Enquête BMO 2008 : un optimisme débridé

Mercredi, 09 Avril 2008 12:49
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Ô joie, ô bonheur ! L'enquête sur les «besoins en main-d'œuvre» publiée ce matin par l'Unedic nous révèle que le nombre d'intentions d'embauches projetées cette année par les entreprises bondit de 6,1% par rapport à 2007 : des prévisions au plus haut depuis 2003 !

Une conclusion surprenante qui vise, certainement, à rassurer les Français dont le moral est «historiquement au plus bas depuis 1987» alors que la baisse du chômage, elle, est «historiquement au plus bas depuis 1983», dixit l'INSEE il y a quinze jours...

Mais il faut savoir que, pour cette enquête, le 1,5 million d'entreprises affiliées à l'assurance chômage a été interrogé… à l'automne dernier. Leurs «intentions» ne sont donc pas de toute première fraîcheur, puisqu’entre temps l'inflation et la crise des subprimes ont débarqué. A savoir aussi : ces "bons" résultats se basent sur un envoi massif de questionnaires dont le taux de réponse… dépasse à peine 20% (lire en commentaire) !

Ensuite, parmi le 1,3 million d'embauches "envisagées" en 2008 - dont près des deux tiers devraient se réaliser dans les entreprises de moins de 20 salariés avec une forte demande sur les métiers de l'encadrement, tandis que 6 projets sur 10 seront portés par des prestataires de services -, 4 sur 10 correspondent à des transferts de personnel au sein de la même entreprise (promotion interne, remplacement des départs à la retraite…), 3 sur 10 concernent des salariés qui changent d'entreprise (mais pas de métier), seulement 2 sur 10 profiteront à des chômeurs ou à des inactifs, et 1 sur 10 permettra à des jeunes d'entrer sur le marché du travail.

Jobetic l'avait déjà relevé l'année dernière : de trop nombreux recruteurs refusent d'embaucher des demandeurs d'emploi, une discrimination larvée qui touche plus de 4 millions de personnes. «A quand une taxation des récalcitrants ?» s'interroge Jobetic à l'heure où il est question de sanctionner les chômeurs qui refuseraient «deux offres d’emploi raisonnables»… que l'ANPE n'est pas capable de fournir (lire en commentaire).

Alors que, paradoxalement, l'Unedic a prévu que les créations nettes d'emploi de 2008 diminueront de moitié par rapport à 2007, que devons-nous comprendre et, à ce tarif, que reste-t-il à ceux qui resteront exclus de ce merveilleux petit monde ?

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