"Il faut que la France arrête de mépriser les métiers de l'humain"

Mardi, 14 Juin 2005 21:25
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Dixit Jean-Louis Borloo : "Il y a une demande extrêmement forte (...), ce sont des métiers où vous êtes seul, où vous êtes responsable, vous rendez des comptes, c'est de l'extrême proximité", a-t-il plaidé aujourd'hui sur RTL.

Après être restés un mois sans siéger "pour cause de référendum", les députés ont repris leurs travaux aujourd'hui avec l'examen du projet de loi de Jean-Louis Borloo sur les services à la personne, symbolisant la volonté proclamée du gouvernement de donner la priorité à l'emploi. Avec ce texte, le ministre de l'Emploi veut développer un secteur où la capacité de croissance paraît "extrêmement forte", l'objectif étant de créer 500.000 emplois en trois ans. Il a d'ailleurs rappelé que le dispositif de services à la personne allait coûter 1,4 milliard d'euros sur trois ans.

Selon le ministère, ce secteur - qui va de l'aide à domicile pour les personnes fragiles à l'assistance informatique en passant par les tâches ménagères, le soutien scolaire, le bricolage ou le jardinage… - représente 1,3 million d'emplois, dont 70.000 nouveaux emplois par an (+5,5%).
La principale innovation du texte, destinée à simplifier les démarches administratives, est la création d'un chèque emploi-service universel (CESU), qui doit unifier les chèques emploi-service et les titres emploi-service existants.
Autres mesures incitatives : des allègements de cotisations sociales pour les particuliers employeurs et des réductions d'impôt pour les entreprises ou les associations.

Bien que chacun s'accorde à reconnaître les importantes capacités de développement de ce secteur, ce projet suscite critiques et interrogations, à gauche comme à droite. Les principales viennent de l'opposition, où Paulette Guinchard-Kunstler (PS) appréhende surtout "un développement des emplois précaires, donc de la pauvreté". L'ancienne ministre chargée des personnes âgées prône "un véritable plan de développement des emplois de service à la personne", incluant "un dispositif de formation qualifiante". Elle s'inquiète également de "la qualité du service rendu", redoutant notamment que le maintien à domicile ne soit plus considéré comme un service médico-social.
Daniel Paul (PCF) craint lui aussi un développement "massif d'emplois à temps partiel contraint". Soupçonnant le CESU d'être autant un "moyen de dérèglementation que de simplification", il le relie à "la volonté de grande dérèglementation et de grande précarisation des emplois" affichée, selon lui, par Dominique de Villepin dans sa déclaration de politique générale. A cet égard, il estime que "l'amalgame" entre des services de nature différente "n'est pas innocent".
A droite, plusieurs députés, y compris UMP, ont soulevé le risque de "concurrence déloyale" à l'égard des artisans et associations du fait des avantages accordés aux particuliers. Francis Vercamer (UDF) évoque aussi les dangers d'un développement du travail au noir et d'une protection sociale insuffisante des salariés, en raison d'un faible temps de travail.

Rejetant ces critiques, le rapporteur du texte, Maurice Giro (UMP) déclare d'abord avoir rassuré ses collègues UMP lors d'une longue réunion mercredi dernier. Pour le reste, il affirme que "l'intérêt de cette formule est d'arriver à créer des temps plein" et qu'"on y arrive facilement", citant l'exemple des femmes de ménage travaillant souvent "dans 5 ou 6 familles" (???). Il estime en outre que les risques de concurrence déloyale seront jugulés par un amendement fixant "un plafond horaire et financier" au dispositif. "L'installation d'un chauffage central ne relèvera pas de l'aide à la personne", souligne-t-il.

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Mis à jour ( Mardi, 14 Juin 2005 21:25 )