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Du déficit persistant de travailleurs qualifiés

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A l'image des «emplois non pourvus» régulièrement agités pour faire croire que les chômeurs sont des parasites qui ne veulent pas bosser, voici le spectre du déficit de travailleurs qualifiés dans les pays développés.

Et c'est reparti ! Selon une étude mondiale réalisée par la société Manpower Group conduite auprès de 40.000 employeurs dans 41 pays et territoires, le tiers (34%) des interrogés déclare avoir du mal à trouver des personnes correspondant aux offres d'emploi en raison du manque de compétences sur le marché... Une pénurie de travailleurs qualifiés et d'ingénieurs qui persisterait malgré un taux de chômage de plus en plus élevé : un paradoxe qui mérite d'être creusé.

La première réponse apportée par les employeurs eux-mêmes à ce déficit de compétences est «la formation des employés déjà en poste» : une mesure de bon sens mais trop peu appliquée, à l'instar de la gestion de carrière. Arrive ensuite l'extension des recherches à d'autres régions (le sparadrap de la "mobilité professionnelle"), puis la nomination d'une personne non qualifiée à former sur le tas (mais là, c'est vraiment trop demander).

En effet, selon l'étude, ces employeurs préfèrent développer leur activité en laissant des postes vacants plutôt que d'embaucher des travailleurs "inadaptés" par crainte d'une nouvelle récession économique. Or, «laisser des postes vacants peut être un palliatif à court terme, mais c'est une approche à courte vue et inefficace pour résoudre le problème de la pénurie de compétences», commente avec justesse le directeur général de Manpower.

Car laisser des postes vacants pèse non seulement sur les salariés qui restent (et les entreprises se moquent de tirer sur la corde tant que la manœuvre est rentable), mais ne laisse aucune chance à des candidats à l'emploi dont les diplômes, l'expérience et la motivation leur permettraient largement de s'adapter… pour peu qu'on daigne les former. On en revient toujours au même scandale : celui de l'hypersélectivité des recruteurs qui veulent des profils "sur mesure", opérationnels de suite, afin de ne rien lâcher sur la formation.

L'employabilité à sens unique

L'«inemployabilité» est leur leitmotiv, toujours martelé à la charge des postulants. Pourtant, en droit du travail français, «l'employeur a l'obligation d'assurer l'adaptation des salariés à leur poste de travail. Il veille au maintien de leur capacité à occuper un emploi, au regard notamment de l'évolution des emplois, des technologies et des organisations. Il peut proposer des formations qui participent au développement des compétences». On se souvient d'une époque où les entreprises ne faisaient pas la fine bouche, formant sur le tas des millions de travailleurs qui donnaient, au final, pleinement satisfaction et étaient même autorisés à emprunter "l'ascenseur social".

Tout cela est bien fini. Grâce au chômage de masse, ils n'ont que l'embarras du choix et se permettent de pousser leurs exigences au maximum (avec des contreparties minimum…), quitte à friser le délire. Tout est bon pour pleurer misère : le «déficit de compétences des candidats», en particulier «la maîtrise d'une langue étrangère»; et «le manque d'expérience», selon les motifs relevés par l'enquête Manpower Group.

Comble de la mauvaise foi, en tête des raisons invoquées pour ne pas pourvoir un poste figure «le manque de postulants» (!!!); et quelques employeurs pointent «un problème de qualités personnelles», comme «le manque d'enthousiasme» ! C'en est trop, sachant que les rémunérations proposées et les conditions de travail sont de plus en plus indignes. D'ailleurs, Manpower Group note que, pour attirer des moutons à cinq pattes, la hausse du salaire n'est utilisée que par 8% des employeurs.

On scie la branche

Outre les dysfonctionnements de la formation professionnelle continue en France, qui bénéficie aux mieux lotis et écarte les chômeurs, la crise a fait exploser le chômage de longue durée. Et celui-ci est vecteur d'«inemployabilité» : disqualifiées et abandonnées, un nombre croissant de personnes talentueuses et volontaires sont laissées sur le bord de la route. Le gâchis de compétences est immense !

On le sait, la discrimination à l'embauche des chômeurs, qui n'est malheureusement pas chiffrée/étudiée, est flagrante : être au chômage réduit nettement les chances de retrouver un emploi, les entreprises préférant recruter des individus déjà en poste voire, pour les jeunes, des étudiants en passe d'obtenir leur diplôme. Nombre d'entreprises font un premier tri parmi les candidats au recrutement en éliminant d'office les chômeurs, estimés «inemployables» au bout de plusieurs mois sans activité. Sinon, à niveau de compétence équivalent et même supérieur, il est clair qu'un chômeur ne se verra pas offrir les mêmes conditions qu'un candidat en poste.

Par cette attitude court-termiste, aussi peu reluisante qu'irresponsable, les employeurs finissent par générer l'«inemployabilité» qu'ils déplorent.

SH

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Mis à jour ( Vendredi, 20 Juillet 2012 14:58 )  

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