Tentative de suicide au Pôle Emploi de Tremblay

Mardi, 25 Octobre 2011 02:07
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Lundi, un chômeur a menacé de se suicider en se tailladant les avant-bras dans une agence de Seine-Saint-Denis.

Deux crises en une semaine, c'est beaucoup pour Pôle Emploi. Ce lundi 24 octobre, un chômeur a menacé de s'ouvrir les veines dans son agence de Tremblay-en France (Seine-Saint-Denis). L'homme, âgé de 42 ans, s'est présenté vers 10h45 alors qu'il n'était convoqué que le 3 novembre. Une date qui ne lui convenait pas. Il a alors sorti un couteau et commencé à se blesser en assurant que s'il ne pouvait s'expliquer avec un responsable afin d'obtenir un autre rendez-vous, il se suiciderait devant tout le monde.

Certains agents ont alors appelé la police, d'autres ont tenté d'apaiser le désespéré. Il a été emmené par les pompiers dans un hôpital proche. Ses jours ne sont pas en danger. Mais les témoins de cette tentative de suicide étaient sous le choc. L'agence a été fermée après les faits, et la direction a organisé une réunion avec cellule psychologique.

Des tensions sociales de plus en plus vives

Selon Christine Brouh, secrétaire régionale du SNU-Pôle Emploi en Ile-de-France, l'agence de "Tremblay avait déjà été pointée parce qu'il y a un gros problème à l'accueil, comme dans toute la Seine-Saint-Denis". Cet incident, intervenu une semaine jour pour jour après la prise d'otage de deux responsables d'une agence parisienne du 11e arrondissement, est une nouvelle illustration d'un malaise de plus en plus grand lié à un taux de chômage élevé.

"Les demandeurs d'emploi n'ont pas d'espace de représentation, le seul endroit où ils peuvent exprimer leur désarroi, leur colère et éventuellement leur mécontentement, c'est bel et bien Pôle Emploi", a déclaré Jean-Charles Steyger, représentant national du SNU. "Aujourd'hui, étant donné la charge de travail qu'on a, les usagers sont contraints de passer par les plates-formes téléphoniques et le site internet", ajoute-t-il, déplorant une "logique de mise à distance" qui, selon lui, ne peut "qu'attiser l'agressivité".

La crise et la fusion, grands responsables

"Les incivilités, les agressions verbales ou physiques et leurs conséquences, des agents qui craquent et qui se réfugient derrière des médicaments anti-stress ou des conduites addictives, tout cela est en hausse constante", a alerté Jean Montéro, délégué syndical central suppléant pour FO-Pôle Emploi. Quelque 5.500 agressions ont été recensées l'an dernier et elles ont augmenté de 20% au premier trimestre 2011, d'après la direction.

Mais la crise n'est pas seule responsable, selon les syndicats. Ils déplorent le manque de suivi personnalisé des chômeurs, accentué selon eux depuis la fusion de l'ANPE et des Assedic fin 2008. "Si l'on compare nos effectifs avec nos voisins allemands ou britanniques, le taux de charge est beaucoup plus élevé chez nous", pointe Jean Montéro.

Le 7 juin, la Commission européenne avait jugé que les ressources consacrées à l'accompagnement des demandeurs d'emploi étaient "insuffisantes" en France, d'après un récent rapport du Sénat qui souligne que les résultats de Pôle Emploi en matière de retour à l'emploi étaient décevants par rapport à ceux d'autres pays. Elle recommandait ainsi un renforcement des moyens humains et de l'accompagnement des chômeurs. Alors que le nombre moyen de demandeurs d'emploi suivis par conseiller était de 85 fin 2008, ce rapport le chiffrait à 95 en 2009, puis 105,8 fin décembre 2010. Selon le SNU-Pôle Emploi, un agent suivrait aujourd'hui 160 chômeurs en moyenne, un chiffre pouvant aller jusqu'à 300 dans certaines agences d'Ile-de-France ou de Bretagne.

Pas d'amélioration à attendre dans l'immédiat

Tous les espoirs sont placés dans une baisse du chômage, qui touche plus de 9% de la population active en France, mais cette perspective ne semble pas proche, le gouvernement s'apprêtant à réviser à la baisse sa prévision de croissance économique. Début octobre, Pôle Emploi prévenait que, même si la croissance ne faiblissait pas l'an prochain, le nombre de chômeurs en France ne devrait que très légèrement diminuer en raison du ralentissement des créations de postes.

Dimanche, le directeur général de Pôle Emploi Christian Charpy a annoncé le lancement d'une grande consultation interne sur la sécurité de ses agents.

(Source : Reuters)


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