Le nombre de chômeurs en fin de droits a bondi en 2012

Samedi, 16 Février 2013 15:47
Imprimer
Difficile de savoir exactement combien ils sont tant les chiffres sont confus selon les sources qui les fournissent...

Selon Pôle Emploi, la part des chômeurs indemnisés a stagné autour de 41% en 2012, alors qu'elle est montée jusqu'à plus de 55% dans les années 2000. Pire : en décembre, le nombre de chômeurs indemnisés ne progressait que de 5% sur un an alors que le nombre de l'ensemble des demandeurs d'emploi avait bondi de 10% dans le même temps. Sur les 5,6 millions d'inscrits à Pôle emploi, seuls 2,2 millions perçoivent ainsi une indemnité chômage. Et 2 millions sont chômeurs de longue durée (+12,5% sur un an). Parmi eux, 500.000 sont au chômage depuis trois ans ou plus (+18,6%).

L'Unédic ne prévoit que 7.300 demandeurs d'emploi indemnisés supplémentaires en 2013, mais s'attend à un afflux de 185.500 chômeurs sans activité de plus. En incluant les demandeurs d'emploi ayant une activité réduite, l'assurance-chômage prévoit une hausse totale de 234.900 inscrits. Le taux d'indemnisation pourrait donc encore baisser.

BOND DE L'ACTIVITÉ PARTIELLE

Mais l'Unedic se veut plus rassurant. L'organisme qui gère l'assurance-chômage calcule en effet de son côté un "taux de couverture" qui prend en compte à la fois les chômeurs indemnisés, et ceux ayant trop travaillé pour percevoir une allocation. Selon ces chiffres, le nombre de chômeurs couverts par l'assurance-chômage atteignait ainsi 63% fin 2011, un chiffre qui est resté relativement stable au cours de la crise, selon l'organisme.

L'Unedic estime que, si l'indemnisation recule, c'est d'abord en raison d'un bond de l'activité partielle des chômeurs. Au-delà de 110 heures travaillées dans le mois, un chômeur n'a plus le droit à une indemnité chômage, tout en restant inscrit sur les listes. En juin 2012, 603.160 chômeurs avaient ainsi trop travaillé pour être indemnisés, un chiffre record et qui a progressé fortement depuis le début de l'année.

80.000 à 90.000 PERSONNES PAR MOIS

Reste que le nombre de chômeurs en fin de droits a bien explosé en 2012 (+7,2%). En décembre, 98.000 personnes sont arrivées au bout de leurs droits à indemnisation alors qu'en 2011 ce chiffre ne dépassait pas les 90.000, selon l'Unedic. Chaque mois, en moyenne, entre 80.000 et 90.000 allocataires ne sont plus couverts par l'assurance-chômage car leurs droits sont échus.

Ces sorties sont dues au fait qu'avec l'augmentation de l'emploi précaire, de plus en plus de demandeurs entrent avec des droits plus courts, et donc plus rapidement épuisés. "La conjoncture étant mauvaise, elle permet peu de reprise d'emploi, l'arrivée en fin de droits est donc plus courante", souligne l'Unedic.

Le nombre de chômeurs bénéficiaires des minima sociaux a également explosé bien plus vite que le nombre total des chômeurs. Il y a eu 14,4% de bénéficiaires de l'allocation spécifique de solidarité (ASS) et 13,3% de bénéficiaires du RSA en plus sur un an. Deux allocations qui plafonnent à 470 euros par mois pour une personne seule et se traduisent bien souvent par une brutale perte de revenu pour les personnes concernées.

PAS DE STATISTIQUES FIABLES

La direction de Pôle emploi s'abrite derrière cette confusion de chiffres pour ne pas s'exprimer sur la réalité de la hausse des fins de droits. "Nous n'avons pas de statistiques fiables sur l'indemnisation", avance-t-on. A cette confusion s'ajoute l'extrême complexité des règles d'indemnisation qui ne facilitent pas toujours la vie des intéressés. Djamal Chaab, le chômeur qui s'est immolé à Nantes, n'avait pas compris pourquoi il ne pouvait pas percevoir son indemnisation malgré le fait qu'il estimait avoir assez travaillé.

Autre écueil : les dossiers de constitution de demandes de l'ASS et du RSA ne sont pas plus simples. Pour obtenir l'ASS, il faut ainsi retracer ses dix dernières années de carrière et retrouver toutes les pièces justificatives qui vont avec. Pour le RSA, Pôle emploi renvoie les bénéficiaires potentiels vers les CAF ou les conseils généraux. Dans les deux cas, les procédures peuvent durer plusieurs semaines alors qu'elles concernent des chômeurs qui sont à l'euro près.

(Source : Le Monde)

Lire aussi :
Articles les plus récents :
Articles les plus anciens :

Mis à jour ( Samedi, 16 Février 2013 15:49 )