Travail forcé : Laurent Wauquiez en remet une couche

Mercredi, 13 Avril 2011 04:08
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Fort d'un piètre bilan, l'ex secrétaire d'Etat à l'Emploi propose à son tour de faire travailler gratuitement les allocataires du RSA "socle".

On savait que, dans l'ombre et sous les ordres de Nicolas Sarkozy, le député Marc-Philippe Daubresse se chargeait de renforcer le volet "insertion" du Revenu de solidarité active afin de le rendre plus efficace (comprenez, plus coercitif). Car, voyez-vous, ces cravateux empâtés ont toujours du mal à comprendre que, quand on veut ajouter une sardine, même sans tête, dans une boîte à sardines déjà archi-pleine, même avec de l'huile ça ne rentre pas. Qu'à cela ne tienne : enfonçons-les toutes dedans, avec un doigt ou autre chose, quitte à les réduire en charpie ! C'est ça, l'efficacité selon l'UMP.

Entre temps, la Sarkopuce a changé de chien : lassée du sang des musulmans et autres "immigrés", afin de varier ses apports nutritionnels, la voici qui se jette à nouveau sur le dos des chômeurs et des pauvres. Passant de l'ombre à la lumière pour justifier ce changement d'hôtes, quelques UMPistes se sont alors fait entendre...

On a eu Patrick Buisson qui a proposé de réserver le RSA «aux Français qui ont un travail», vidant de sa substance ce minimum vital créé il y a vingt ans et destiné, justement, aux exclus de l'emploi qui n'ont plus rien. En clair, avec Patrick Buisson, ceux qui ne travaillent pas n'ont qu'à crever ! Ainsi, ce conseiller très spécial de Nicolas Sarkozy n'hésitait pas à piétiner l'article 25 de la Déclaration universelle des Droits de l'homme et l'article 11 du Préambule de notre Constitution.

On a eu ensuite le député Pierre Lang qui a déposé une proposition de loi visant à obliger les chômeurs de plus de 6 mois et les allocataires du RSA à effectuer gratuitement, 20 heures par semaine, des «travaux d’intérêt général» en contrepartie de leurs allocations. Une violation directe de l'article 1er de la Convention sur l'abolition du travail forcé adoptée en 1957 par les membres de l'Organisation internationale du travail (OIT), dont la France est signataire. Sans oublier celle des articles 4 et 23 de la Déclaration universelle des Droits de l'homme.

Puis, quelques jours après, Nicolas Sarkozy en personne a annoncé vouloir renforcer le contrôle des chômeurs, au nom de son idée dévoyée de la «justice sociale» et sous couvert d'une sortie de crise totalement hypothétique, alors qu'en 2008 il avait déjà fait voter une loi dans ce sens. Nicolas Sarkozy, c'est le Terminator du ridicule.

Et voici son bon petit soldat Laurent Wauquiez qui annonce que son groupe parlementaire — autoproclamé «la droite sociale» (vous avez le droit de rire) — va, à son tour, déposer une proposition de loi visant à expérimenter un RSA assorti d'une contrepartie baptisée «service social» (c'est mieux que "TIG" ou "STO") consistant à «remettre les bénéficiaires dans une dynamique de retour au travail». Ainsi, il est question de les faire bosser gratuitement 5 heures par semaine à l'accueil dans les services publics, au nettoyage des rivières, à la surveillance aux abords des écoles, etc... Bref : les allocataires du RSA sont appelés à boucher gratuitement les trous et combler les emplois supprimés par la RGPP.

Tout travail mérite salaire !

«Ce n’est pas une sanction mais un marchepied vers l’emploi», fait-il valoir. Or, il serait intéressant qu'on nous explique pourquoi, s'il y a visiblement encore un peu de travail en miettes à donner, on refuserait de le rémunérer. Ce «marchepied vers l’emploi» est plutôt un tremplin vers l'exploitation. Même les Allemands, autrefois champions du STO, filent au moins 1 € de l'heure à leurs "Hartzis" !

Et pourquoi les 450.000 travailleurs pauvres, déjà bénéficiaires du RSA "activité", auraient le droit de cumuler leur salaire de misère avec cette aumône — qui autorise leurs employeurs à les sous-payer — tandis que le 1,15 million d'allocataires du RSA "socle" devraient, eux, aller bosser à l'œil ? Ça ne tient pas debout !

Qui sont les vrais assistés ?

«N’ayons pas la contrepartie honteuse, dit-il. On ne peut pas donner le sentiment que les gens peuvent tirer des traites sur l’argent public sans un minimum de coresponsabilité.» Quand on pense que l'Etat, chaque année, octroie plus de 170 milliards d'euros aux entreprises sous forme de niches fiscales et sociales sans contrepartie sur l'emploi, on se demande de quelle «coresponsabilité» il s'agit ! Ehonté, Laurent Wauquiez a mis en garde contre le risque «que le RSA ne se transforme en nouvelle prestation d’assistanat» alors que c'est la crise et son chômage qui a plongé ces gens dans la mouise tandis que, depuis 2007, les vrais assistés du sarkozysme sont les patrons et les plus riches, épargnés par la crise et désormais soulagés de l'ISF !

Il faut le souligner : le bilan de l'ex secrétaire d'Etat à l'Emploi — aujourd'hui promu ministre des Affaires européennes où il poursuit l'œuvre de son maître — fut un fiasco. On se demande de quel droit il se permet encore de l'ouvrir sur ce terrain où il a, pourtant, lamentablement échoué. A l'UMP, on est vraiment décomplexés : Durs avec les faibles, faibles avec les forts, et incompétents par dessus le marché !

Qui sera le prochain à nous cracher dessus ? D'ici 2012, sortez vos parapluies car le défilé ne fait que commencer.

En attendant, telle des hyènes autour d'une nouvelle proie, l'UMP tourne autour du RSA. Une loi scélérate est probablement à craindre avant les présidentielles. Il va falloir se mobiliser.

SH

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Mis à jour ( Jeudi, 14 Avril 2011 21:02 )