Il y a 4,5 millions d'inscrits à l'ANPE

Samedi, 05 Janvier 2008 19:04
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Qu'on se le dise ! C'est, toutes catégories confondues (il y en a huit), le chiffre officiel de l'ANPE pour l'année 2006 qu'on peut trouver dans toutes les dépêches qui traitent actuellement de la proposition de Nicolas Sarkozy sur les sanctions à infliger aux chômeurs qui refuseraient deux "offres d'emploi acceptables".

POUR RAPPEL…

Catégorie 1 : Demandeurs d’emploi immédiatement disponibles, à la recherche d’un CDI à temps plein. Eux seuls sont comptabilisés dans le taux de chômage qu'on continue à nous servir tous les mois. Et comme nous allons le voir, plusieurs astuces permettent d'alléger régulièrement cette «catégorie officielle»...

Catégorie 2 : Demandeurs d’emploi immédiatement disponibles, à la recherche d’un CDI à temps partiel. Beaucoup souhaitent un temps plein mais se contentent de ce qu'ils trouvent : s'ils ont, en attendant, accepté un temps partiel alors qu'ils étaient en catégorie 1, ils basculent aussitôt dans la 2. Et y restent (sauf s'ils pensent à demander à leur conseiller ANPE de les remettre en catégorie 1 à l'issue du contrat).

Catégorie 3 : Demandeurs d’emploi immédiatement disponibles, à la recherche d’un emploi à durée déterminée, temporaire ou saisonnier. Même s'ils souhaitent, eux aussi, un bon vieux CDI à temps plein, le fait d'accepter un CDD ou une mission d'intérim "en attendant" les fait basculer aussitôt de la catégorie 1 à la 3. Où ils resteront s'ils ne demandent pas à leur conseiller ANPE de rectifier le tir.

Catégorie 4 : Demandeurs d’emploi en formation, en CRP ou CTP, ou en arrêt maladie. C'est aussi une parenthèse bien pratique pour sortir ces chômeurs, considérés comme «non disponibles immédiatement», de la catégorie 1 (surtout les signataires des CRP et CTP !).

Catégorie 5 : Personnes ayant un emploi et à la recherche d’un autre emploi. Cette catégorie a tendance à fondre car désormais l'ANPE les désinscrit systématiquement puisqu'ils sont, eux aussi, indisponibles. On leur demande de se réinscrire à la fin du contrat : c'est toujours ça de gagné.

Catégories 6, 7, 8 : Regroupent respectivement les chômeurs des catégories 1, 2 et 3 ayant exercé une «activité réduite» de plus de 78 heures dans le mois. Par exemple, si un chômeur inscrit en catégorie 1 travaille 100 heures dans le mois, il bascule aussitôt dans la catégorie 6.

Hors catégories : Les quelque 418.000 «dispensés de recherche d’emploi» (DRE) qui sont des chômeurs âgés de plus de 55 ans à qui l’ANPE propose d’échapper au suivi.

On voit bien que les 1,9 million de demandeurs d'emploi officiels dont se glorifie le gouvernement ne font pas le poids face à la réalité de ces 4,5 millions d'inscrits, les catégories 2 à 8 + «DRE» étant des voies de garage pour chômeurs invisibles alors que leur proportion n'a cessé de croître depuis 25 ans. Tant et si bien qu'au cours de l'année 2006, pour la première fois, la part de ces chômeurs dans le total des inscrits en a largement dépassé la moitié… alors qu'elle n'en représentait que 10% en 1982. De plus, il est utile de signaler que ce total de 4,5 millions est… stable depuis 15 ans !

Autre remarque importante : seulement 32% des 1,18 million de RMIstes sont inscrits à l'ANPE, ce qui signifie que 780.000 d'entre eux échappent aux statistiques du chômage. Mais le pire est pour ceux qui n'ont droit à rien et ne voient pas l'intérêt de s'inscrire : chômeurs en fin de droits qui ont un conjoint salarié et ne peuvent prétendre à l'ASS ou au RMI (attribués par foyer fiscal), ou quelque 480.000 jeunes de moins de 25 ans qui n'ont droit ni aux Assedic ni au RMI...

On vous laisse faire l'addition : c'est impressionnant !

Sources : • Pierre CONCIALDI et le collectif ACDC
Le Conseil national des Missions Locales
L'Observatoire de l'ANPE

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Mis à jour ( Samedi, 05 Janvier 2008 19:04 )