Pôle Emploi : retards, dysfonctionnements, c'est la galère pour les chômeurs

Lundi, 05 Janvier 2009 23:19
Imprimer
Alors que, depuis cet été, plus de 160.000 actifs ayant perdu leur travail sont venus subitement grossir les rangs des prétendants à l'assurance-chômage, les retards de paiement et les erreurs de traitement se multiplient.

C'est aujourd'hui que l'ANPE et l'Assedic sont devenues le «Pôle Emploi», conformément au souhait d'un Nicolas Sarkozy qui lorgne sur le modèle britannique. Une inauguration discrète car marquée par une grève, hélas peu suivie malgré des tensions palpables et qui devait se poursuivre jeudi, dans un contexte d'engorgement administratif tout à fait préoccupant.

En effet, depuis octobre, des dizaines de milliers de dossiers de primo-demandeurs sont en attente. Il y a un mois, la direction de l'Unedic a reconnu que 95.000 d'entre eux restaient en souffrance au niveau national. Ce à quoi l'embauche hâtive de 200 CDD, le recours aux heures sup’ (sur la base du volontariat…) et la fermeture au public des antennes Assedic (tant pis pour l'accueil qui est déjà déficient…) devaient remédier.

Alors que 64.000 nouveaux chômeurs se sont inscrits en novembre et que les chiffres des mois à venir devraient être tout aussi catastrophiques, les salariés du Pôle Emploi se voient transformés en marins d'un navire qui prend l'eau de toutes parts, chargés d'écoper péniblement leur embarcation avec des écuelles, tandis que le gouvernement garde le silence sur les progrès effectués.

Tous les chômeurs sont touchés

Or — et c'est un signe —, sur nos forums, de plus en plus d'intervenants se plaignent de ne pas percevoir leur allocation en temps et en heure, ou d'erreurs dans le traitement de leur dossier. Notamment ceux qui, exerçant une «activité réduite», peuvent cumuler un maigre salaire avec un complément Assedic et, l'angoisse au ventre, ont enfin reçu leur aumône… un mois après, si ce n'est plus ! Ou bien des chômeurs en fin de droits qui constatent des erreurs de calcul manifestes dans l'attribution de leur ASS. Ou d'autres, plus «chanceux», qui flairent l'indu.

Visiblement, les primo-demandeurs ne sont pas les seuls à pâtir de la panique générale : les publics déjà connus et dont les dossiers doivent subir un examen particulier sont jugés «non prioritaires», tandis que les changements de situation induisent des bévues. Pour obtenir des explications et régler ces problèmes, c'est la croix et la bannière : la stratégie de l'évitement opère à fond. Seuls sont épargnés les chômeurs dont la situation est stable.

Et ce n'est qu'un début !

Outre la saturation de travail, le recours massif aux CDD est, bien évidemment, source de dysfonctionnements. Même si, sur les 200 actuellement à la tâche, l'Unedic a prévu d'en prolonger certains — qui, on l'espère, auront d'ici là acquis un peu d'expérience —, elle compte en recruter 400 autres afin d'éponger les retards jusqu'à fin mars.

Ces personnes, aussi consciencieuses soient-elles malgré leur statut «jetable», sont-elles suffisamment formées ? Sont-elles capables, en si peu de temps, de traiter avec précision — et motivation — des dossiers plus ou moins complexes ? Certes non. Calculer le montant des allocations en ayant une connaissance exacte des mécanismes de l'indemnisation ne s'improvise pas. C'est d'ailleurs ce qui est reproché à cette fusion puisque, dans des délais record, deux métiers totalement différents n'en feront plus qu'un : les agents de l'Assedic bénéficieront d'une formation-commando de 7 jours pour découvrir les joies de l'orientation et du placement, tandis que les conseillers ANPE n'auront que… 4 jours pour s'initier aux subtilités de l'indemnisation !

Les litiges vont donc s'accumuler. Et le chômeur, inquiet voire lésé, devra se démerder avec le tortueux 3949 ou le nouveau site internet — pour peu qu'ils ne buggent pas… —, autant de barrières technologiques qui creuseront le fossé entre sa détresse et un service public aussi désorganisé que déshumanisé. Quoiqu'il en soit, s'il n'a pas les moyens de trouver ailleurs les réponses à ses questions, il devra subir une attente anxiogène. Dans ce contexte de crise la situation risque, rapidement, de s'avérer explosive.

Lire aussi :
Articles les plus récents :
Articles les plus anciens :

Mis à jour ( Lundi, 05 Janvier 2009 23:19 )