Retraites : 100.000 chômeurs supplémentaires pour l'Unedic

Jeudi, 20 Octobre 2011 02:22
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Le report de l'âge légal de départ à la retraite se traduira par près de 100.000 départs en moins cette année, a annoncé, guillerette, la Caisse nationale d'assurance vieillesse.

Selon la CNAV, en 2011, le nombre de départs est passé en dessous de la barre des 650.000, soit près de 100.000 de moins qu'en 2010. La baisse va se poursuivre en 2012, mais un pic de 725.000 départs est attendu en 2014 à cause du décalage prévu par la réforme Woerth/Fillon : en effet, la génération 1952 doit partir à 60 ans et 8 mois, la génération 1953 à 61 ans (soit en 2014), et les générations 1956 et plus à 62 ans.

C'est tout bénef pour la CNAV...

On le sait, la réforme des retraites de 2010 recule les bornes d'âge de 60 à 62 ans d'ici 2018 pour l'âge légal de départ, avec l'obligation d'avoir cotisé 41,5 ans soit 166 trimestres, à partir de la génération 1955. De même, l'âge du taux plein à partir duquel un assuré peut recevoir une pension sans décote même s'il n'a pas assez cotisé, passera à 67 ans d'ici 2023.

Du coup, la CNAV estime que la réforme permettra l'amélioration de son solde de 1,7 milliard d'euros en 2012, et 5,1 milliards en 2015. Selon les prévisions, son déficit cumulé serait de -5,8 milliards en 2012, puis se stabiliserait à -5,9 milliards en 2013 pour baisser progressivement à -4,6 milliards en 2015 : bref, c'est une bonne nouvelle.

... Mais pas pour l'Unedic !

Par un système de vases communicants, cette réforme scélérate ayant eu pour but d'habiller Pierre en déshabillant Paul, c'est l'assurance chômage qui supportera le coût de l'indemnisation des seniors dont les entreprises ne veulent pas et qui pointeront plus longtemps à Pôle Emploi, y compris ceux qui ont suffisamment cotisé.

A cela il faudra ajouter les nouveaux entrants sur le marché du travail, toujours plus nombreux, sachant que, faute d'une croissance suffisante, les maigres créations d'emplois ne pourront les absorber.

Pour rappel, le déficit cumulé de l'Unedic devrait dépasser 11 milliards à la fin de l'année. Les effets réels du passage à 60 ans et 4 mois de l'âge minimal légal au 1er juillet ne pouvant être connus que début 2012, l'organisme n'est, pour l'instant, pas en mesure de chiffrer le montant de l'ardoise… qui risque d'être salée. L'Unedic, pour l'instant notée "AAA" par l'agence de notation FitchRatings, devra bientôt et à nouveau se tourner vers les marchés financiers.

Conséquence : la prochaine convention Unedic, qui sera renégociée fin 2013, ne manquera pas de répercuter ces nouveaux paramètres en réduisant drastiquement les droits des chômeurs.

SH

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