Mais les temps ont bien changé. Tandis que les militants de la fédération de la CGT-Spectacle et de la Coordination battaient mollement le pavé parisien, à l'intérieur, les partenaires sociaux se penchaient sur les effets – très modestes pour l'instant – de la réforme. Le rapport remis le matin même au ministre de la Culture par le président du Bureau d'informations et de prévisions économiques (Bipe) avait de quoi tempérer l'ardeur des manifestants. L'auteur, Jean-Paul Guillot, remarque dans ce document que «sur la base des seules informations disponibles, le protocole n'atteindra pas les effets de réduction du déficit attendus, et n'exclura pas autant d'artistes et techniciens que certains l'avaient redouté».
Hier, chez les partenaires sociaux on reconnaissait que le trou devrait dépasser les 900 millions d'euros cette année et friser le milliard d'euros fin 2005, contre 850 millions en 2003. Et pour cause : le rapport Guillot affirme que le fonds spécial provisoire mis en place par l'actuel ministre de la Culture pour éteindre l'incendie social en repêchant les exclus du système n'a reçu que 1986 demandes... «On est loin des 30.000 artistes qui devaient se retrouver éjectés du système comme l'affirmait la CGT Spectacle, raconte René Fontanrava de la CFDT, qui rappelle qu'il «s'agissait d'indemniser les intermittents qui n'arrivaient pas cette année à faire leurs 507 heures en 11 mois mais en 12».
Renaud Donnedieu de Vabres, qui était entendu hier matin dans le cadre de la mission d'information parlementaire sur le sujet, a fini d'étouffer les dernières aigreurs en annonçant que le fond provisoire qui devait prendre fin en décembre 2004 serait transformé en fonds «transitoire» et prolongé jusqu'à la fin de l'année 2005.
Malgré tout, Jérôme, l'un des porte-parole de la coordination des intermittents d'Ile-de-France, reste sceptique sur le caractère indolore de la réforme. «L'Unedic ne dispose pas de données exhaustives sur la question, affirme-t-il, elle est incapable de dire combien d'intermittents sont réellement sur le carreau. Et c'est sans compter les 30.000 dossiers en stock aux Assedic !»
Le rapport Guillot insiste également sur la nécessité de maintenir un système spécifique d'indemnisation et sur la mise en oeuvre d'une politique de l'emploi dans une profession qui se paupérise. Selon Jean-Paul Guillot, «80% des artistes et techniciens indemnisés ont un salaire annuel de référence inférieur à 1,1 smic», alors que l'audiovisuel, le cinéma et le spectacle vivant dégagent ensemble une valeur ajoutée est d'un peu plus de 11 milliards d'euros.
(Source : Le Figaro du 2/11/04)
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