Taxe sodas : les consommateurs vont financer la baisse du coût du travail agricole

Jeudi, 13 Octobre 2011 14:41
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Le doublement et l'élargissement de la "taxe soda" aux boissons light permettra aux agriculteurs d'être exonérés de cotisations sociales sur les salaires de leurs employés permanents.

Question cynisme, l'UMP a plus d'un tour dans son sac. Après moult tergiversations, la Commission des finances de l'Assemblée propose non seulement de doubler la taxe sur les boissons "à sucre ajouté", mais de l'élargir à celles contenant des édulcorants. Résultat, qu'il soit riche ou pauvre, le consommateur devra débourser 20 à 30 centimes de plus pour s'offrir une bouteille de jus de fruits ou de cola light, "qui ne sont pas des produits de première nécessité". De quoi faire exploser les chiffres de l'Insee qui a estimé à 3,4% la hausse annuelle du prix des boissons dans la grande distribution.

Gain prévu : 250 millions d'euros qui serviront en partie (le reste allant directement à la Sécu) à "financer la baisse du coût du travail agricole"... Comprenez, "réduire le coût du travail permanent dans le secteur agricole", c'est-à-dire faire financer par le consommateur l'exonération des cotisations sociales des patrons agriculteurs sur les salaires de leurs employés permanents.

Le plus beau, c'est que ceux qui en bénéficieront à plein sont les agriculteurs qui possèdent de grosses exploitations pratiquant la culture intensive ! Et pour mieux flatter cet électorat, l'UMP a même relevé de 20% les plafonds d'épandage d'azote...

Au pain sec, et à l'eau !

On ne va pas revenir sur la hausse du paquet de cigarettes (+6%) qui entrera en vigueur dès lundi. On sait que l'addiction au tabac touche davantage les personnes en situation de précarité et qu'augmenter son prix n'a que peu d'incidence sur leur consommation. Ces personnes, déjà prises en otage par leurs soucis et qui trouvent du réconfort en fumant, continueront donc à payer.

La moitié des salariés français est déjà victime de l'allègement du coût du travail : en effet, le revenu salarial moyen avoisine 1.600 euros/mois, constat directement imputable aux allégements généraux dits "pour l'emploi" appliqués aux bas salaires de façon dégressive jusqu'à 1,6 Smic pour un coût annuel de 21 milliards d'euros. Ainsi, l'Etat subventionne non seulement le patronat, premier "assisté" de France, mais l'encourage à maintenir de basses rémunérations, le tout pour un impact archi faiblard… sur l'emploi.

Les chômeurs sont également victimes de cette mauvaise politique : au cours de leur recherche de travail, ils ne tombent plus que sur des offres pour des jobs précaires et rémunérés au salaire minimum. Ensuite, c'est un cercle vicieux : plus le pouvoir d'achat des ménages se dégrade, plus ils doivent faire des sacrifices, et plus l'économie se contracte.

C'est donc à ces gens-là que l'UMP impose de contribuer à la lutte contre les déficits. Nos millions de Smicards et de pauvres se serrent déjà considérablement la ceinture. Désormais, toute source de plaisir — considéré comme futile, voire mauvais pour la santé — leur est interdite. Et ces nouvelles exonérations aux gros agriculteurs qui polluent ne resteront qu'un effet d'aubaine, sans incidence notable sur la création d'emplois dignes de ce nom dans le secteur.

SH

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Mis à jour ( Jeudi, 10 Novembre 2011 12:13 )