Logements indignes : 24 morts en 2 jours

Mardi, 30 Août 2005 17:09
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Encore un incendie meurtrier hier soir dans un immeuble vétuste du quartier du Marais à Paris (IIIe) squatté par des familles ivoiriennes : 7 personnes ont été tuées et 14 blessées, tout juste quatre jours après celui du boulevard Vincent-Auriol (XIIIe) qui a coûté la vie à 17 Africains, dont une majorité d'enfants.

Il y a quatre mois, 24 Africains - également en attente de logements - sont morts dans l'incendie de l'hôtel meublé Paris-Opéra (IXe). Ces drames successifs reposent la même question lancinante des logements insalubres dans la capitale, et surtout celle du manque criant de logement sociaux.

"Il y a un problème gravissime d'immeubles insalubres à Paris", a déclaré Bertrand Delanoë, rappelant que ses services en avaient recensé un millier au début de son mandat et qu'il en reste aujourd'hui environ 500, selon la municipalité. Les partis de gauche, le président de l'UDF et des associations de défense des immigrés ont dénoncé l'absence de volonté politique du gouvernement face à la pénurie de logements sociaux.

Murs lézardés, absence d'eau, de gaz, d'extincteurs, rats, cafards, intoxication au plomb : une douzaine de familles ivoiriennes s'entassaient dans des conditions misérables dans ce squat situé au coeur du quartier parisien huppé du Marais, à deux pas de la place des Vosges !
La municipalité avait engagé des démarches auprès de la préfecture en vue de sa réhabilitation, a justifié Pierre Aidenbaum (PS), maire du IIIe : "On signalait depuis plusieurs années que les conditions de vie y étaient inadmissibles", a-t-il expliqué en précisant que ces familles, soit une quarantaine de personnes, devaient être relogées en septembre pour permettre d'effectuer des travaux.
Plus virulent, Yves Contassot (Verts), adjoint de Bertrand Delanoë, a dénoncé le fait que certains locataires de l'immeuble, sans-papiers, n'avaient obtenu aucun relogement pour permettre d'effectuer les travaux : "Il faut sortir de ça, arrêter de traiter les gens comme au XVIIIe siècle", a-t-il dit, fustigeant "les sociétés dont le seul critère est le fric", notamment la Compagnie des Eaux qui avait refusé d'installer l'eau courante dans l'immeuble.

René Dutrey, président de la société d'économie mixte SIEMP - ayant pour mission d'éradiquer l'ensemble du logement insalubre à Paris et qui avait racheté l'immeuble à son propriétaire il y a six mois après des années de tractations - a estimé que celui-ci faisait partie des "423 pires immeubles insalubres" de Paris. "La question n'est pas l'argent, mais l'offre de logements. Tant qu'on ne créera pas d'offre de logements, on sera obligé de ramasser des gens qui brûlent dans des immeubles", a-t-il ajouté. Selon lui, quelque 2.000 familles vivent actuellement à Paris dans des immeubles aussi insalubres que celui de la rue du Roi doré et "jouent chaque jour leur vie".
Une professionnelle de l'immobilier située dans la rue de Turenne a indiqué que des appartements dans l'ancien dans ce quartier se négociaient actuellement entre 6.800 et 7.600 euros le mètre carré.

Le gouvernement a pour sa part lancé un appel à "l'union sacrée", estimant qu'il n'y avait pas matière à polémiquer. Le Premier ministre Dominique de Villepin doit annoncer jeudi un programme d'aide au logement social en Ile-de-France. Quant au député UMP Damien Meslot, qui estime que la création de logements sociaux ne répond pas à l'urgence du problème, il entend relancer sa proposition de loi visant à imposer la présence de détecteurs de fumée dans les immeubles parisiens.

=> Et dans notre beau pays, tout se finit par des expulsions : à lire dans les commentaires ci-dessous…

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Mis à jour ( Mardi, 30 Août 2005 17:09 )