«Grenelle» de l'insertion : les décisions sont déjà prises !

Vendredi, 23 Novembre 2007 19:57
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AC! Agir contre le chômage s'interroge sur l'utilité du "Grenelle de l'insertion" lancé vendredi à Grenoble, puisque «les décisions sont déjà prises» et risquent de «léser» les personnes en situation de grande précarité, comme le RSA qu'elle juge «complexe et inégalitaire».

«A quoi peut servir ce "Grenelle" alors que les décisions sont déjà prises ?», interpelle AC! en évoquant le RSA (revenu de solidarité active), expérimenté dans 40 départements. Un dispositif «complexe, inégalitaire», car le complément attribué aux bénéficiaires de minima sociaux en cas de reprise partielle de travail «changera d'un département à l'autre, mais aussi d'une personne à l'autre dans le même département», souligne l'association de défense des chômeurs.
Au sujet du contrat unique d'insertion sur lequel se penche le gouvernement et qui sera au centre des discussions, elle craint «l'instauration de contrats sur mesures, au gré des besoins des employeurs, public ou privé».

Au détriment de l'insertion sociale

Le Grenelle de l'insertion part «du présupposé absurde que seul l'emploi peut répondre aux problèmes sociaux», souligne AC! en rappelant qu’«un SDF sur trois travaille». «Comment prendre au sérieux un ministre qui brandit comme étendard les 35 millions d'euros attribués pour la mise en place du RSA quand ce sont 15 milliards d'euros de cadeaux fiscaux qui sont consentis aux plus riches ?», s'interroge-t-elle.

AC! souhaite avertir que les Conseils généraux, qui financent une partie du RSA, risquent de le faire «au détriment de l'insertion sociale ou d'autres budgets» de solidarité. «L'absence totale au Grenelle de problématiques ayant trait à l'insertion sociale revient de fait à considérer que l'emploi est un préalable à la prise en compte des problèmes de santé, logement, mobilité, et que celui qui est privé d'emploi ne peut prétendre à rien», déplore l'association.

Précarité institutionnalisée

Il n'y a pas qu'AC! qui pense que le RSA risque d'enfermer ses bénéficiaires dans le sous-emploi précaire. Déjà, en mai 2005, un rapport d'étude du Sénat (réalisé par Valérie Létard, actuelle secrétaire d'Etat à la solidarité) avertissait : "Le soutien très important apporté par le RSA dès les premières heures d'activité fait craindre des pressions à la baisse sur les salaires, et un renforcement du recours par les entreprises à des emplois à temps partiel." Solidarité gouvernementale oblige, l'auteure du rapport ne s'étale plus sur le sujet... De plus, pour limiter ses effets pervers, il était prévu d'expérimenter le RSA pendant trois ans mais, succombant à la pression sarkozyenne, Martin Hirsch a annoncé sa généralisation… fin 2008. Ainsi, l'obligation de résultat se fera au détriment de la qualité : on affichera très vite une baisse de la pauvreté en laissant dans leur situation ceux qui sont les plus éloignés du monde du travail.

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Mis à jour ( Vendredi, 23 Novembre 2007 19:57 )