Les seniors victimes d'un taux de chômage élevé

Mercredi, 26 Janvier 2005 03:40
Imprimer
Selon une étude de la DARES (ministère de l'Emploi) publiée lundi, la volonté de la France d'accroître son taux d'emploi des plus de 55 ans - conformément aux objectifs de l'Europe - se heurte à de nombreuses difficultés liées au contexte de fort chômage actuel.

En 2003, 36,8% de nos 55-64 ans occupaient un emploi, soit près de 5 points de moins que la moyenne de l'Union européenne. Or les Conseils européens de Lisbonne en 2000, puis de Stockholm en 2001 et Barcelone en 2002, ont fixé une augmentation du taux d'emploi des seniors d'ici 2010 avec un objectif de 50% de 55-64 ans en emploi et un relèvement de 5 ans de l'âge moyen de sortie de l'activité au niveau de l'Union.

Parmi les éléments d'explication du phénomène français, la Dares évoque notamment le fait que les plus de 55 ans travaillent moins fréquemment à temps partiel que dans l'ensemble de l'Union. Par ailleurs, depuis trente ans, l'âge moyen de sortie du marché du travail n'a cessé de baisser : il était de 62 ans en 1968, puis de 58 en 2002. Ce phénomène s'explique par l'abaissement de l'âge légal de la retraite à 60 ans en 1982, mais aussi par l'augmentation du chômage, les restructurations économiques, la volonté de renouveler les qualifications... Autant de facteurs qui "ont fait émerger un consensus social plus ou moins explicite autour de l'idée que l'éviction des salariés âgés de l'activité constitue une des politiques et pratiques les moins douloureuses sur un marché du travail dégradé", note l'étude.

Des politiques publiques ont bien tenté de contrecarrer ce phénomène en limitant le recours aux préretraites et en ciblant certains emplois aidés sur les seniors, mais les employeurs renâclent toujours à embaucher dans cette tranche d'âge : un sur deux affirme refuser d'embaucher davantage de personnes de plus de 50 ans, même en cas de difficultés à pourvoir les postes de travail, souligne la Dares. Et leur affirmation selon laquelle la rémunération des seniors serait trop élevée par rapport à leur productivité tend pourtant à être contredite par une étude récente de l'Insee, montrant que le rapport entre productivité et salaire serait, chez les seniors, comparable à celui existant chez les autres salariés.

En revanche, souligne la Dares, "face aux innovations technologiques et organisationnelles et dans une société où le diplôme apparaît comme un des signaux de la sélection professionnelle, de nombreux seniors présentent le handicap d'avoir un capital scolaire jugé insuffisant". Ainsi, 70% des 50-54 ans n'ont pas atteint le niveau bac, et "leur formation tout au long de la vie ne compense pas la faiblesse de leur formation initiale", selon l'étude.

Enfin, près du quart des 50-64 ans déclarent connaître un problème de santé limitant leur capacité de travail, soit deux fois plus que les 30-49 ans.

L'étude conclut que les conditions ne sont pas réunies actuellement pour améliorer l'emploi des plus âgés, car "les tensions sur le marché du travail restent trop rares pour que les entreprises soient contraintes à recourir davantage aux seniors". "Dans une société où le chômage est important, de nombreux seniors, comme les employeurs et une partie du corps social, semblent s'accommoder de leur retrait de l'activité" et le recul de l'âge de fin de carrière ne peut être assuré ni "par le simple effet du vieillissement démographique ni par le jeu spontané des acteurs économiques" mais par une "politique volontariste", conclut la Dares.

Lire aussi :
Articles les plus récents :
Articles les plus anciens :

Mis à jour ( Mercredi, 26 Janvier 2005 03:40 )