Pourquoi allonger la période d'essai ?

Jeudi, 10 Janvier 2008 16:35
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Il existe pourtant de nombreuses formules qui permettent aujourd'hui aux employeurs de tester plus que longuement les capacités de leurs nouvelles recrues avant le CDI.

Le patronat, qui proposait une durée de 3 mois renouvelable une fois - soit 6 mois maximum - pour les employés et les ouvriers, et de 6 mois renouvelables une fois - soit un an maximum - pour les cadres, a accepté de reculer en partie : selon la dernière version du texte transmise aux syndicats hier soir, le renouvellement de la période d'essai serait non plus automatique, mais négocié par accord de branche et d'entreprise. Une porte ouverte à toutes les dérives (par exemple, une entreprise pourra fixer une période d'essai de 6 mois renouvelable trois fois en toute légalité)...

Le patronat s'obstine à exiger toujours plus de flexibilité pour les entreprises, sans contrepartie pour la sécurité des salariés. Or il est évident qu'à moyen terme, ce déséquilibre sera du perdant-perdant : c'est une question de bon sens ! Il n'est pas dans l'intérêt des entreprises - et donc de l'économie du pays - d'avilir et de précariser à ce point ses salariés. Cela s'appelle "scier la branche".

Il n'empêche que cette obstination sur la période d'essai a toutes les allures d'une revanche à prendre sur le défunt CNE. Le patronat s'acharne sur ce point, menaçant l'issue des négociations (17 réunions de travail à ce jour !) : «Il leur faut à nouveau quatre heures pour réfléchir sur des sujets qui sont sur la table depuis quatre mois», s'agace Maryse Dumas, secrétaire confédérale de la CGT. Cet acharnement (ce sabotage ?) semble d'autant plus inexplicable qu'il existe diverses astuces, souples et sans risques, pour juger de la qualité d'un futur collaborateur. D'ailleurs, les abus sont légion : CDD, missions d'intérim ou stages à répétition sans embauche à la clé, en toute impunité.

Le but avéré du patronat est donc bien de faire échouer ces négociations afin de laisser la main à un gouvernement qui a choisi le modèle britannique version Thatcher, et se fera un plaisir de concocter un projet de loi encore plus défavorable aux travailleurs… pour le plus grand bonheur du Medef.

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Mis à jour ( Jeudi, 10 Janvier 2008 16:35 )