont payés minimum au Smic. Leur patron leur paie un logement. Ils n'amènent que la nourriture.

Ils effectuent 4 semaines de travail et rentrent une semaine. Ils bossent environ 65 heures par semaine, pour environ 1.800 euros de salaire (soit bien au dessus du revenu moyen de leur pays où ils paient leurs charges. Pas en France !).

La plupart s’achètent des maisons dans leur pays et investissent dans l'immobilier.

Ils bossent donc à l'année à ma place. La boite m'appelle seulement quand il y a surcroît de travail. Aussi bête que ça puisse paraître, ils bossent très lentement (ils sont assurés de ne pas être virés !) et moi très vite, car l'inverse !
».

Et le témoignage de Ramos déposé dans les commentaires :

«Je confirme le témoignage. Moi-même carreleur, g plus de mal à trouver des chantiers. Sur certains, il m'arrive de côtoyer 10 ouvriers polonais et de plus en en plus d'ukrainiens qui ne font pas partie de l'Europe, il me semble bien.

Les mecs font des journées de 10 heures parfois 12 avec pause sandwich d'une demi heure. La plupart travaille le week-end à leur compte au noir, payé de la main à la main en cash.

On peut pas rivaliser avec des gens qui sont là pour faire du fric rapidement et qui rentrent chez eux avec 2500 euros (salaire et black). Une fortune en Pologne et en Ukraine qui représente facile 4000 à 5000 euros nets ici.

C un scandale qui prive les artisans français et les chômeurs de travail.

L'Europe ne nous protège pas. Elle nous écrase !!!!
».

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